Le syndrome du main character : pourquoi on a tous peur d’être un PNJ ?
Qui n’a jamais voulu être la vedette de son propre film ? Ce petit délire narcissique est devenu un vrai phénomène. Mais à force de jouer les premières rôles, on finit par se perdre dans le scénario, non ? (Spoiler : oui.)
Écrit par Erine Viallard le

Qui ne s'est jamais cru dans un film, avec des caméras invisibles ? Ne mentez pas, on le fait tous et parfois inconsciemment. Ça s'appelle le main charater syndrome. Un syndrome oui. Même si les réseaux sociaux le vendent comme une énième tendance à coup de hashtag, se voir et agir comme la star de sa vie, ce n'est pas si sain. Ici, on se pose de vrais questions sur le sujet.
Pourquoi on veut tous maladivement briller et quels en sont les dangers ?
@javelllynton Home…I’m going home ✨
♬ Big Little Lies (TV Theme) - Voidoid
Le syndrome du main character, quézaco ?
Le syndrome du main character a été popularisé par... TikTok. Dans la masse de micro tendances lancées suir la plateforme, ce concept peut sembler anodin au premier abord - mais en fait, pas tant que ça.
Chaque instant du quotidien, qu’il soit insignifiant ou marquant, devient une scène à magnifier. Un trajet en métro ? Une séquence introspection, avec le regard dans le vide et une musique intense dans les oreilles. Un brunch entre copines ? Pourquoi ne pas transformer ça en une scène de Sex and The City ? Tout doit être esthétique, mis en scène, amplifié : filtres, musiques… Comme si la vraie vie, brute et sans artifices, ne suffisait pas.
Mais derrière cette tendance, il y a un véritable culte du self-care et du développement personnel. "Avoir la meilleure des vies" devient un mantra, presque une injonction. Être l’actrice principale, c’est aussi afficher une image de soi impeccable, inspirante, maîtrisée à 100%. Un idéal qui finit par virer à l’obsession.
Au départ, ce phénomène semblait sain car ce n'est qu'une manière de prendre soin de soi, de penser à soi ou de s'affirmer. Mais rapidement, cela peut se transformer en un piège narcissique.
@stinasanders It’s me, hi…I’m the problem it’s me. #maincharacter#narctok#toxicfriend♬ Sex And The City - Main Theme - Geek Music
Pourquoi vouloir être au centre de l’histoire ?
Les réseaux sociaux ont complètement transformé la manière dont on se perçoit. Avant, on partageait un moment de sa vie. Aujourd’hui, on la scénarise. Tout est une question de storytelling : les couleurs, l’angle, la musique de fond… On ne se contente plus de vivre, on met en scène notre quotidien... comme si un public invisible attendait d’être impressionné. Ce n'est rien de plus qu'un remake du Truman Show.
Mais soyons honnêtes : qui veut être un figurant quand il peut être la vedette ? Notre société valorise l’individualisme et la performance. Il faut briller, se démarquer, être unique. Si tu n’es pas vue, tu n’existes pas. Une logique qui pousse à toujours vouloir capter l’attention, quitte à exagérer, embellir, voire inventer une réalité qui n’existe pas. Jusqu’où est-on prêt à aller pour être "remarquable" ?
On a la réponse. Tout cela devient borderline avec la mythomanie. Car être le main character, on le sait, c’est vouloir attirer l’attention du monde entier et ce, quitte à mentir - pour sortir son épingle du jeu. Le besoin de briller devient si intense qu’on finit par construire une version déformée de soi-même. Il s’agit de devenir cette héroïne parfaite dans toutes les histoires, la meilleure dans chaque situation. On se construit des récits tellement fantasmés qu’on en oublie parfois que l’objectif est d’être validée et admirée par les autres. Ce besoin constant de plaire et de se sentir exceptionnelle peut conduire à une quête insatiable de reconnaissance, jusqu’à se perdre dans un mensonge permanent pour obtenir des acclamations.
Les dangers de ce syndrome
Ce syndrome du "main character" cache des dangers psychologiques réels. À force de se voir comme l’unique héroïne, on perd la capacité d’empathie. Quand vous vivez dans votre bulle, où tout doit tourner autour de vous, vous oubliez les autres, leurs ressentis, leurs besoins. Manquer d’empathie devient une conséquence directe de ce mode de vie hyper-individualisé.
Cela peut amener à développer des troubles psychologiques. Les personnes qui n’ont pas une forte estime d'eux-même ou qui manquent de liens sociaux solides sont particulièrement vulnérables à cette spirale. Elles peuvent se retrouver à s’inventer une vie fictive pour compenser un mal-être intérieur. C’est une forme d’évasion, mais aussi un signe qu’il y a quelque chose qui cloche dans leur réalité.
Ce besoin constant de briller peut entraîner une perte de contact avec la réalité. Cette quête incessante de perfection finit par masquer la réalité de la vie. À un moment, on peut se perdre dans cette fiction qu’on crée, oubliant les moments simples et authentiques qui font la richesse de notre existence. Et là, le syndrome du main character devient un véritable piège mental.
Ce que ça dit de notre société
Cette obsession d’être le centre de l’attention, n’est-ce pas le reflet de notre société ? Une société où tout est hypermédiatisé et où l’image prime sur l’être.
Les plateformes comme Instagram ou BeReal encouragent cette mise en avant constante. Chaque story, chaque vidéo devient une vitrine. Il ne s’agit plus seulement de vivre, mais de le faire d’une manière "instagrammable". Le quotidien se transforme en un contenu potentiel : une sortie entre amis devient une opportunité de shooting, un café en terrasse une scène digne d’un film indépendant. Même les émotions ne sont plus naturelles : on rit pour la caméra, on pleure pour faire réagir - ou pire on se filme en train de pleurer.
@keeks.gdl Lost weight & now idk how to act #fyp#pourtoi#foryou#outfitinspo#fashiontiktok#confidenceboost#groovemastaaaaaa#keeksgdl♬ original sound - Blanc de Blancs Mami
Cette quête de visibilité permanente a un prix : celui de l’authenticité.Les moments imparfaits, ceux qui ne sont pas "postables", sont tout simplement effacés. Et cette illusion devient collective : en voyant les autres mettre en scène leur quotidien, on a l’impression qu’ils vivent mieux que nous - spoiler alerte : non.