Victime d’un viol en 2016, cette belge de 50 ans obtient l’autorisation d’être euthanasiée
Le droit à l'euthanasie fait débat dans le monde entier. En Belgique, une femme de 50 ans victime d'un viol en 2016 vient d'obtenir l'autorisation d'être euthanasiée.
Écrit par Alice Legrand le
L'euthanasie active (le fait d'abréger intentionnellement les souffrances de quelqu'un) n'est pas légale en France. Mais dans certains pays frontaliers, comme la Belgique, le Luxembourg et l'Espagne, elle est autorisée. En France, seule est autorisée l'euthanasie passive : c'est lorsque l'équipe médicale du patient décide de ne pas prendre de mesures pour prolonger sa vie (par exemple, débrancher un appareil respiratoire).
Souvent, l'euthanasie est autorisée en cas de maladie très handicapante rendant le quotidien invivable, ou en cas de maladie mortelle.
Cependant, c'est une autre raison qui a poussé ce médecin et ces deux psychiatres à donner leur autorisation pour que Nathalie Huygens, une femme de 50 ans, soit euthanasiée. Cette dernière a été victime de viol en 2016, et souffre depuis d'une souffrance psychologique qu'elle ne veut plus avoir à supporter.
Une descente aux enfers après cet évènement traumatisant
Nathalie Huygens explique au magazine belge 7sur7 que c'est après un viol quelques années auparavant que ses souffrances psychologiques sont apparues : "Les premiers jours après les faits, je pensais vraiment que j’allais surmonter cela . Je me souviens avoir dit à l’hôpital que dans quelques jours, je pourrais reprendre mon travail dans l’école où je faisais du secrétariat. Je suis une fonceuse. Me battre, c’est ce que j’ai toujours fait".
Cependant, remonter la pente a été beaucoup plus dur qu'elle ne l'imaginait. Cette mère de famille s'est retrouvée brisée : "Tout a changé. Le fait que je ne serais plus jamais celle que j’avais été est devenu évident. (...) Je me sentais comme une intruse, seule et solitaire. Rien n’allait plus. (...) Une partie de moi-même semblait être morte".
Commence alors une série de symptômes (anxiété, crises de panique, pensées suicidaires...) qui la conduisent à faire une tentative de suicide et à être admise en psychiatrie. Elle explique : "Quatre mois après les faits, j’ai été admise en psychiatrie. Le début d’une longue série d’admissions au fil des ans, forcées ou non sur les conseils de mon psychiatre. Je suis tellement, tellement fatiguée. Épuisée. Pendant ces plus de six ans, à part en dormant, il n’y a pas une demi-heure où je ne pense pas à ce qui m’est arrivé".
Une décision mûrement réfléchie
C'est totalement épuisée, aussi bien physiquement que psychologiquement, qu'après toutes ces années à lutter, elle demande le droit à l'euthanasie. Elle est accordée par un médecin et deux psychiatres ayant jugé que la situation de cette femme était insupportable. Elle a entamé la procédure il y a deux ans, et ses enfants la soutiennent. Une lettre ouverte, écrite par son fils, a d'ailleurs été publiée en mars 2022. Il y confie que " Près de six ans plus tard, même les soignants les plus dévoués du pays ne savent plus quoi faire. (...) Cela fait des années que nous sommes dans une situation où maman est toujours physiquement vivante, mais mentalement partie depuis longtemps".
Cependant, même si elle souhaite mettre à exécution son autorisation d'euthanasie le plus vite possible, Nathalie Huygens veut attendre le procès civil de son agresseur. En effet, elle explique : "Je dois être en vie le premier jour du tribunal, car sinon l’auteur du crime pourra être libre financièrement. Je ne veux pas que cela arrive aux enfants. S’il n’y a pas de procès civil, l’auteur n’aura pas à porter de responsabilités dans ce domaine, et cette perspective est émotionnellement insupportable tant pour moi que pour les enfants".
Personne ne devrait avoir à vivre dans une telle souffrance.
Les Éclaireuses