Qu’est-ce que la dysmorphie, ce nouveau trouble récurrent chez les adolescents ?
Aujourd'hui on parle d'un trouble qui touche de nombreux adolescents et jeunes adultes : la dysmorphie.
Écrit par Noa Gonzo Rombo le
C'est un phénomène que nous avons tous vécu à un moment ou un autre de notre vie. Lorsque vous vous regardez dans le miroir, vous voyez un corps, un visage que vous ne supportez pas, une image qui est absolument éloignée de celle que vous aimeriez renvoyer. Les photos sont prohibées, et les vidéos encore plus. Le seul moyen de vous faire apparaître sur un cliché, c'est d'utiliser un filtre. Mais on ne parle pas de filtres amusants qui transformeraient votre visage en zombie par exemple. Non, on parle de ses filtres beauté qui "améliorent" votre apparence originale. Une bouche plus pulpeuse, des pommettes plus saillantes ou encore des cils plus longs. Il n'y a que grâce à eux que vous arrivez à tolérer votre propre image.
Jusqu'à présent, vous n'aviez aucun problème avec ce système. Mais voilà, votre famille, vos ami(e)s et même vos abonnés vous ont récemment fait remarquer que vos selfies sur votre feed Instagram ne ressemblaient en aucun cas à vous. Pourtant, selon vous, ces modifications faites sur Facetune, Photoshop ou encore FaceApp ne sont que très légères, presque indétectables. Serait-il possible que votre réalité soit complètement altérée ? Pourquoi ? Est-ce le signe d'un mal-être plus profond ?
Aujourd'hui, on parle de dysmorphie corporelle mais aussi de dysmorphophobie.
Enjoy,
Les Éclaireuses
Pour commencer, il n'existe pas un mais plusieurs genres de trouble de la dysmorphie
Selon Wikipédia, la dysmorphie est un terme médical qui désigne une anomalie de la forme d'un organe ou d'une autre partie du corps. En psychologie, on parlera plutôt de trouble dysmorphique du corps (TDC) ou encore dysmorphophobie. Ce trouble, qui touche 2 à 3% de la population française et s'observe plus souvent chez les jeunes femmes, se manifeste de différentes façons. Parmi les symptômes récurrents on retrouve :
- Une réflexion et une inquiétude constante sur les défauts ou les failles que les personnes atteintes pensent avoir mais aussi une comparaison incessante aux autres.
- L'inquiétude que d'autres personnes remarquent, jugent ou parlent de leur défaut perçu
- L'inquiétude d'être filmé ou photographié
- La critique extrême de soi plus précisément de son apparence physique.
Pour commencer la personne atteinte de TDC remarque un détail sur son apparence physique. Ensuite, le cerveau perçoit que quelque chose ne va pas, ce qui active le système d'alarme de la personne ("combat ou fuite") et qui entraîne des sentiments d'anxiété et de détresse.
En cas de stress, le système visuel réduit encore plus son champ d'action (ce qu'on appelle la "vision étroite") pour se concentrer sur la menace perçue. Avec le trouble dysmorphique du corps, cela entraîne alors un cercle vicieux : plus l'anxiété est grande, plus la vision est étroite, plus l'anxiété est grande.
Les réseaux sociaux et les médias seraient-ils les principaux facteurs en cause ?
En tant qu'espèce sociale, l'image et l'apparence sont des critères qui ont toujours été très importants pour les humains. Cependant, il est important de se rendre compte de l'impact parfois négatif des réseaux sociaux sur notre perception du beau.
Prenez Instagram, le réseau social de l'image par excellence. En parcourant votre page explorer, ce ne sont que des comptes à l'esthétique léchée, des visages et des corps parfaits que vous voyez. Ils sont tellement nombreux et semblables qu'il est facile de se persuader que c'est une normalité.
Dans les médias, les nouveaux critères de beauté impliquent très souvent de la chirurgie esthétique. Problème ? Il est très rarement précisé que ce sont grâce à des éléments extérieurs que ces nouvelles versions du beau existent.
La multiplicité des outils de modification de l'image est aussi un facteur qui doit être exploré : aujourd'hui, il est très simple voire ludique de modifier son apparence en ligne. En quelques gestes sur des applications gratuites, vous pouvez recréer votre nez, vos yeux ou encore votre corps.
Quels sont les dangers de ce type de troubles ?
Le TDC peut mener à des comportements très dangereux :
- Dissimulation des défauts apparents avec du maquillage, des vêtements.
- Un entretien excessif pour essayer de supprimer les imperfections perçues, comme le fait de se peigner les cheveux à plusieurs reprises.
- Arrachage de la peau.
- Besoin constant d'être rassuré par les autres.
- Réduction des relations étroites.
- Suppression de l'école, du travail ou encore des activités sociales.
- Isolement et enfermement au domicile
Dans les cas les plus extrêmes, les personnes atteintes de TDC peuvent même souffrir de dépression, d'anxiété sociale, de trouble obsessionnel compulsif (TOC), et enfin de problèmes de toxicomanie.
Mais comment lutter contre la dysmorphie ?
La dysmorphophobie est un trouble psychologique. Ainsi, il est impératif de consulter un psychologue ou un psychiatre pour réussir à se soigner. Des exercices existent pour tenter de rétablir un champ de vision "normal" et ainsi obliger le cerveau à ne plus se focaliser sur des détails qui pourraient déclencher un épisode.
Il existe des preuves anecdotiques mais prometteuses, que les exercices de vision périphérique peuvent être une stratégie utile pour aider à lutter contre les troubles dysmorphiques corporels. Il faut cependant noter que davantage de recherches sont nécessaires dans ce domaine.
Essayez de vous concentrer délibérément sur la vue d'ensemble, et soyez conscient de votre environnement, par opposition à l'hyperfocalisation avec une vision centrale sur les détails, comme les défauts individuels. Tenez vos mains à différents endroits aux limites de votre vision périphérique, bougez vos doigts, tout en regardant un point à mi-distance et en étant conscient des mouvements de vos mains.
Après un court moment d'exécution de l'un des exercices ci-dessus, vous devriez vous sentir plus détendu et plus calme.
Les stratégies qui aident à calmer le système nerveux (non spécifiques aux TDC) comprennent des stratégies de style de vie telles que :
- Assurer un sommeil suffisant.
- Garantir une alimentation saine, ce qui inclut la limitation des stimulants tels que la caféine et les aliments transformés.
- Assurer un temps suffisant à l'extérieur, car la nature est apaisante pour le système nerveux.
Il est important de se rappeler que les troubles de la dysmorphie ne sont pas éternels, et surtout que le beau est un concept profondément subjectif. Enfin, dernier conseil : soyez votre premier critère de beauté, diversifiez les images que vous considérez comme belles autour de vous.