C’est quoi être une cool girl en 2024 ? L’évolution du mythe de la it-girl
Top models à l’allure effrontée, ange déchu de la mode, nepo baby sous les feux des projecteurs… Les figures féminines des hautes sphères fantasmées, si ce n’est jalousées, répondent sous le nom de it-girl. En 2024, les codes de ces muses adulées ont bien changé.
Écrit par Téa Antonietti le
Le titre en guise de consécration, qui fait de l’heureuse élue le centre de l’attention et la leadeuse en matière d’inspiration. Sa silhouette, son style, son air, on veut tout de cette égérie au je-ne-sais-quoi magnétique qui nous attire littéralement comme un aimant. Dans les années 90, ce sont Kate Moss et Chloë Sevigny, icônes de mode et muses des plus grands créateurs. Dans les années 2000, Britney Spears et Paris Hilton sont les cheffes de file d’un culte du t-shirt à slogan provocateur, des strings et des piercings au nombril, qui convertissent toute une génération absorbée par un tel effet.
En 2010, Alexa Chung et Cara Delevingne règnent dans le game et détiennent une aura iconique sans faire le moindre effort, au même titre qu’en France, Jeanne Damas alimente le mythe de la Parisienne nonchalante à qui l’on dit oui (baguette). De nos jours, on parle de cool girl, une déclinaison décontractée de ce statut trop longtemps sacralisé et ancré dans des diktats discriminants. Désormais, les cool girls sont multiples et décomplexées, portent des messages inspirants, abordent la question de la santé mentale et laissent libre cours à leur créativité sans la crainte de finir hors champ. Focus sur la redéfinition du mythe de la it-girl en 2024.
Back in 1927 : Les origines de la it-girl
Bien avant Kate Moss ou Alexa Chung, se trouve la naissance du mythe de la it-girl, au beau milieu des années folles et du culte de la célébrité absolument délirant. Bien loin des nepo babies qui sont mis sur la carte de la fame juste par un acte de naissance, Clara Bow, l’originelle it-girl, naît à Brooklyn dans “la pauvreté la plus absolue” avant de se faire découvrir au cinéma et de révolutionner l’industrie du 7ème art, aux prémisses des films parlants.
Un statut sacré à double tranchant
Révélée dans “Le Coup de Foudre”, en anglais “It”, Clara Bow joue une jeune vendeuse qui rêve d’épouser son patron. Son charisme spontané, sa chaleur, sa vulnérabilité et sa force de jeu la hissent au rang de sex-symbol. Elle absorbe le spectateur, toutes les femmes veulent être elle et tous les hommes veulent être avec elle. Surnommée la it-girl, son succès colossal l’entraîne au cœur de tourments et de dépendances toxiques en tout genre. Une facette scandaleuse de l'actrice vue comme du pain béni pour les attachés de presse qui finissent par essorer son essence.
Cette it-girl phénoménale inspire même Damien Chazelle dans son dernier opus “Babylone”, à travers le personnage de Nellie LaRoy, la version fictive de Clara Bow incarnée par Margot Robbie. L’actrice phare des années folles s’inscrit toujours dans notre réalité comme témoignage de la toxicité rattachée au statut de it-girl. Une thématique à laquelle Taylor Swift herself s’identifie, la pop star lui ayant consacré un titre de son dernier album, explicitement nommé “Clara Bow”.
Près d’un siècle plus tard, la cool girl redéfinit les termes
Dans les années 2010, la it-girl répond comme un idéal quasiment impossible à atteindre. Si elle a beau être une muse inspirante, elle cristallise par son physique de rêve et son rythme de vie extravagant des critères féminins surréalistes. Lors qu'Internet devient un tremplin pour cultiver son caractère d’icône et inspirer à travers un écran, ses diktats conservateurs, racistes et grossophobes occupent un rôle problématique, ce qui motive à se détacher du statut de it-girl. Entre alors le terme cool girl, plus accessible, décomplexé et amusé, où la liberté de penser et la légèreté deviennent les nouveaux fondamentaux du mindset dit effortless des modèles féminins à suivre.
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La chanteuse Charli XCX est inscrite dans cette génération de cool girls issues d’Internet qui prônent leur statut avec audace et parfois même autodérision. Dans le clip de son nouveau titre “360”, l’artiste réunit les muses de l’ère digitale les plus désirables du moment, et met en scène une quête de la nouvelle Internet girl, à prendre au second degré. Sur le Mont Rushmore de cool girls rassemblées par Charli XCX, on trouve Julia Fox, artiste au style extravagant qui n’a pas froid aux yeux, Chloe Cherry, ancienne star du X hilarante et Rachel Sennot, actrice aux rôles modernes et authentiques.
Mais aussi Alex Consani, top model transgenre sans filtre, Emma Chamberlain, youtubeuse nonchalante au discours transparent, Gabriette, le visage de la tendance office siren ou encore Chloë Sevigny, la cool girl originelle qui ne cesse de se réinventer même à 49 ans. Une réunion iconique qui présente une myriade de personnalités, de genres et de physiques, avec comme point commun une perception émancipée, se situant admirablement entre effronterie et imperfection.
On l’aura compris, être une cool girl en 2024, c’est se libérer de tous les diktats réducteurs pour mieux s’écouter. Le tout en s’inspirant continuellement de figures féminines aux messages pertinents, qui n’ont pas peur de s’affirmer, de l’autodérision au self love bien mérité.
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