Qu’est-ce que le ‘Happy Slapping’ ? Ce jeu inquiétant qui sévit dans les cours de récréation
Dans la saga des jeux un peu étranges (et pas très futés) des cours de récré, on pensait avoir touché le fond avec le jeu du foulard, mais ça, c'était avant d'apprendre ce qu'est le Happy Slapping.
Écrit par Juliette Gour le
Si les réseaux sociaux ont le mérite de réunir les gens et de les connecter entre eux, il est aussi bourré de mauvais côtés : il facilite le harcèlement, soumet les enfants à une pression du physique et, surtout, ils permettent de diffuser des mauvaises idées plus rapidement qu'il y a 20 ans. Dans la série des challenges dangereux, on retrouve, par exemple, le Jeu du Labello ou encore le Kylie Jenner Challenge.
Il y a un phénomène qui prend de plus en plus de place dans les cours de récréation. Généralement couplé avec des faits de harcèlement régulier, ce "jeu" peut pousser les enfants qui le subissent à vivre dans la crainte permanente d'être attaqué et peu être le point de départ d'une phobie scolaire. Ce jeu, c'est celui du 'Happy Slapping' et c'est en train de devenir un (très) gros problème car il cumule de nombreux facteurs tous plus déroutants les uns que les autres.
On décrypte pour vous ce phénomène des cours de récré.
Les Éclaireuses
Qu'est-ce que le Happy Slapping ?
Si le nom de ce jeu paraît un poil cheesy, il n'y a pourtant rien de happy derrière tout ça. Dans les faits, le Happy Slapping consiste, généralement, à filmer une personne en train de se faire violenter ou - pire - agresser sexuellement un 'bully' pour ensuite visionner les images ou les partager sur les réseaux sociaux. En Français, on appelle ça de la vidéoagression et c'est un type d'agression qui est souvent programmée et préparée en amont. C'est en ça que c'est effrayant, car les enfants sont assez malins pour préméditer ce genre d'agressions et faire subir un sort plus que cruel à un camarade de classe ou à un élève plus jeune.
Les actes de violence peuvent aller très loin. En 2005, deux jeunes ont été condamnés pour avoir immolé un homme par le feu lors d'un Happy Slapping prémédité. Si les jeunes hommes n'étaient plus à l'école primaire et que l'acte a eu lieu loin des cours de récréation, les vidéos ont pourtant circulé sur les différents réseaux sociaux et peuvent (étrangement) inspirer les jeunes pour faire "comme les grands".
Un type d'agression sévèrement puni par la loi
Depuis 2005, ce type d'agression est condamnée par la loi française. Les punitions concernent l’agresseur mais également le caméraman, complice de l'agression. Les peines les plus lourdes peuvent aller jusqu'à 15 ans de prison (pour torture et acte de barbarie) et cela peut monter jusqu'à 20 ans si les actes de cruauté sont couplés avec des agressions sexuelles.
Aux yeux de la loi, ce ne sont pas des actes pris à la légère. Pourtant, les faits d'Happy Slapping sont toujours aussi présents dans les cours (généralement au collège). De plus en plus de témoignages sont publiés par des parents, démunis face à la situation, sur les réseaux sociaux pour mettre en garde contre les éventuels risques que les enfants peuvent encourir lorsque le harcèlement n'est pas décelé.
De Happy Slapping institutionnalisé ?
Bien souvent, ce sont les garçons qui subissent ce genre de brimades qui, parfois, sont même institutionnalisées : au collège, il est de bon ton de rouer de coups un camarade le jour de son anniversaire. Ces coups peuvent être plus ou moins violents mais peuvent provoquer de vraies angoisses chez certains élèves qui redoutent le jour de leur anniversaire (et prient même pour que ce dernier tombe un week-end ou pendant les vacances).
Dans certains cas plus extrêmes, des enfants se sont retrouvés cloués au sol et roués de coups par une bande de camarades. Ces images, traumatisantes, peuvent être le point de départ d'une longue descente aux enfers pour les victimes de Happy Slapping. Le traumatisme est souvent double : il y a l'agression dans un premier temps et, dans un second temps, il y a les images, qui circulent et qui empêchent de passer à autre chose. L'enfant revit constamment l'agression, se demande si ces camarades sont en train de regarder la vidéo sur leur téléphone... Le résultat est que la victime est complètement coupée de son quotidien et est souvent obligée de se faire accompagner pour essayer d'aller de l'avant.
Comment peut-on aider un enfant qui a été victime d'Happy Slapping ?
Il est parfois difficile de savoir si son enfant subit du harcèlement ou s'il a été victime de Happy Slapping, il faut donc rester à l'écoute de certains signes qui ne trompent pas : si votre enfant rentre avec des bleus, des blessures, s'il semble à côté de ses pompes, s'il a du mal à se lever le matin, si vous observez un changement brutal dans son comportement, la vigilance est de mise.
La meilleure solution, selon les psychologues, c'est de trouver un moyen de faire parler votre enfant pour qu'il arrête de ruminer son traumatisme et qu'il en partage le poids. Que ce soit avec vous ou une personne de confiance de son entourage (un aîné, une tante, un parrain), il est important de lui faire comprendre qu'il est en zone "safe" et qu'il peut parler librement.
Une fois que l'acte d'Happy Slapping aura été confirmé par votre enfant, il est important de reconnaître le statut de victime pour l'aider à aller de l'avant. En parallèle, il est essentiel de prévenir l'école de ce qu'il se passe et d'entamer des procédures au commissariat. Le Happy Slapping est un délit et les auteurs méritent d'être punis. Si la vidéo circule sur le net, vous pouvez la signaler sur PHAROS, un service géré par la gendarmerie qui permet de supprimer un contenu illicite sur la toile. Quant aux harceleurs, eux aussi doivent - en plus de leur punition - être accompagnés pour comprendre pourquoi ce qu'ils ont fait est mal.
Enfin, l'enfant victime peut avoir besoin d'un suivi psychologique auprès de professionnels, ne lésinez pas sur les moyens. Le changement d'établissement peut également être envisagé pour le bien-être et la santé mentale de l'enfant victime. Quoi qu'il en soit, il ne faut jamais prendre les actes de brimade à la légère, même si, pour certains, ce ne sont que "des jeux d'enfants".