Qu’est-ce qu’une mamange, ce rôle si particulier et douloureux à la fois ?
Perdre un enfant est une épreuve inimaginable, mais certaines femmes trouvent du réconfort dans le terme "mamange". Plus qu'un mot, c'est une vraie communauté.
Écrit par Noa Gonzo Rombo le
Parfois, pour affronter les pires épreuves de la vie, il faut des mots. Des mots qui sauront expliquer l'inexplicable. Tous les jours, des futurs parents apprennent que leur enfant ne pourra pas vivre, que ce soit durant la grossesse ou dès les premiers jours de vie. Il est toujours difficile de donner du sens à ce type d'évènement. Alors sur les réseaux sociaux, on observe l'émergence de différents groupes de soutien : les mamanges et les papanges. Ce sont ces parents qui se regroupent pour se confier, exprimer leurs peurs et mieux faire le deuil de leur bébé.
Définition : qui est un parange ? C'est quoi être un papange ou une mamange ?
Concrètement mamange est la contraction des mots "maman" et "ange". C'est un terme qui désigne des mères ayant perdu leur enfant avant la naissance ou quelques jours après. Mais surtout, c'est aussi un moyen de parler de ces communautés de plus en plus nombreuses qui évoquent ces sujets que ce soit dans la "vraie vie" ou sur Internet. Sur des forums ou sur les réseaux sociaux, ils se soutiennent et échangent sur les moyens de surmonter l'épreuve du deuil périnatal. Très souvent, les parents confrontés à ces tragédies ont l'impression que l'entourage, même bienveillant, ne comprend pas l'immensité de la douleur provoquée par le bébé perdu. Les termes papange, pour les pères, et parange, pour les parents, sont aussi utilisés.
Bébé ange : Un deuil unique qui n'a que peu de sens
Lorsque l'on perd un bébé, le deuil périnatal est différent d'un deuil pour une personne adulte ou encore âgée. Pour commencer, il n'y a pas de souvenirs auxquels se raccrocher. La rencontre entre les parents et l'enfant (quand elle a eu lieu) est généralement très brève. Aussi, dans les cas de décès périnataux, il y a une confrontation directe entre la vie et la mort, qui peut être difficile à supporter pour la mère, mais aussi pour le père.
Il y a aussi la question de la famille autour qui, par peur d'affronter la tristesse des parents, décide de ne pas en parler. Il est impératif de dialoguer à ce sujet, de libérer la voix pour permettre un deuil un peu moins douloureux.
Comment aider, soutenir et consoler une mamange ?
Soutenir une mamange ou un papange est une tâche délicate qui nécessite beaucoup d'empathie, de patience et de compréhension. Votre présence et écoute active font déjà un très grand travail. Vous pouvez également proposer votre aide pratique pour alléger son quotidien. Le principal est de respecter le rythme de la personne, car chacun vit le deuil à son rythme.
Si vous sentez que votre aide ne suffit pas, encouragez le soutien professionnel : il existe des psychologues ou des groupes de parole spécialisés dans le deuil périnatal. Vous pouvez également conseiller des livres ou des articles qui peuvent l'aider à trouver du réconfort. Surtout, il faut que votre soutien soit sur le long terme. Il faut que votre proche comprenne que vous être toujours là pour lui.
Que dit la loi sur ce type d'évènement, lors d'une fausse couche par exemple ?
Dans la conscience collective et aux yeux de la société, il reste encore beaucoup de travail pour rendre moins tabou les décès périnataux, mais aussi le statut de mamange et de papange. Au niveau de la loi, les choses évoluent dans le bon sens. Pour commencer, dès 15 semaines d'aménorrhées, l'enfant peut être inscrit à l'état civil, dans le livret de famille. Il est aussi possible de délivrer un certificat de grossesse qui permettra à l'enfant d'apparaître dans le livret de famille, même en cas d'accouchement prématuré ou encore d'interruption médicale de grossesse.
À partir de 22 semaines d'aménorrhées, si l'enfant naît vivant et qu'il décède par la suite, il est obligatoire de le déclarer pour ensuite délivrer un certificat de naissance et de décès qui seront reportés dans le livret de famille.
Quel que soit l'âge du fœtus, il est possible pour les parents qui le souhaitent d'organiser des obsèques.
Dernier point, les parents endeuillés ont des droits. Dans le cas d'une naissance à 22 semaines d'aménorrhées, les parents ont le droit à tous leurs congés maternité et paternité. En dessous, ils doivent demander à leur employeur un arrêt de travail. Il faut aussi savoir que certaines prestations sociales sont accordées en cette période particulièrement difficile, comme la prime de naissance là aussi accordée à partir de 22 semaines d'aménorrhées. Toujours à la même période, les impôts prennent en compte les enfants nés sans vie.
En somme, tout est fait pour permettre aux mamanges et papanges de mener à bien leur deuil sans avoir à se soucier d'éventuelles dépenses liées à la disparition de leur enfant.
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