Le sucide devient pour la première fois la cause numéro une de la mortalité maternelle

Une récente étude menée par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) révèle que la première cause de mortalité maternelle est désormais le suicide, devant les maladies cardiovasculaires.

Écrit par Alice Legrand le

"Le suicide devient la première cause de mortalité maternelle considérée jusqu’à un an après la fin de la grossesse".

L'Inserm et Santé Publique France viennent de sortir une nouvelle étude sur les décès des mères en France entre 2016 et 2018, et le constat est bien triste. Le taux de mortalité maternelle reste constant depuis plusieurs années, avec pendant ces deux ans un total de 272 morts (soit une tous les 4 jours), mais la cause évolue.

Cela montre une problématique encore plus profonde :les femmes qui vivent mal leur post-partum sont de plus en plus nombreuses, et il est important d'en parler.

Le suicide devient la première cause de mortalité maternelle

C'est la septième fois que l'étude est menée, mais c'est la première fois que la cause première de mortalité concerne le suicide et autres causes psychiatriques. Elle représente 17% des décès, alors que les maladies cardiovasculaires en représentent 14%. Avant, la principale cause était uniquement médicale, avec les maladies cardiovasculaires, mais maintenant, le risque est également psychiatrique.

D'après le dernier rapport de l'Inserm, "la santé des femmes enceintes dépasse la sphère strictement obstétricale". On ne parle désormais plus trop de mortalité à la suite d'hémorragies qui surviennent pendant ou après l'accouchement, car son risque a été réduit de moitié en 15 ans. C'est une bonne nouvelle pour les femmes, et les chercheurs concluent : "Globalement, 60 % des décès maternels sont considérés comme évitables, alors une diminution de la mortalité maternelle est possible et doit être obtenue".

Un risque de mortalité inégal selon les territoires et les milieux sociaux

La France "se situe dans la moyenne des pays européens", explique l’Inserm. Mais au sein du même pays, les inégalités sont nombreuses. Évidemment, les décès lors de l'accouchement ne touchent pas la majorité des femmes.

Mais la mortalité double dans les territoires d'Outremer, ainsi que chez les femmes migrantes, dont la mortalité est deux fois plus importante que pour les natives de France. L'âge, la corpulence et le milieu social ont également leur impact sur les statistiques des décès.

Le post-partum, un moment difficile pour de nombreuses femmes

Être triste et avoir le sentiment d'être une mauvaise mère quand on vient d'avoir un enfant, c'est ce qu'on appelle la dépression post-partum. Une étude menée en 2021 par OpinionWay pour Qare montre qu'elle touche 30% des mères et 18% des pères, et que seules 22% des mères avouent avoir bien vécu leur post-partum.

Si l'on souhaite diminuer les risques de mortalité maternelle, il est donc important de prendre le taureau par les cornes. Ou autrement dit, mettre en place davantage de campagnes de prévention et de dépistage. Pour éviter les suicides par exemple, les experts sont formels : il faut que "les facteurs de risque (personnels et familiaux) de dépression périnatale doivent être connus des professionnels et recherchés tout au long du suivi de la grossesse et du postpartum".

Si le corps médical doit parler de la dépression périnatale et surveiller le bien-être mental des futures et jeunes mères, les réseaux sociaux ont aussi leur rôle à jouer. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à témoigner des difficultés qu'elles ont rencontrées, et cela montre aux autres femmes qu'elles ne sont pas seules, et qu'il est possible de s'en sortir.

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