La pilosité féminine fait-elle encore débat en 2025 ? Pitié, stop 

La pilosité féminine, surtout au niveau du maillot, signe aujourd’hui son grand retour. Mais ce n’est pas qu’une question de style : le 'full bush' s’impose comme un véritable cri de révolte contre les diktats esthétiques et les injonctions patriarcales.

Écrit par Camille Croizé le

Pourquoi la pilosité féminine fait-elle encore débat en 2025 ? Pitié, stop

Sur TikTok, Instagram ou même les podiums, une tendance fait son grand retour : le ''full bush''. Alors comme ça, laisser sa pilosité pubienne s’épanouir en paix, c’est trendy ? En 2025, le buisson n’est plus seulement une question d’éthique personnelle, c’est devenu un acte politique, un pied de nez assumé à des siècles d’injonctions esthétiques. Mais pourquoi ce choix intime suscite-t-il autant de discussions, entre fascination et résistance ? Et surtout, que dit-il de notre société ?

TikTok, l’épicentre d’une révolution pilaire

Tout a commencé avec une vidéo TikTok devenue virale, dans laquelle une utilisatrice, @Sujindah, raconte comment un simple commentaire sur Etsy l’a ''radicalisée''. Sous un bikini, une femme laissait apparaître sa pilosité. Réaction de Sujindah : ''Je ne pratiquait pas, mais il y a eu cette critique Etsy pour un bikini où la fille avait un buisson complet, et j'ai été radicalisée par cette critique. (…)C’est comme ça que ça devrait être.'' Plus de 13 millions de vues plus tard, le message est clair : les jeunes femmes ne veulent plus souffrir — parce que s’épiler c’est un enfer, faut bien le dire — pour un idéal esthétique imposé.

Cette vidéo a déclenché une vague de contenu pro-bush, entre hashtags milités, témoignages inspirants et discussions enflammées dans les commentaires. Pourtant, cette tendance n’est pas qu’un phénomène digital : elle révèle un ras-le-bol général face aux normes esthétiques qui pèsent (surtout) sur les femmes.

@sujindah

♬ original sound - angle

Une norme qui gratte : l’épilation, une contrainte politique

Pourquoi ressent-on le besoin de défendre les poils comme s’il s’agissait d’une espèce menacée ? Parce qu’être une femme dans une société patriarcale, c’est devoir répondre à une liste interminable d’exigences, dont celle d’être parfaitement ''lisse''. Et si vous pensiez que l’épilation était juste une affaire de préférence personnelle, spoiler : elle est historiquement liée à des injonctions racistes et sexistes.

Comme l’explique Rebecca M. Herzig dans son livre Plucked: A History of Hair Removal, au début du 20ème siècle, l’épilation était présentée comme un symbole de ''progrès'' et de ''supériorité raciale'' par les hommes blancs qui imposaient leurs standards de beauté aux femmes. Résultat ? Les poils, jugés trop ''primitifs'' ou ''indésirables'', sont devenus l’ennemi public numéro un.

Le buisson : une menace pour le patriarcat

@6nissa Réponse à @Mathias ⚽️🇫🇷 ♬ son original - 6nissa

Assumer ses poils, c’est donc bien plus qu’éviter une douloureuse séance de cire chaude. C’est une manière de dire : ''Mon corps, mes règles.'' Et ce choix ne manque pas de déranger. Les détracteurs ne se gènent pas pour traiter les femmes poilues de ''sales'' ou d’être ''peu hygiéniques'', des arguments déjà démentis par les experts en santé. En réalité, les poils jouent un rôle protecteur contre les infections et autres problèmes cutanés.

Mais au-delà de l’hygiène, la vraie question est : pourquoi les poils nous mettent-ils autant mal à l’aise ? Parce qu’ils ne correspondent pas à l’image de la féminité ''acceptable'' que l’on nous vend depuis toujours. L’épilation est une façon de contrôler les corps féminins, de les modeler selon des attentes masculines.

La gen Z, une génération décomplexée

@itty.bitty.cherry Answering common questions about body hair! #bodyhair#bodypositive♬ original sound - Itty Bitty Cherry

Le constat que l’on fait sur les réseaux sociaux ? Pour beaucoup de femmes, assumer leur pilosité, notamment au niveau du maillot, est une libération, une façon de se réapproprier leur corps. @itty.bitty.cherry, dans l’un de ses contenus qui a fait plus de 400K, répond aux questions que ses followers se posent sur le full bush : ‘‘D'accord, puisque je reçois tous les jours les mêmes questions sur mes poils, je vais répondre à certaines d'entre elles. L'une d'entre elles est ‘‘comment porter le bikini ?’ Et je n’ai pas vraiment de meilleure réponse à cela que : je porte juste un bikini. En fait, je ne coupe ni ne rase rien. (…) Beaucoup de gens demandent aussi, qu'est-ce que mon copain pense ? Il s’en fiche, il est totalement d’accord avec ça, il ne me juge pas quoi qu’il arrive.’’ 

Mais cette libération n’est pas toujours facile. Sous le hashtag #mybodymychoice, les POV sont tous plus irritants les uns que les autres :‘‘Il m’a dit épile toi, c’est dégueu et moche’’ , ‘‘ah mais t’as des poils aux jambes ?? C’est degueu pour une fille’’ ou encoreMon copain à la phobie des poils, il m’oblige à tout le temps m’épiler intégralement’. Pire encore, certains mecs semblent être prêts à faire du chantage affectif pour que leur femme soit toute douce, bien lisse - non mais on est où là ? Heureusement, les mentalités changent. Et si les poils deviennent une tendance sur TikTok, c’est peut-être le signe qu’une nouvelle génération est prête à renverser les codes. 

Alors, pourquoi le ''full bush'' fait-il autant parler de lui ? Parce qu’il dérange. Il remet en question des siècles de conditionnement. Il force à se demander : ''Et si tout cela n’était qu’une construction ?'' La tendance pro-bush est bien plus qu’un simple phénomène de mode. C’estun acte de rébellion, un rappel que le corps des femmes leur appartient, poils inclus. Alors, à celles qui hésitent encore : n’oubliez pas, votre buisson est bien plus qu’un choix esthétique. C’est un symbole de liberté.