Peut-on encore ignorer le pic des violences conjugales à Noël ?
Les violences conjugales sont un fléau qui ne connaît pas de trêve, même pendant les fêtes. On décrypte.
Écrit par Erine Viallard le
Les fêtes, symbole de joie, cachent pourtant des moments sombres. Alors que des cadeaux sont offerts autour d'un dîner festif, certains foyers abritent des drames silencieux : les violences conjugales. Chaque décembre, les signalements aux autorités explosent, avec une hausse moyenne de 20 % des interventions policières.
D'après le ministère de l'Intérieur, près des deux tiers des violences conjugales (64 %) sont de nature physique. En parallèle, 32 % des victimes ont été exposées à des violences verbales ou psychologiques, incluant le harcèlement moral (17 %), les menaces (12 %), les atteintes à la vie privée (1 %) ou encore les injures et diffamations (1 %). Les violences sexuelles représentent quant à elles 4 % des cas.
Des atrocités qui poussent 2 % des victimes au suicide ou à une tentative. Mais pourquoi cette période festive exacerbe-t-elle ces tensions ?
Comment expliquer cette hausse ?
Les causes de cette augmentation sont multiples. Tout d'abord, le stress financier lié aux fêtes joue un rôle-clé. Les dépenses pour les cadeaux, les repas et les voyages pèsent lourd sur les budgets familiaux, créant des tensions qui peuvent dégénérer dans des foyers où des comportements abusifs existent déjà. À cela s’ajoute une consommation accrue d’alcool - omniprésente dans les célébrations.
Si pour certains les fêtes riment avec convivialité, elles deviennent un catalyseur de violence dans les foyers à risque. Selon certaines études, l’alcool ou les drogues sont impliqués dans 40 à 60 % des cas de violences conjugales. Pour compléter ce sombre tableau, l’isolement social aggrave la situation. Les fêtes, bien que période de togetherness, peuvent en réalité isoler les victimes.
Repérer les signes pour agir
Si vous êtes une proche, reconnaître les signes de violences conjugales est une étape cruciale pour apporter de l’aide. D'un point de vue extérieur, des comportements tels que des "check-ins" constants avec le partenaire, des excuses répétées ou des départs précipités pour éviter des conflits - ou encore des blessures inexpliquées -sont autant de signaux d’alerte.
Les victimes peuvent également manifester une hyper-vigilance ou défendre leur partenaire de manière disproportionnée, même lorsque cela semble inapproprié.
Une approche bienveillante est essentielle pour établir un dialogue. Poser une question simple comme "Est-ce que tout va bien ?" dans un cadre sûr et confidentiel favorise les révélations. Répondre ensuite avec des phrases comme "Je te crois" ou "Merci de m’avoir confié ton histoire", pour que la victime se sente écoutée - et surtout crue.
À ne pas faire
Face à cette tragédie, il existe des discours à bannir. Pour la victime, il est déjà très dure de se confier, car elle vie constamment dans la terreur. Alors interdiction de dire : "Tu exagères, ça ne doit pas être si grave"ou "Pourquoi tu ne le quittes pas ?". Ces phrases ne font qu'aggraver son sentiment de culpabilité et d’isolement.
Tirer la sonnette d'alarme
Pour sauver une victime sans la mettre en danger, il est crucial de lui fournir des ressources qui pourraient l'aider : numéros d’urgence, adresses de refuges, et informations sur les groupes de soutien.
En France, deux ressources majeures existent : le 3919 (Violences Femmes Info) est accessible gratuitement et de manière anonyme, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr offre des informations et des moyens de signaler des violences en ligne.
Sans oublier la police - à contacter au 17 - pour toutes situations d'urgences.
Les violences conjugales ne sont jamais la faute de la victime. Agir est donc nécessaire pour offrir la sécurité à toutes.