Anatomie d’une icône : Comment la star girl Lana Del Rey est devenue une tendance à elle seule ?
Ce 21 juin, l’artiste Lana Del Rey souffle ses 39 bougies. À ses 26 ans, elle apportait un tout nouveau souffle créatif dans l’industrie de la pop. Icône des icônes, muse et lanceuse de tendances, celle qui se fait appeler star girl n’a pas fini de briller.
Écrit par Téa Antonietti le
Lorsque l’on tape “Lana Del Rey aesthetic” dans la barre de recherche Pinterest, on tombe sur des milliers d’épingles, entre mégots de cigarettes aux traces de rouge à lèvres, rubans et pâquerettes dans les cheveux, dentelle, cygne, cerise et drapeau de l’Amérique. À elle seule, Lana Del Rey incarne le mythe de la star girl mélancolique, à la croisée des chemins entre une pin up fantasmée et une indie rock désenchantée. Véritable girl next door qui symbolise le charme d’un cœur brisé, la Cité des Anges rétro en toile de fond, la chanteuse a tout d’une étoile de cinéma des années 1950 en chute libre, scandaleusement glamour.
Si dans la pop musique, des figures comme Beyoncé prônent l'empowerment féminin, Lana Del Rey prend son contre-pied, cultivant un air de fille abîmée par des bad boys mal intentionnés. Entre la sortie de son premier single Video Games en 2011 à son dernier album Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd en mars 2023, ses paroles désabusées et ses mélodies romantiques exercent une aura magnétique à l’international. Ambassadrice d’une tendance coquette core qu’elle inspire par son essence, égérie Skims pour une Saint-Valentin à coeur perforé, look de Mère Nature victorienne au Met Gala, visage d’un sadcore hollywoodien qui a inspiré Billie Eilish et Olivia Rodrigo… Lana Del Rey est sur toutes les lèvres contourées. Retour sur l’influence de l’icône phénomène.
Elle a inspiré la tendance coquette core
Certainement la tendance qui a le plus habillé la sphère mode en 2023, le coquette core noue les cool girls à une esthétique girly, romantique à souhait. L’ambition ? Mettre plus de rubans dans nos vies et développer une obsession pour tout ce qui est rose et mignon. Derrière ce rassemblement massif de dentelle, satin, vichy, ballerines, pastel et volants, se cache les dures facettes d’une féminité douce. L’illustration parfaite est le film Virgin Suicidesde Sofia Coppola, portrait des sœurs coquettes qui rêvent d’histoires à l’eau de rose mais sont en réalité dépressives et suicidaires.
Lana Del Rey est l’ambassadrice de cette tendance d’apparence adorable, à la symbolique profonde. Son style mi-Pin Up glamour mi-lolita romantique façon Priscilla Presley s’allie avec des thématiques sombres à son sujet, entre dépendances à l’alcool, amours toxiques et addiction à la tristesse. Séduits par la tendance, les internautes et utilisateurs Tik Tok empruntent ses titres, de Born to Die à Summertime Sadness pour faire des montages de jolies filles en chute libre. Lana Del Rey est so coquette.
Lana Del Rey, culte de la sad girl, du niche à Kim Kardashian
Lorsqu’elle est révélée avec son single Video Games qui dépasse aujourd’hui le milliard d’écoutes, à l’époque, son clip filmé au Super 8, les colines hollywoodiennes en noir et banc et les images à grain de bikeuses frivoles sur des routes américaines lui attribuent un charme indépendant. Pop culture alternative et mystérieuse, Lana Del Rey est niche et cultive une aura de sad girl associée à une Californie désenchantée. Inspirée du folk, de lyricistes dépouillés et d’histoires de stars mortes jeunes résolument glamour, la chanteuse introduit le phénomène du Hollywood Sadcore, qui se retrouve aujourd’hui dans l'œuvre de Billie Eilish, Lorde ou encore Olivia Rodrigo.
Cette sad girl qu’est Lana Del Rey, c’est cette jeune illusionniste issue d’une famille middle class qui sombre dans l’alcool à 13 ans, et découvre le chant dans le pensionnat où elle est envoyée de force. Un ange déchu à qui la musique a redonné des ailes pour voler. Cette poésie mélancolique qui lui sert de biographie, devient un outil marketing de taille pour le phénomène devenu mainstream. La preuve avec la business woman Kim Kardashian qui l’a fait égérie de sa collection Saint-Valentin Skims, sa griffe de shapewear. Larme de tristesse cristallisée qui ne trahit pas son mythique trait d’eye liner, flèche droit dans le cœur puisque le rouge sang rappelle un sens de l’amour douloureux… La campagne de la capsule, imaginée par la brillante Nadia Lee Cohen, autre nostalgique d’une Amérique rétro et transgressive, conjugue le niche de la sad girl avec business mainstream façon Kardashian.
Un rapport à la mode très ambigu mais toujours glamour
Source d’inspiration sur tous les fronts, Lana Del Rey est une icône de mode à sa façon. Au MET Gala 2024, elle apparaît dans une sublime création archive en tulle signée Alexander McQueen avec des branches dans les cheveux, calquée avec son image d’éternelle romantique qui aurait pu écrire des lettres d’amour à l’ère victorienne. D’un autre côté, le négligé l’emporte sur la couture, comme lorsqu’elle renonce à un portant de robes de créateurs pour aller s’acheter une tenue au centre commercial à l’occasion de la cérémonie des Grammys, casual.
Ce qui est formidable avec le style désintéressé de Lana Del Rey, c’est qu’elle est une prêtresse coquette d’une autre époque sur scène, tandis qu’elle arbore au quotidien des jeans skinny mal coupés. Une relation à la mode à double tranchant, qui ne manque pas de susciter l'admiration de ses enthousiastes, elle qui n’a jamais cherché à se prendre au sérieux… Un peu comme lorsqu’elle enchaîne les cigarettes au micro en plein concert. Un sens du nonchalant glamour qui inspire la sphère fashion, bon nombre de défilés de créateurs voient leurs silhouettes rythmées par la mélodie de sa discographie, pour cultiver le fantasme de mannequins au regard effronté…
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