Nous sommes en 2024 et les femmes ont toujours moins d’orgasmes que les hommes

Décidément, les inégalités entre les genres ont aussi leur place dans le lit conjugal. Une nouvelle étude américaine fait le point sur la satisfaction sexuelle des couples hétérosexuels... Et devinez quoi ? Il y a une grande disparité entre les femmes et les hommes.

Écrit par Juliette Gour le

Naïvement, on pensait qu'avec la libération des mœurs et de la parole sur les questions qui entourent la jouissance féminine, le gap orgasmique n'était plus qu'un lointain souvenir. Mais une récente étude prouve le contraire.

Pour ceux du fond qui ne seraient pas familiers avec le terme, le gap orgasmique concerne la disparité qu'il y a entre les femmes et les hommes en matière de plaisir (dans les relations hétérosexuelles). Plus largement, c'est pointer du doigt le fait que les femmes prennent bien moins de plaisir que les hommes lors d'un rapport partagé. Le fait que la sexualité hétérosexuelle ait longtemps été phallocentrée n'a rien arrangé au problème, bien au contraire. S'ajoute à ça une méconnaissance des hommes du corps des femmes et on se retrouve avec 57% des femmes qui simulent l'orgasme pendant l'amour.

Une nouvelle étude publiée dans le Sexual Medicine Journal, met une nouvelle fois en lumière cette disparité qu'il y a entre les femmes et les hommes en matière de plaisir sexuel. On savait déjà que les femmes prenaient plus leur pied avec un sextoy qu'avec un mec, mais ce que cette étude met en lumière, c'est que seulement 49% des femmes ont un orgasme lors d'un rapport hétérosexuel. Les hommes en face, sont 70 à 85% à avouer avoir eu un orgasme. Une différence énorme donc, qui peut s'expliquer par plusieurs facteurs.

Une priorisation du plaisir masculin qui laisse les femmes de côté

Pour le Dr. Gresselman qui a dirigé cette étude, une partie du problème viendrait de "la priorisation du plaisir masculin versus la sous-évaluation de celui des femmes." Pendant des années, on nous a martelé que le sexe était essentiel pour les hommes (comme un besoin bestial) alors que pour les femmes c'était presque une corvée (si on schématise).

On apprend aux petites filles à dire "NON" très tôt, en leur disant que le sexe c'est mal. On évite de parler de sexualité autant que possible et on juge les femmes avec un bodycount "trop haut". Tous ces petits aspects mis bout à bout poussent la société à penser que les femmes ne sont pas faites pour le sexe et, par extension, on ne les invite pas à s'intéresser à leur mécanisme de plaisir. Évidemment, si on n'encourage pas les femmes à le faire, les hommes ne le font pas non plus. Il y a donc, encore aujourd'hui, une vraie méconnaissance du corps des femmes de la part des hommes hétérosexuels et ce serait en partie à cause de ça que les femmes jouissent moins avec un homme. 

Lorsque l'on compare avec les couples lesbiens, on se rend compte que la satisfaction des femmes est bien plus élevée. Ce n'est pas un hasard, c'est simplement que les partenaires connaissent les mécanismes de plaisir de l'autre.

Quelle est la solution ?

Sans grande surprise, la solution réside dans l'éducation. La déconstruction des schémas patriarcaux, doublé d'une vraie sensibilisation au plaisir de l'autre. La communication est évidemment l'autre aspect essentiel. La sexualité étant encore un tabou, même les couples ont parfois du mal à communiquer sur les questions de cul et c'est souvent la source de nombreux problèmes.

Il y a aussi des lectures qui peuvent aider les hommes, comme le livre "Jouissance club", qui parle de sexualité positive pour tous les genres. Un livre à avoir dans sa table de nuit donc, ou à offrir à tous les mâles en mal d'amour, qui ne comprennent pas pourquoi les femmes ne les rappellent pas.

Est-ce qu'orgasme rime forcément avec satisfaction sexuelle ?

L'étude met également en lumière un autre aspect de notre sexualité, qui est peut-être le plus limitant. Est-ce que l'orgasme (féminin ou masculin) est obligatoire pour prendre son pied ? Rime-t-il forcément avec vie sexuelle satisfaisante. Le plaisir étant un mécanisme subtil, le moindre paramètre peut changer quelque chose dans les habitudes : un peu plus de fatigue ou de stress et les sensations ne sont plus les mêmes. Il est également important d'évoquer le cycle hormonal féminin, qui a lui aussi un impact sur la sexualité.

Ce n'est cependant pas une raison pour que les hommes ne s'éduquent pas et que les femmes s'empêchent de clamer haut et fort qu'elles méritent de mordre leur oreiller de plaisir.

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