En Afghanistan, les Talibans réduisent désormais les femmes au silence

En Afghanistan, les Talibans ne se contentent plus d'interdire aux femmes l'accès à l'éducation, aux loisirs ou même à dévoiler leur visage. Désormais, ils leur imposent aussi de garder le silence.

Écrit par Alice Legrand le

Plus de trois ans après le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan, le droit des femmes est toujours quasiment inexistant et continu d'être restreint. Après avoir interdit l'accès à l'éducation pour les filles, supprimé les séries où les femmes apparaissent à la télévision et fermé les salons de beauté du pays... Les femmes doivent de nouveau faire face à une nouvelle interdiction, la plus basique : celle de parler dans l'espace public.

Les filles et les femmes sont prises pour cibles dans ce gouvernement persécuteur et sont absolument invisibilisées et bannies de l'espace public.Celles qui osent se rebeller, en dénonçant des figures politiques, disparaissent comme par magie... se faisant probablement torturer ou tuer. Si le régime taliban afghan imposait aux filles et aux femmes de couvrir leur visage dans l'espace public, elles sont désormais sommées de se taire.

À leur arrivée au pouvoir, les Talibans avaient promis de ne pas impacter le droit des femmes. Pourtant, le gouvernement semble avoir oublié cet engagement et pousse aujourd'hui le pays dans ses plus sombres retranchements.

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Une interdiction qui découle de la mise en place d'une nouvelle loi en Afghanistan

À coups de décrets et de lois, la vie des Afghanes est en train d'être placée légalement sous le contrôle des Talibans. La semaine dernière, nouveau coup de massue pour celles et ceux qui luttent pour le droit des femmes, aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'international. Untexte de 114 pages vient de rentrer en vigueur et ce n'est évidemment pas en faveur de la gent féminine.

Au programme, faire taire les femmes (tout simplement), en leur interdisant de chanter, de réciter un poème ou même de lire à voix haute en public. En s'opposant à toute prise de parole dans l'espace public de la part des femmes, les Talibans - qui prônent une interprétation ultra-rigoriste de la charia (une loi islamique) - marquent une nouvelle étape dans la répression de leurs droits et de leurs libertés.

Plusieurs articles de la loi concernent - encore et toujours - la tenue vestimentaire, expliquant aux femmes comment couvrir entièrement leur corps afin d'éviter de tenter les hommes. S'ajoute également une interdiction de se maquiller ou de se parfumer... Mais aussi de regarder les hommes avec lesquels elles ne sont pas liées par le sang ou par le mariage.

De plus en plus de restrictions et de sanctions qui alarment la communauté internationale

Depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021, la situation est plus que préoccupante dans le pays. La question de la liberté des femmes dans le pays inquiète de plus en plus au sein des grandes institutions comme l'ONU, qui qualifie la situation "d'apartheid de genre". Rien que ça. D'autres associations, comme Amnesty International en ont fait également un combat majeur.

Dans le pays, ces interdictions ne sont pas nouvelles : elles étaient déjà informelles depuis quelques mois ou années pour certaines. Mais le fait de les rendre officiels rend la situation encore plus préoccupante, car ces restrictions entraînent des sanctions encore plus graves et surtout systématiques. Des avertissements verbaux aux amendes, en passant par la menace ou la détention, la police des mœurs (autrement appelée Ministère de la propagation de la vertu et de la prévention du vice) n'a pas prévu de chômer.

La liberté de la presse est également largement compromise, avec une interdiction pour les médias de publier "des contenus hostiles à la charia et à la religion" ou "qui montrent des êtres vivants". Cependant, cette médiatisation est primordiale pour faire état de la situation gravissime du pays.

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