‘Sephora Kids’ : la Suède met en place des mesures pour lutter contre cette tendance
Des mesures viennent d’être prises en Suède pour lutter contre les ‘Sephora Kids’. Serait-ce (enfin) le début de la fin de cette tendance irréaliste ? Focus sur l’évolution de cette trend qui à continue à gagner du terrain.
Écrit par Camille Croizé le
Les ‘Sephora Kids’ : de la trend au phénomène inquiétant, il faut croire qu’il n’y a qu’un pas. Depuis plusieurs mois nous en entendons parler sur tous les réseaux sociaux. Il semblerait que le phénomène continue de prendre de l’ampleur, inquiétant les spécialistes de la peau. Face au nombre grandissant des ‘Sephora Kids’ de plus en plus de magasins spécialisés - telles que des pharmacies - se mobilisent pour lutter contre cette tendance. Comment ? Leurs rayons de cosmétiques anti-âge ne sont désormais plus accessibles aux préadolescents - ayant souvent entre 9 et 13 ans. Zoom sur des mesures notamment prises en Suède.
Les ‘Sephora Kids’, qu’est-ce que c’est ?
Peut-être avez-vous loupé un épisode ? Pas de panique, commençons par un peu de contexte. C’est principalement sur le réseau social Tiktok que nous les retrouvons. Les ‘Sephora Kids’ est un mouvement né aux États-Unis qui repose sur l’utilisation de produits cosmétiques destinés à soulager des problèmes de peau spécifiques - tels que les irrégularités de la peau ou encore l’apparition de rides - par des préadolescentes ayant moins de 14 ans.
Sur la plateforme sociale, elles se filment allant dans des boutiques spécialisées - comme Sephora ou encore en pharmacies - faisant leurs achats avant de montrer comment elles réalisent leur skincare routinequ’elles calquent sur des influenceuses bien plus âgées. Un phénomène qui a intrigué et beaucoup diverti : leurs comptes ont littéralement explosé. Leurs vidéos cumulent des milliers voire millions de vues et leur nombre d’abonnés augmente exponentiellement.
Une tendance au cœur de nombreuses polémiques
Vous vous doutez bien que cette tendance, devenue virale, a créé de nombreuses polémiques. L’exposition des jeunes enfants reprenant les mimiques d’adultes représente pour certains adultes une forme de sexualisation. Certains tentent de les mettre en garde en les informant que sur les réseaux sociaux tout le monde peut accéder et regarder leur contenu. D’autres considèrent qu’il n’y a rien de logique, de normal ou encore de moral dans le fait que des enfants de 10 ans achètent des crèmes hydratantes repulpantes ou des sérums liftants frôlant la centaine d’euros.
Un phénomène qui met en danger la peau des enfants
L’une des autres problématiques est que les produits utilisés par ces préadolescentes contiennent des actifs qui ne conviennent pas à leur type de peau. Les formulations se veulent parfois agressives ce qui pourrait, sur la durée, causer des problèmes - parfois irréversibles - à leur épiderme. Ce phénomène qui part des Etats-Unis, fait désormais des ravages auprès des (très) jeunes filles en Europe. La Suède, pour lutter contre cette tendance presque irréaliste, prend des mesures.
Ce distributeur de soins s’inquiète de cette tendance
Apotek Hjärtat, considéré comme l’un des leader en matière de distributeur de produits cosmétiques, s’inquiéte de cette tendance. Cette inquiétude a conduit l’un des maillons de la chaîne de soins et de distribution de produits pour la peau à interdire l’achat de certains soins à ses plus jeunes clients.
La liste comprend tous les sérums contre le vieillissement de la peau - contenant des actifs AHA, BHA,vitamine A (rétinol) et vitamine C. Actuellement les clients de Apotek Hjärtat doivent avoir plus de 15 ans ou obtenir la permission de leurs parents ou encore présenter un certificat médical justifiant ainsi l’utilisation du produit.
« En tant que distributeur majeur de produits de soin de la peau et en tant qu’exploitant de pharmacies, nous voulons prendre notre responsabilité » a déclaré la PDG d’Apotek Hjärtat. Puis à ajouté : « Aujourd’hui, les jeunes utilisent de manière malsaine et inutile des produits de soins pour la peau (…) et nous voulons être la voix qui dit stop ».
Faire évoluer la manière de consommer des ‘Sephora Kids’
Pharmacienne en chef au sein de Apotek Hjärtat, Annika Svedberg, explique qu’il est primordial de choisir des produits cosmétiques selon les besoin de sa peau et non en fonction d’un idéal de beauté. Aussi, elle a précisé : « Les besoins en matière de soins pour la peau sont très individuels et dépendent du type et de l’état de la peau, non de l’âge. Utiliser des produits visant à réduire les rides et à unifier le teint, ce n’est pas quelque chose dont a besoin un enfant. »
La totalité des pharmacies d’Apotek Hjärtat - soit près de 390 en Suède - vont déployer cette mesure sur leur site en ligne, complexifiant ainsi l’achat de certains produits dangereux pour les peaux très jeunes. La PDG affirme que cette décision a été très bien accueillie par les clients et les employés des pharmacies. Ces mesures seront-elles reprises par d’autres chaînes ? Au vu de l’engouement pour cette récente tendance, il y a fort à parier que oui.