L’IA, la prochaine grande menace des femmes dans le monde du travail ?
Déjà que l'IA mettait les femmes en danger, voilà qu'elle s'attaque à leur domaine pro (déjà bien pas fameux, on le sait). D'ici peu, les intelligences artificielles pourraient dévaloriser les femmes sur le marché du travail. For real ?
Écrit par Erine Viallard le

L'intelligence artificielle (IA), c'est l'avenir, paraît-il. Mais à y regarder de plus près, l'IA pourrait bien être la prochaine grande menace pour les femmes dans le monde du travail.
Ce lundi 10 février, lors du sommet sur l’IA à Paris, le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT) a informé que l’automatisation des emplois provoquée par l'IA risque de creuser encore davantage les inégalités entre hommes et femmes.
Si on en croit les experts, ça fait peur. Preuve à l’appui : les recrutements automatisés, les biais invisibles, mais bien réels, et une tech dominée par les hommes... Alors l'IA est-elle un levier de progrès, ou une bombe à retardement pour les droits des femmes au travail ?
Les dangers de l'IA biaisée
Loin d’être aussi neutre qu’on pourrait le penser, l’IA a bien tendance à renforcer les biais de genre déjà bien ancrés dans nos sociétés. Prenons l'exemple du recrutement automatisé, censé éliminer les préjugés. En réalité, il amplifie des stéréotypes sexistes. L’Organisation internationale du travail alerte : une large part des emplois les plus susceptibles d’être automatisés sont occupés par des femmes. Les secteurs comme l'administration, la vente ou le service à la personne, qui emploient majoritairement des femmes, sont les plus vulnérables. Ces métiers, souvent précaires et mal rémunérés, risquent de disparaître, laissant peu d'options aux femmes. Et si ces emplois sont balayés, l’écart entre les sexes risque de se creuser davantage.
Et ce n’est pas tout : les systèmes d’IA utilisés pour le recrutement ou l’évaluation de la performance sont souvent conçus pour favoriser des profils masculins, correspondant aux normes de réussite traditionnelles. Résultat, les femmes, notamment celles issues de minorités, sont encore plus mises à l’écart. L’IA, loin de réduire les inégalités, pourrait au contraire les renforcer.
L'IA, un job killer ?
Si l'IA risque de supprimer certains emplois, elle en crée aussi de nouveaux. Selon l’OIT, elle pourrait impacter environ 75 millions de postes dans le monde, soit 2,3 % des emplois. Mais attention : ces nouveaux métiers, bien que nombreux, risquent d’être moins rémunérés et moins protégés. Et comme souvent, ce sont encore les hommes qui occupent une grande majorité de ces nouveaux postes. Alors l’intelligence artificielle, loin de résoudre les inégalités, pourrait bien en amplifier d’autres...
Cela dit, ce n’est pas une fatalité. L’IA pourrait aussi être une véritable opportunité pour les femmes, si elles choisissent de se former aux métiers de demain et de se lancer dans des secteurs en pleine expansion. Mais il faut agir vite, car celles qui resteront à l’écart risquent de perdre plus que les hommes dans cette transformation.
En bref, l’intelligence artificielle représente un tournant décisif pour l’avenir du travail, mais à quel prix ? Si elle est mal intégrée, elle risque de renforcer les inégalités de genre existantes, avec des emplois précaires supprimés et des stéréotypes amplifiés. Cependant, tout n’est pas perdu. Il est impératif de saisir cette occasion pour réécrire les règles du travail, et veiller à ce que l’IA devienne un outil d’égalité, plutôt qu’un facteur de division.