Le ‘Boycount’, la tendance sexiste qui secoue TikTok
À chaque jour sa polémique TikTok. La dernière en date, celle de la tendance "Bodycount", une pratique cruellement sexiste qui vise à faire culpabiliser les femmes.
Écrit par Juliette Gour le
Dans la série des tendances problématiques sur TikTok, celle du "Bodycount" fait grincer des dents, et pour cause, elle repose sur des croyances sexistes - à la limite du masculinisme - qui nous propulsent 50 ans en arrière. Cette tendance repose sur un principe très simple : deviner avec combien d'hommes une femme a couché. Si cette question peut évidemment être posée dans l'intimité entre deux amies sans aucune arrière-pensée, un TikTokeur a décidé d'en faire du contenu viral et donc, par la force des choses, problématique.
Les vidéos sont toutes sur le même modèle : Ugo Original - le TikTokeur - s'amuse à deviner le "Bodycount" des femmes dans la rue et ne s'épargne aucun commentaire : "Ça se voit qu'elle couche avec tous les mecs".
Sous couvert d'un contenu bon enfant, se cache en réalité une véritable tendance sexiste qui veut que les femmes avec un grand "bodycount" soient moins fréquentables que d'autres. Les contenus de ses vidéos sont même parfois repris pour servir de point de départ à des discours sexistes, à la limite de l'incels.
Une tendance qui ne s'applique qu'aux femmes
S'il est évident que dans un rapport sexuel, il faut a minima être deux, les fers de lance de cette tendance ne semblent prendre en considération que le "bodycount" des femmes. Celui des hommes n'est absolument jamais remis en question alors que celui des femmes serait intrinsèquement lié à leur valeur sur le marché du dating.
Dans les faits, cette tendance ne fait que relier une idée vieille comme le monde qui voudrait qu'une femme ayant eu plusieurs partenaires sexuels soit moins fréquentable que la jeune première. Directement hérité d'une culture religieuse qui glorifie la femme vierge et fustige la putain, il semblerait que certains n'aient toujours pas compris que l'idée n'est plus vraiment d'actualité.
C'est encore plus paradoxal lorsque l'on tombe sur des posts d'hommes qui pointent du doigt les femmes inactives dans l'intimité. Une fois de plus, on tombe dans le cliché de "la sainte dans la rue, mais la putain dans la chambre" qui veut que les hommes recherchent une femme vierge (ou presque) mais avec assez d'expérience pour leur offrir un maximum de plaisir.
Un discours de haine brodé de puritanisme
Ce que l'on observe dans cette tendance, c'est qu'elle est surtout un moyen de déverser, sans aucune gêne, un discours de haine envers les femmes qui s'assument et qui osent vivre pleinement leurs envies sexuelles. Particulièrement appréciés par les représentants de l'extrême droite, ces discours de haine visent à discréditer les combats féministes et la lutte pour les libertés individuelles des femmes dans la société. La meilleure représentante de ce discours de haine ? Thaïs d'Excufon, ancienne porte-parole de Génération Identitaire, un groupe d'extrême droite qui a été dissous en 2021 par le conseil des ministres.
Cette haine organisée sur les réseaux sociaux est également le passe-plat d'une idéologie puritaine qui aimerait voir le retour du culte de la virginité et qui souhaite que les femmes retrouvent leur place légitime : à savoir dans une cuisine, fraîches et disposées à s'occuper de la descendance.
Une fois de plus, c'est un mouvement qui tend à imposer un certain contrôle sur le corps des femmes. Un comble dans une époque où la parole se libère chaque jour un peu plus sur la question de la liberté des femmes.
Plus que jamais donc, les femmes sont libres de faire ce qu'elles veulent, avec le nombre de partenaires qu'elles veulent (et que ce soit un à la fois ou tous en même temps).