74 % des françaises se privent d’aller à la plage pendant leurs règles

Il n'y a pas que nos règles qui sont douloureuses pendant nos périodes de menstruations. Le regard que porte la société sur ce sujet et les tabous qui l'entourent font tout aussi mal.

Écrit par Marie Ordioni le

Nous sommes nombreuses à avoir des règles douloureuses. Près d’une femme sur deux, plus exactement, selon une enquête réalisée en 2021 par l’IFOP. On a mal au ventre. Au dos. Quand ce n’est pas tout notre corps qui souffre. On a qu’une envie, c’est s’enfermer, en boule sur notre lit… Jusqu’à ce que cela cesse.

Car en plus de ne pas être au top physiquement parlant, mentalement, ce n’est pas vraiment la joie non plus. 81 % des femmes déclarent être fatiguées durant cette période, être plus irritables - 71 % -, ou encore, mal dans leur peau - 59 % -. Pendant une semaine, notre moral et notre énergie sont à zéro et ce, malgré tous les efforts opérés pour les rebooster.

Et comme si cela ne suffisait pas, on est loin d’être les seules à ne pas être en paix avec les menstruations… Et on ne parle ici pas des femmes, mais de la société. En effet, autour de nous, rien n’est laissé de sorte à ce que l’on apprenne à vivre avec notre cycle menstruel et ce, même quand celui-ci est lourd à porter. Preuve en est : on est 74 % à mettre notre été entre parenthèses et cesser d’aller se baigner lorsqu'on a nos règles.

Les règles, barrière à notre été

Bien que la parole au sujet des menstruations se libère de plus en plus et qu’il y ait de moins en moins de tabou autour de ce thème, il constitue malheureusement toujours un problème. On parle enfin protections hygiéniques gratuites et congés menstruels, certes, mais le combat n'est pas prêt d'être gagné.Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 74 % des femmes se sentent empêchées de se baigner pendant leurs règles selon une étude réalisée par l’IFOP pour Intima, en 2021. 65 % ne se mettent même pas en maillot de bain par peur de "l’accident".

Et cette peur ne concerne pas que la plage, puisque 57 % des femmes cessent de pratiquer des activités sportives à cause de cette même crainte, de douleur ou d’une protection non-adaptée.

Un sentiment d’exclusion sociale

Et si l’on s’en fait autant une angoisse, c’est par ce que dès nos premières règles, on nous apprend à les dissimuler. À ne pas en parler. Et surtout, se faire discrète si on souhaite se changer. "Les femmes cachent encore leurs protections hygiéniques pour se rendre aux toilettes et, alors que les distributeurs de préservatifs sont courants, ceux de protections hygiéniques commencent à peine à peupler l’espace public.", constatent les auteurs de l’enquête. On a ainsi développé différentes combines pour les camoufler : on cache nos protections dans nos poches ou nos manches pour aller se changer aux toilettes - pour 83 % d’entre nous - ou dans les lieus publics - 74 % -, on garde nos protections usagées avec nous, faute de trouver un lieu approprié pour les jeter - 64 % -… Autant de techniques qui nous paraissent aujourd’hui banales, mais sont pourtant - très - loin de l'être.

Et si on fait tout ça, c’est parce qu’on se sent encore à l’écart des autres. En marge de la société par rapport à ce sujet. 46 % des femmes ont déjà eu le sentiment que la gêne ou la douleur de leurs règles étaient sous-estimées par leurs amis hommes, et 42% par des membres masculins de leur famille. Comme si les douleurs physiques et mentales causées par notre cycle menstruel ne suffisait pas, il faut que le monde en rajoute une couche.

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