Se mettre au régime entre 16 et 25 ans augmente considérablement le risque d’être en surpoids après
Une étude a montré le lien entre les régimes chez les adolescentes et leur risque d'être en surpoids plus tard, à l'âge adulte. Une experte nous éclaire à ce sujet.
Écrit par Alice Legrand le
On le sait, les régimes sont mauvais pour la santé. Mais saviez-vous qu'ils pourraient aussi avoir un effet inverse ?
Cette étude, publiée dans le National Library of Medicine, montre en effet que si les femmes avaient suivi plusieurs régimes pendant leur adolescence, elles avaient 5,2 fois plus de probabilité d’être en surpoids à l’âge de 25 ans que leur jumelle qui n’en avait suivi aucun.
Alors nous avons demandé à Myriam Felvia, psychologue et spécialiste en psycho-neuro-nutrition, de nous parler de ce lien entre régime et prise de poids. Elle prône, entre autres, "une alimentation sereine en se comprenant plutôt qu’en se privant", sur son compte Instagram et son podcast Kilos & Psycho.
L'effet yoyo, c'est ce que beaucoup de femmes expérimentent quand elles tentent de se mettre au régime. Et il semblerait que si ces régimes sont essayés pendant l'adolescence, l'effet rebond serait décuplé. Si certaines jeunes filles ont envie de commencer un régime après s'être comparées sur les réseaux sociaux ou dans les magazines, d'autres développent cette envie (et parfois même des Troubles de Conduite Alimentaire), à cause des Almond Moms, ces mères toxiques qui glorifient la minceur extrême.
Pourquoi un régime entraîne souvent une prise de poids ?
Quand on commence un régime, c'est pour perdre quelques kilos, pas pour en gagner le double le mois suivant ! Pourtant, on dit que les régimes sont dangereux et inefficaces car l'effet yoyo est presque toujours existant.
Myriam Felvia nous explique : "Notre cerveau est le résultat de milliers d’années d’évolution au cours desquelles il a appris à survivre. Son objectif ira toujours en ce sens. S'affamer pour avoir un corps à la mode n’a aucun sens pour lui. Ainsi, à chaque régime, c’est pour lui une alerte que ses réserves sont en danger". Surtout si cette perte de poids est rapide et importante !
Alors, "il mettra tout en œuvre pour revenir à la « normale » : ralentir le métabolisme, envoyer plus de sensations de faim, plus d’envies d’aliments riches, moins de sensations de rassasiement. Résultat, on reprend le poids perdu et souvent un petit bonus histoire de mieux survivre à la prochaine famine", continue l'experte.
Donc, plus on fait de régimes, plus notre poids d’équilibre, c’est-à-dire le poids qu'on parviendrait à atteindre et à maintenir en respectant les sensations de faim, augmente.
Comment les publicités prônant minceur et perte de poids rapides impactent notre santé physique et mentale ?
Le régime rapide est considéré comme une mise en danger pour notre cerveau, qui réagira en fonction. Myriam Felvia précise : "D’un point de vue psychologique, c’est une véritable charge mentale d’aller quotidiennement lutter contre ses envies mais aussi ses besoins. Car naturellement, notre corps nous enverra des envies correspondantes à ce qu’il détecte comme une carence". Par exemple, on aura envie de fromage si l'on manque de calcium, mais pour notre cerveau, ce sera un problème, car le fromage est jugé comme trop calorique…
Cette tentation (et parfois ce craquage) entraîne alors culpabilité et déception, tout comme s'il y a une reprise de poids. C'est vécu comme un véritable échec personnel ! Or, un régime est toujours voué à l'échec puisqu'aucune phase de stabilisation ne peut vous maintenir en dessous de votre poids d’origine.
La psychologue explique : "Votre cerveau vous ramènera toujours au poids d’équilibre. Voire plus, si vous développez une relation compliquée avec l’alimentation ce qui arrive fatalement en multipliant les restrictions. Il s’agit là du meilleur des cas, car bien sûr beaucoup de troubles du comportement alimentaire, comme la boulimie, l'anorexie, l'hyperphagie ou encore l'orthorexie, débutent par ces régimes".
Je suis habituée des régimes et je veux m'en détacher : que faire ?
On a beau expliquer que le régime c'est néfaste, les femmes qui veulent perdre du poids ont du mal à l'accepter, faute d'alternatives. Myriam Felvia nous conseille, premièrement, "de comprendre les raisons pour lesquelles on mange davantage que ses besoins (craquages, règles de politesse, opportunité, peur du manque ou peur d’avoir faim...)". Si l'on veut changer ses comportements, il faut en avoir conscience.
Elle continue : "La deuxième étape est inattendue, mais je crois que le féminisme est l’une des clés. L’étape nécessaire pour arrêter de contrôler son alimentation est d’accepter son poids. Pour cela, il faut pouvoir mettre de côté l’idée que la femme doit avoir un corps parfait pour avoir de la valeur. Il faut apprendre à développer estime et affirmation de soi, car même si nous, on change notre façon de voir les choses, il faut être en mesure d’affronter la réalité des autres (commentaires sur notre poids et notre assiette)".
Quand on n'est plus dans le contrôle permanent, c'est ainsi que l'on peut facilement se détacher du calcul des calories de notre assiette. Avec ce lâcher prise sur l'alimentation, notre corps peut à nouveau se réguler seul. "Comme on le faisait bébé, avant que pleins de petits grains de sable viennent modifier notre comportement alimentaire…", conclut l'experte.