#DoNotTouchMyClothes : Les Afghanes luttent contre les talibans avec style et tradition

Alors que les talibans imposent de nouveau un code vestimentaire strict, des milliers d'Afghanes leur résistent, s'affichant sur les réseaux sociaux dans leurs robes traditionnelles. C'est une résistance mode qui défend avant tout le patrimoine culturel d'un pays.

Écrit par Elsa Lauron le

#DoNotTouchMyClothes

C'est un mouvement qui a submergé la toile : l'appel de milliers d'Afghanes à lutter, résister, à prôner haut et fort les valeurs et l'identité culturelle de leur pays, à rétablir la vérité face à un Afghanistan qui souffre devant la (re)prise du pouvoir des talibans. 

Ne Touche Pas à Mes Vêments : le mouvement des citoyennes afghanes sur les réseaux

Depuis plusieurs jours, les citoyennes afghanes luttent contre le nouveau code vestimentaire strict imposé par les talibans. Alors qu'on veut leur imposer le port du hijab et du niqab dans tous les espaces publics, les citoyennes afghanes ont décidé d'exprimer leur désaccord avec style et tradition. Sur les réseaux, elles postent des photos des tenues traditionnelles de leur pays. 

Le mouvement a été lancé par Bahar Jalali, une ancienne professeure d'histoire à l'université américaine d'Afghanistan. Le 12 septembre, elle s'est affichée dans une robe typique de la culture de son pays sur Twitter, déclarant : "C'est ça la culture afghane. Je porte une tenue traditionnelle afghane", avant d'appeler toutes les femmes afghanes à rejoindre la lutte pour montrer le vrai visage de l'Afghanistan. 

Elles ont été nombreuses à répondre à l'appel pour lutter contre les changements apportés à leur pays et imposés par les talibans depuis la prise de Kaboul en août dernier. Sous les hashtags #DoNotTouchMyClothes et #AfghanistanCulture, elles affichent des robes traditionnelles, colorées et ornementées, symbole d'une culture que les talibans voudraient effacer. 

La lutte contre la politique des talibans 

Depuis que les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul, le 15 août dernier, peu avant que l'armée américaine ne quitte le pays, semant la panique et le chaos dans les rues habitées par des Afghans apeurés, ils ont imposé une politique très stricte et répressive, en particulier pour les femmes. C'est un retour en arrière pour toutes celles qui avaient retrouvé leurs droits, retrouvés la joie d'apprendre, d'étudier, de travailler et de vivre une vie normale, en toute liberté. En effet, le dernier régime politique de l'organisation avait eu lieu de 1996 à 2001. 

Parmi les règles réimposées par l'arrivée des talibans au pouvoir : le port obligatoire du voile pour les femmes, comme le stipule la charia, la loi islamique. Le 17 août dernier, le porte-parole des talibans avait affirmé que le port de la burqa ne sera pas obligatoire pour les femmes, car le port du hijab et du niqab était aussi recommandé. 

Si à l'origine les talibans avaient affirmé que leur gouvernement serait plus modéré que le gouvernement des années 90, la plupart des femmes n'ont plus le droit de travailler tant qu'une ségrégation n'aura pas été établie, certaines ne peuvent même pas quitter leur domicile sans être accompagnée par un homme. Mais sur Internet, les Afghanes ont encore la liberté d'exercer leur droit et n'ont pas fini de tweeter et lutter. 

Les Afghanes défendent la culture de leur pays avec #DoNotTouchMyClothes 

C'est une protestation avec style et couleur qui répond à une manifestation pro-talibans organisés le 11 septembre dernier dans une université de Kaboul. Plusieurs femmes s'étaient montrées vêtues de burqas noires, drapeaux talibans à la main, soutenant l'idée que les Afghanes maquillées et habillées de vêtements modernes ne représentaient pas la femme afghane musulmane et refusant les droits des femmes étrangers et en contradiction avec la charia.

Les images diffusées après la manifestation du 11 septembre ont ainsi poussé les citoyennes à résister. En affichant leurs robes traditionnelles, aux couleurs flamboyantes, elles défendent la culture de leur pays. Bahar Jalali avait déclaré à France 24 : "La prise de pouvoir par les talibans est une attaque contre notre identité nationale. Lorsque j'ai vu ces femmes porter des vêtements que je n’avais jamais vus auparavant en Afghanistan, je ne voulais pas que le nombre pense que c'est ce que nous sommes, que c'est notre culture, que cela représente l'Afghanistan de quelque manière que ce soit." 

Sur Twitter, les images des tenues traditionnelles serties de miroirs, de couleurs et de broderies défilent et détonent avec la burqa noire imposée par les talibans. Les messages déferlent : "La burqa noire n'a jamais fait partie de la culture afghane", "Nos vêtements sont vibrants, colorés et riches" ou encore "Ceci est la culture afghane. Je porte une robe traditionnelle afghane". 

Les Éclaireuses 

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