Sur Twitter, elle se prend une vague d’insultes sexistes suite à un tweet
Le sexisme a encore de beaux jours devant lui, il n'y a qu'à allumer la télévision ou faire un tour sur les réseaux sociaux pour s'en rendre compte. La perle de la semaine revient à Twitter (et à ses utilisateurs masculins) pour nous avoir offert des tweets dans la plus pure tradition sexiste.
Écrit par Juliette Gour le
C'est à croire que les femmes ne peuvent (vraiment) plus s'exprimer librement sur les réseaux sociaux sans prendre le risque de recevoir une vague de remarques sexistes (lorsque ce ne sont pas des menaces). Dernièrement, Twitter a encore une fois confirmé cet adage qui veut que dès qu'une femme ose parler, on lui explique gentiment qu'il faut qu'elle se taise à grands coups de commentaires haineux, misogynes et déplacés. La raison de l'énervement des internautes masculins ? Une remarque évoquée par une internaute féminine qui se plaint de ne pas avoir, dans son cuissard de sport, une poche assez grande pour pouvoir mettre son téléphone. Le nœud du problème est que le modèle masculin de ce cuissard présente une grande et large poche alors que le modèle féminin n'est doté que d'un petit espace, à peine suffisant pour y glisser une barre de céréales.
Cette demande, somme toute légitime de la part de l'internaute, a littéralement mis le feu aux poudres. En quelques heures, la jeune femme a reçu des centaines de réponses, toutes plus misogynes et sexistes les unes que les autres. Une internaute s'est d'ailleurs appliquée à classer chaque tweet pour montrer toute la violence qu'une femme peut recevoir suite à une simple remarque sur les réseaux sociaux. Ce thread est la preuve qu'il reste un long chemin à parcourir sur la question du manspreading et prouve (une fois de plus) que l'éducation des garçons est encore nécessaire sur les questions de genre et d'égalité.
Internet, un endroit hostile pour les femmes
Et si, finalement, internet était l'un des endroits sur terre les plus hostiles pour les femmes ? Plus hostile encore que l'espace public. Entre le cyberharcèlement, le stalking, le harcèlement sexuel, les menaces, le slut shamming, difficile de se dire que le web est un endroit qui a été pensé pour les femmes. De nombreuses personnalités ont d'ailleurs souffert de cette hostilité organisée envers le genre féminin (et les minorités) sur le web. On pense notamment à Hoshi ou Marion Séclin qui ont, à de nombreuses reprises, été les cibles des harceleurs du net.
En juin 2022, le conseil du statut de la femme Québecois a publié une vaste étude sur le sujet de l'hostilité envers les femmes sur le net. La conclusion est évidemment sans surprise : le harcèlement sur le web n'est qu'une composante des violences faites aux femmes. La première motivation des harceleurs (ou des incels) du digital serait de "remettre les femmes à leur place" en les poussant à s'exclure d'elles-mêmes des débats que les internautes estiment ne pas être à la portée des femmes. Ce comportement, conscient ou inconscient, vise à renvoyer la femme à son état de femme, soit une mère, une cuisinière ou au mieux une partenaire sexuelle potentielle.
Sans pour autant aller sur le terrain des réponses violentes et du harcèlement, le sexisme se cache dans de nombreux autres aspects du web : dans les commentaires moralisateurs, dans ceux qui infantilisent, ceux qui remettent en question les compétences des femmes... La liste est infinie. Plus qu'un problème sociétal, il semblerait que ce soit avant tout un problème d'opposition des genres : 85% des attaques que les femmes subissent sur le net sont des attaques masculines. Il y a donc un vrai travail de fond et de sensibilisation à faire auprès des nietizen masculins pour régler le problème directement à la source.
Quelles sont les solutions ?
Comme toujours, la solution se cache généralement derrière la sensibilisation et l'éducation. Près de 60% des comportements insultants et/ou sexistes ont lieu sur les réseaux sociaux, les plateformes ont donc tout intérêt à trouver un moyen pour limiter les comportements déplacés et permettre aux femmes (mais pas que) d'avoir une activité digitale plus sereine.
Si quelques plateformes, comme Instagram, ou quelques applications de rencontre, comme Tinder, ont d'ores et déjà mis en place des mesures qui permettent de limiter au maximum le harcèlement des utilisateurs.rices, d'autres réseaux sociaux comme Twitter, sont un véritable Far Ouest où tout semble possible. Finalement, la meilleure solution est encore de sensibiliser les internautes en les aidant à prendre conscience que derrière un pseudo, se cache aussi une personne. De plus en plus de personnes n'hésitent plus à partir en croisade contre les harceleurs du web. Récemment, l'artiste Eddy de Pretto a fait condamner 11 internautes ayant commenté une de ces publications Instagram.
Pour rappel, le cyberharcèlement est considéré comme un délit en France et la peine peut aller jusqu'à 2 ans d'emprisonnement et 30.000€ d'amende.
Les Éclaireuses