Boire, pleurer ou mater du porno : les hommes et leur thérapie by themselves
La santé mentale masculine reste un sujet complexe, qui a récemment fait l’objet d’une étude - révélant ainsi des tabous et des stratégies d’évitement. Entre stéréotypes et silence, comment les hommes réagissent-ils face à leurs troubles ? On analyse.
Écrit par Erine Viallard le
Spécialiste de la consultation de psychologue en ligne pour les hommes, Let’s Tolk a commandé à l’Ifop une étude sur la santé mentale de la gent masculine en France. Au total, mille hommes, âgés de 18 ans et plus, ont été interrogés -pour obtenir un large spectre de réponses.
Ce n'est pas un mythe, les hommes ont cette fameuse réticence à l'égard de la psychothérapie, pour cause : une culture et des stéréotypes de la masculinité traditionnelle. Pour 79 % d’entre eux, dire que "ça ne va pas" reste tabou. Mais attention aux apparences, cela ne veut pas dire que tout va bien, au contraire. 6 hommes sur 10 ont déjà vécu un trouble psychique dans leur vie et 40 % d’entre eux ont affronté ces difficultés sans jamais consulter de spécialiste.
Les principaux freins ? Le coût, la gêne de parler à un inconnu et les démarches compliquées.
Mais alors, que font-ils pour garder la tête hors de l'eau ?
Sécher ses larmes en matant du porno
Pour garder leurs secrets et leur virilité, les hommes ont divers exutoires. Des moyens radicaux pour oublier leur tracas. Selon l'Ifop "près de 7 hommes sur 10 pleurent en privé". Néanmoins, 37 % des moins de 35 ans reconnaissent le faire "plusieurs fois par mois ou par an". Les séniors, eux, gardent leurs larmes, la moitié d’entre eux affirmant n’avoir pleuré que "2 à 3 fois dans leur vie".
L'astuce ultime est de pleurer en cachette mais pas que, quatre "divertissements" les aide. Dans le lot, 23 % des garçons font une activité sportive quand ça ne va pas - un petit basique. Mais 19 % boivent, 12 % jouent à la console et 10 % matent du porno. Gare à la drogue, qui elle aussi, fait son entrée dans le top 3 pour les 30-49ans.
Des distractions qui peuvent virer au drame, car tous ont un terrain addictif si leur consommation n'est pas maîtrisée. On le sait, aucun de ces exutoires, n'est bon pour la santé. Plutôt que de sombrer dans ces habitudes, autant aller voir un spécialiste - un investissement certes financier, mais bien plus bénéfique pour aller réellement mieux.
"Il fait quoi votre mec ?"
Une tendance émerge sur les réseaux sociaux avec une question qui fait mouche : "Et vous, il fait quoi votre mec pour éviter d'aller en thérapie ?". Les réponses affluent dans les commentaires, entre ironie et réalisme : "il joue à la console", "il dort", "il reste des heures aux toilettes". D’autres tentent de rassurer : "Le mien communique plus que moi".
@nympheann plus qu'une passion une question de survie #couple#relation#celibataire#humour#amour♬ son original - nympheann
Ces discussions mettent en lumière une réflexion commune chez les femmes : ces stratégies d’évitement empiètent-elles sur leur propre équilibre mental ? Car si monsieur esquive la thérapie, c’est souvent elles qui absorbent ses frustrations, ses silences ou ses comportements maladroits. Déjà surchargées par la charge mentale quotidienne, ces femmes s’interrogent : jusqu’où doivent-elles porter le poids des maux qu’un professionnel pourrait soigner ?
Une introspection collective qui pose une vraie question sur l’impact du refus d’aide sur la santé mentale des hommes - et d’elles-mêmes.