Pression, responsabilités, répercussions… Qu’est-ce que le syndrome de la fille aînée ?
On dit souvent que notre ordre de naissance dans notre fratrie à des répercussions sur nous et ce, pour la vie. Exposé à de multiples pressions, le premier enfant est enclin à développer 'le syndrome de la fille aînée'.
Écrit par Marie Ordioni le
Chaque famille est unique. Membre d’une famille recomposée ou fille d’un couple marié depuis des années, unique fils au milieu de triplées ou sœurs jumelles, enfant unique ou frère d’une grande fratrie… Oui, chaque famille est unique. Ses liens et son fonctionnement aussi.
Néanmoins, il existe des schémas auxquels très peu d’entre nous arrivent à échapper. Comme le fait que l’ordre de naissance dans une fratrie puisse nous impacter. Aîné, cadet, benjamin… C’est un fait : notre ordre de naissance influe bien plus sur notre personnalité qu'on ne le pense, et cause bien plus de troubles psychiques qu’on ne veut bien croire.
C’est particulièrement le cas pour le premier enfant. Autorité parentale excessive, place centrale au sein du foyer, responsabilités de taille… Dès son plus jeune âge et pour toujours, l’enfant aîné, et plus particulièrement la fille, encaisse énormément de pressions. Pressions qui ne sont évidemment pas sans conséquences… Il s’agit du ‘syndrome de la fille ainée’. On décrypte.
Le crash test des parents
Être le premier enfant, en théorie, c’est cool. On est l’unique durant un certain temps,on est gâté, notre famille n’a d’yeux que pour nous… Oui, en théorie, c’est cool. Le problème, c’est que dans ‘premier enfant’, il y a ‘premier’. Et qui dit ‘premier’, dit ‘découverte’. Être le premier enfant, c’est donc, avant tout, être celui avec qui nos parents goûtent aux joies de la parentalité.
Ainsi découle, de cette situation, une très lourde pression. Sur les épaules des géniteurs, qui ne savent pas par où commencer ni comment se comporter. Et sur celles des enfants, qui doivent nous adapter à leurs choix - souvent soudains - et leurs multiples changements de direction au sujet de notre éducation. Histoire de ne pas se tromper, les jeunes parents vont, en plus, plus avoir tendance à serrer la vis et être stricte avec leur première progéniture qu’avec les suivants.
Autre élément important : l’arrivée du second. Cet événement va marquer un tournant dans la place qu’occupe l’aîné dans la famille. Il n’est plus simplement ‘l’enfant’, il devient ‘le frère/la sœur’. Il va maintenant devoir aider ses parents à gérer cette nouvelle arrivée, qu’il s’agisse d’éducation comme d’organisation au sein du foyer. Autant de comportements qui vont directement l’impacter, et se répercuter dans le temps.
La place de la femme dans la société
Qu’importe son genre, l’aîné ne peut pas y échapper : il est le ‘crash test’ de ses parents. Cependant, les filles vont souvent davantage ressentir cette pression sur leurs épaules que les hommes. Il s’agit du ‘syndrome de la fille aînée’. Un phénomène que Michelle Elman, coach de vie, explique par un schéma propre à notre société dans une interview livrée à Ça m’intéresse : "Les femmes, même lorsqu'elles sont enfants, sont censées s'occuper davantage des autres que les hommes, qu'il s'agisse de s'occuper de leurs jeunes frères et sœurs ou d'un membre de la famille souffrant d’un handicap, en prenant en charge la majeure partie des tâches de soins."
In fine, la fille aînée doit assumer énormément de responsabilités et ainsi, de charges mentales. Bon fonctionnement du foyer, gestion administrative et médicale, communication… Elle est littéralement le pilier de la famille. La personne sur qui les autres membres se reposent, en qui ils croient, à qui ils se confient. Et ça, ça fait beaucoup, pour une seule personne. Si dans le meilleur des cas, elle arrive à faire en sorte que cette situation ne l’impact pas, c’est ce qu’il va se passer la majeure partie du temps. Burn-out, épuisement physique et mental, troubles psychiques… Les filles aînées sont alors marquées à vie.
Comment éviter cela ?
Évidemment, ce syndrome n’est pas une fin en soi. Bien que le premier enfant soit plus stressant pour les parents que les autres - dans la plupart des cas -, cette situation peut tout de même être bien anticipée puis gérée. Avant tout du côté des géniteurs. Échanger avec d’autres parents, discuter entre eux, faire en sorte de préserver leur enfant de leurs angoisses et de certaines responsabilités… Les solutions sont diverses et variées.
L’enfant aîné peut, lui aussi, intervenir. "Demandez si l'on veut votre avis avant de le donner. Les familles peuvent être un foyer d’opinions non sollicités, alors rompez ce schéma en veillant à demander avant de donner votre point de vue. Avec un peu de chance, les autres membres de votre famille se feront l'écho de vos bonnes limites et suivront le mouvement.", suggère la spécialiste, toujours à Ça m’intéresse. Quoi qu’il en soit et du côté d'un partie comme d'un autre, la communication est toujours la clé.