Les féminicides sont (enfin) qualifiés de crime en Italie
En 2025, l’Italie inscrit enfin le féminicide dans son code pénal. Une avancée majeure ou un coup politique ?
Écrit par Juliette Gour le

C'est l'info déroutante du jour qui nous donne envie de crier "Ah, parce que ça ne l'était pas ?!". Il aura fallu attendre 2025 pour que le gouvernement italien qualifie le féminicide de crime dans le code pénal. Jusqu'ici, il était simplement considéré comme une variante de l'homicide avec circonstances aggravantes si l'auteur du meurtre était le mari ou avait un lien de parenté avec la victime.
Dans le nouveau projet de loi, le féminicide est désormais un crime passible d'une peine allant jusqu'à la perpétuité. Cette loi est une réponse à la situation italienne, qui a enregistré 113 féminicides en 2024.
Un électrochoc provoqué par 'Il reste encore demain' ?
La société italienne est encore particulièrement marquée par les inégalités de genre, mais il est possible que cette loi soit une réponse aux mouvements contestataires de ces dernières années, qui ont mis en lumière la situation des femmes italiennes. Le film Il reste encore demain, pensé comme une critique des schémas familiaux traditionnels en Italie, a particulièrement marqué l'opinion publique et il est possible qu'il ait eu un impact sur l'avancée des débats concernant les violences faites aux femmes.
Une prise de conscience plus que nécessaire, dans un pays où 40% des femmes de moins de 26 ans estiment que les relations amoureuses les exposent à plus de violence (selon l'ONG Terre des hommes Italia).
Une récupération politique du gouvernement ?
Si cette inscription est une bonne nouvelle évidente, elle fait néanmoins grincer des dents les partis de l'opposition en Italie. Giorgia Meloni, l'actuelle première ministre, s'est félicitée de cette avancée pour les femmes italiennes. Mais pour le Parti Démocrate (centre gauche), cette prise de position sert d’outil politique et dissimule la véritable cause du problème : "Les féminicides et les violences liées au genre sont des phénomènes culturels liés au déséquilibre entre hommes et femmes et aux modèles sociaux [...] marqués par un patriarcat qui persiste encore."
Le même parti déplore également une réponse purement pénale. Cette dernière devrait idéalement être accompagnée d'un aspect préventif pour changer la perception des genres dans la société italienne.