Prostitution cachée : le gouvernement déclare la guerre aux salons de massage suspects

Le gouvernement passe à l’action pour fermer des salons de massage suspects - censés dissimuler de la prostitution. On vous dit tout.

Écrit par Erine Viallard le

Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé le lancement imminent d’une circulaire visant à contrôler les salons de massage et à fermer ceux qui serviraient de façade à des réseaux de prostitution.

Une initiative qui s'inscrit dans une volonté de lutte renforcée contre l’exploitation sexuelle en France.

Une chasse aux établissements clandestins

Dans une interview accordée au Parisien, la ministre a dévoilé les grandes lignes de ce dispositif qui prendra la forme d’une "circulaire interministérielle" et sera appliqué "d'ici quelques jours". Et ce, avec le ministre de l'Intérieur et le garde des Sceaux qui donnera l'instruction à la police, la gendarmerie et le comité opérationnel départemental antifraude CODAF, "de contrôler, d'agir et de fermer ces salons". Le but ? Renforcer les contrôles sur ces établissements pour mettre un terme aux dérives prostitutionnelles qui s’y cachent derrière une vitrine wellness.

L’association Zéro Macho, qui milite contre le système prostitutionnel, a recensé 426 salons suspectés de telles pratiques rien qu’à Paris. Un chiffre qui témoigne de l’ampleur du phénomène. "On ne peut pas accepter qu'au cœur de nos villes on fasse du racolage avec des visages d'enfants avec de prétendus massages", a dénoncé la ministre - s’appuyant sur un exemple frappant, celui d'une publicité affichant une adolescente en sous-vêtements pour un salon de massage.

Pour elle, ces établissements sont bien plus qu’un simple problème de fraude commerciale, ils participent directement à "la traite d’êtres humains".Aurore Bergé est définitive, elle fera en sorte de fermer "100% des salons de massage qui sont de faux nez permettant la pratique de la prostitution et de l'exploitation sexuelle en France".

Une politique de tolérance zéro et une aide pour les femmes

Pour atteindre cet objectif, plusieurs outils seront mobilisés : renforcement des contrôles fiscaux, vérification des conditions de travail et d’hébergement, lutte contre le travail dissimulé. En clair, il s'agit d'une offensive à plusieurs niveaux pour rendre ces établissements inopérants. Et "il n'y aura aucune tolérance", a insisté Aurore Bergé.

Si la répression est un axe fort, l'accompagnement des femmes concernées est également une priorité. La ministre rappelle que celles qui exercent dans ces salons sont avant tout des victimes - souvent exploitées et sous pression de réseaux. "On les soutiendra financièrement, on les orientera vers des associations en mesure de les accompagner et de les réinsérer", a-t-elle précisé.

Et si la fermeture des salons déplaçait juste le problème ?

Si la volonté d’Aurore Bergé de s’attaquer à ces réseaux est saluée, des voix s’élèvent pour souligner les limites de cette approche. Certes, l’objectif est de lutter contre l’exploitation sexuelle, mais que deviennent les travailleuses du sexe concernées ? Certaines associations craignent qu’en supprimant ces salons sans proposer de solutions viables, on ne fasse que les précariser encore plus. Car fermer des établissements ne signifie pas mettre fin à la prostitution, cela risque juste de déplacer ces activités vers des lieux encore plus discrets - et encore plus dangereux.

Le combat contre l’exploitation sexuelle ne peut pas se résumer à des fermetures administratives. Il nécessite une prise en charge globale des victimes - et une vraie politique de prévention. Il faut du concret comme un accompagnement social, des alternatives économiques et surtout une protection renforcée. Sans cela, cette circulaire pourrait bien n’être qu’un coup d’épée dans l’eau. Reste à voir si cette offensive gouvernementale apportera de réels changements - ou si elle ne fera que masquer temporairement le problème.