Contraindre un enfant à faire un câlin reviendrait à violer son consentement
Forcer un enfant à faire un câlin ou un bisou n'est, certes, pas un viol, mais serait un non-respect de son consentement. Voilà une nouvelle qui bouscule nos coutumes et habitudes de politesse, pourtant bien ancrées.
Écrit par Elodie Josserand le
"Fais un bisou à tata !" Qui n'a jamais été confronté à cette situation, où un adulte contraint un enfant à faire un câlin, ou un bisou ? Un bisou en guise de remerciements ou pour dire bonjour, au risque de susciter des pleurs. Pourtant, forcer un tel comportement, c'est enfreindre son consentement, voici pourquoi.
Le consentement, on en parle exclusivement dans les rapports sexuels. Pourtant, le concept n'est pas réservé à la sexualité. Alors qu'on commence à l'enseigner aux enfants dès le plus jeune âge, qu'en est-il de la place du consentement même des enfants ?
Apprendre à l'enfant le consentement en respectant le sien
Dire "non", dire "oui", consentir à quelque chose, on le fait tous, tous les jours, pour des choses parfois anodines. Un enfant, sous prétexte qu'il est enfant et qu'il doit obéir à l'autorité des adultes n'a pas le droit de dire "non".
Même si cela peut sembler innocent, forcer un enfant à faire ne serait-ce qu'un simple câlin ne l'est pas et peut avoir des conséquences psychologiques importantes sur nos enfants. Et cela paraît logique, quel individu apprécierait qu'on le contraigne, parfois par la force, à saluer telle ou telle personne avec un geste intime ? Surtout lorsque l'enfant en bas âge n'en voit probablement pas l'intérêt.
Pour aller encore plus loin, ce comportement de la part d'un adulte peut créer une confusion chez les enfants. Il peuvent se mettre à penser qu’il est normal que les adultes les touchent sans leur demander leur permission. Or dans le contexte actuel, avec la libération de la parole au sujet de l'inceste initiée par#Metooinceste, on constate que ce crime est bien plus présent dans notre société qu'on ne l'imagine. L'enfant doit savoir dès son plus jeune âge ce qu'il est permis de faire avec son corps, et ce qui ne l'est pas.
La politesse en guise de justification
L'enfant se met à pleurer pour exprimer son désaccord. Mais ce n'est pas grave, ce sera toujours moins grave que de subir les reproches du reste de la famille. Dans notre culture et notre éducation, un câlin de la part d'un enfant est un signe de politesse tellement ancré qu'on ne l'a jamais remis en question. Pourtant, à l'heure où faire la bise est défendu en raison des gestes barrière, il apparait que ce n'est pas un geste essentiel pour bien vivre en société. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui ont exprimé leur soulagement depuis qu'ils ne se sont plus obligés de faire saluer de la sorte.
Pourquoi continuer à faire croire qu'un enfant qui ne fait pas un bisou à un adulte est malpoli ? Une chose est sûre, nous sommes tous d'accord pour dire qu'embrasser sa grand-tante aux joues velues et piquantes est un véritable supplice que plus personne ne devrait avoir à subir.
Enjoy,
Les Éclaireuses