Les gymnaste ont enfin le droit de mettre un short en compétition (il était temps)
La Fédération française de gymnastique change les règles du jeu et bouscule les codes en autorisant le port du short en compétition. Une réforme qui fait débat...
Écrit par Erine Viallard le

Depuis le 20 janvier, un petit bout de tissu a réussi à bousculer les codes bien ancrés de la gymnastique française.La Fédération française de gymnastique (FFGym) a officiellement autorisé les gymnastes féminines à porter un short par-dessus leur justaucorps en compétition.
Une réforme qui semble anodine pour les non-initiés, mais qui change tout pour celles qui pratiquent cette discipline exigeante. Jusqu'ici, toute gymnaste osant le short était automatiquement sanctionnée de 0,3 point - une perte immense quand on sait que le podium se joue souvent au dixième près.
Cette réforme, qui autorise un short ne dépassant pas 10 cm de long à partir de l'entrejambe, était attendue par de nombreuses sportives. Mais il semblerait que cette réforme ne soit pas du goût de tout le monde.
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Un bout de tissu nécessaire
Emblème incontournable de la gymnastique, le justaucorps n’est pourtant pas toujours l’allié des athlètes. En plein enchaînement, il peut remonter, exposer plus que ce qui est déjà vu. Souvent, les gymnastes sont obligées de coller le justaucorps à leur fesses pour éviter les mauvaises surprises. Sans oublier la question des menstruations. Avant cette nouvelle règle, une gymnaste devait soit demander une dérogation, soit prendre le risque de voir une trace apparaître ou, pire, la ficelle d’un tampon dépasser en plein passage devant les juges. "Cela revenait à montrer à tout le monde qu'elles avaient leurs règles", explique Sandra Paulin, entraîneuse dans l'Essonne pour Le Monde.
Derrière cette avancée, une femme : Dominique Mérieux, élue présidente de la FFGym en novembre dernier. Premier signe de changement sous son mandat, cette mesure phare vise plus d’inclusion et de bien-être pour les gymnastes, qui composent 84 % des licenciés."Le fait d'être une femme a pu motiver cette décision. J'ai moi-même été pratiquante, je sais à quel point le justaucorps peut être inconfortable",confie-t-elle à Le Monde.
Un short qui signifie beaucoup
Les gymnastes ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Certaines ont même sauté sur l’occasion pour porter un short lors de leur dernière compétition, ravies d’avoir enfin un choix plus confortable. D’autres, en revanche, restent attachées au justaucorps, qu’elles trouvent plus élégant.
Mais cette réforme fait débat. Certains puristes redoutent qu’elle ne chamboule l’image traditionnelle de la gymnastique, solidement ancrée depuis des décennies. D’autres, plus critiques, jugent que ce n’était pas la priorité, surtout après les résultats des gymnastes françaises aux Jeux olympiques de Paris 2024 - oups.
Pour Dominique Mérieux, l'autonomie des gymnastes sur leur tenue est au contraire une étape cruciale du renouveau de la FFGym."L'inclusion et l'épanouissement des sportives sont au cœur de notre projet", affirme-t-elle, rappelant que la gymnastique doit évoluer avec son époque. Une démarche qui fait écho aux gymnastes allemandes, qui avaient osé le justaucorps intégral aux JO de Tokyo en 2021 pour protester contre l'hypersexualisation des tenues.
Un petit pas pour les fédérations, un grand pas pour le sport
La gymnastique est loin d’être le seul sport où les tenues imposées aux femmes sont plus strictes que celles des hommes. Le beach-volley en est l’exemple parfait : pendant des années, les joueuses ont été obligées de porter un bikini, tandis que leurs homologues masculins évoluaient en short ample et débardeur. Il a fallu attendre 2012 pour que la Fédération internationale autorise enfin le port du short et du t-shirt. En 2021, l’équipe norvégienne de beach-handball avait fait scandale en refusant le bikini obligatoire, écopant au passage d’une amende pour avoir joué en short. Face à l’indignation générale, l’instance internationale avait fini par reculer.
Les choses bougent, et c’est tant mieux. La question du choix des tenues devient un véritable enjeu dans le sport féminin, où la performance devrait l’emporter sur les diktats esthétiques. La réforme du short en gymnastique pourrait bien donner des idées à d’autres disciplines, comme la natation synchronisée ou l’athlétisme. À suivre de près.