Une psychologue nous aide à débunker 7 troubles psy

Si l'un de vos proches souffre de ces troubles, cet article vous aidera sûrement à mieux le comprendre.

Écrit par Alice Legrand le

Les troubles psychologiques, aussi appelés troubles mentaux, sont bien plus courants qu'on ne le pense. Ces conditions affectent la pensée, les émotions, le comportement et le fonctionnement quotidien. Pour les personnes qui en souffrent, c'est un véritable handicap au quotidien.

Comme ils sont variés, plurifactoriels et dépendent de chaque individu, ils peuvent aller de légers à sévères. Ils influencent très souvent la qualité de vie des personnes concernées, et le manque de compréhension de l'entourage ne facilite pas les choses.

Dans cet article, nous avons décidé de vous présenter 7 troubles majeurs qui cumulés touchent une grande partie de la population. Nous ne parlerons ici que de l'état névrotique, pas de la psychose. Il est important de garder en tête qu'au-delà d'essayer de s'auto-diagnostiquer, il faut aller voir un professionnel de santé qui pourra poser un diagnostic fondé sur autre chose que des articles lus en masse sur internet. L'idée ici est surtout d'informer un plus grand nombre, de libérer la parole à ce sujet et d'apporter des solutions, à creuser selon le profil.

Pour nous aider, Marie Caurandpsychologue psychothérapeute intégrative a répondu à nos questions. Et face à la vaste quantité d'informations découvertes dès le début de nos recherches, son expertise nous a été d'une grande aide.

On débunke 7 troubles psychologiques avec l'aide d'une psychologue

Avant tout, il est important de rappeler certaines bases. Tout d'abord, il existe des états et des structures. Quand on parle de trouble, c'est un synonyme de syndrome. Ces troubles peuvent apparaître à la suite d'un traumatisme, d'un mal-être, ou d'un stress trop important par exemple. Ce qu'il faut garder en tête, c'est que tous ces troubles sont là pour une raison : votre corps veut vous faire passer un message. Il faut normaliser ces ressentis.

Marie Caurand nous explique : "Si vous avez des symptômes, c'est justement que votre corps a suffisamment de force vitale pour vous indiquer qu'il y a un problème. Au-delà de voir ces symptômes comme quelque chose de honteux ou de handicapant, c'est une information et un indicateur afin d'aller consulter et revenir sur le problème à la source". C'est uniquement en travaillant sur vous, seul(e) et à l'aide d'un professionnel de santé mentale, que vous allez pouvoir passer outre.

1. Le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC)

Le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) est caractérisé par des obsessions et des compulsions qui altèrent de manière significative la vie quotidienne d'une personne. Il est généralement manifesté par des obsessions (pensées, images ou impulsions répétitives) qui provoquent une grande anxiété. La personne se sent alors obligée de compulsivement répéter certains comportements ou rituels.

"Le TOC est intéressant puisqu'il permet de se désangoisser. C'est un mécanisme de défense pour régler des conflits internes", nous explique Marie Caurand. Les TOC sont un très bon indicateur sur notre fonctionnement et sur les tracas ou traumatismes que pas encore réglés.

Quels sont les symptômes ?

Le TOC peut prendre diverses formes : peur de la contamination, doutes répétés ("est-ce que j'ai bien fermé la porte en partant ?"), pensées agressives ou violentes (peur de blesser quelqu'un ou soi-même) ou encore des pensées interdites (sexuelles ou religieuses par exemple).

Ces pensées peuvent s'accompagner de compulsions, qui ont pour but de réduire l'anxiété causée par les pensées. Ce sont des comportements répétitifs ou rituels, qui peuvent être un lavage excessif, des vérifications répétées, un comptage ou une répétition mentale, un alignement des objets strict...

2. L'état de stress post-traumatique (ESPT)

Beaucoup de gens ne le savent pas, pourtant ils souffrent d'un État de Stress Post-Traumatique. Très connu sous le nom de Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD) en anglais, c'est un trouble mental qui se développe après avoir vécu ou été témoin d'un événement traumatisant. Cela peut être une agression, un accident grave, une catastrophe naturelle, un conflit armé, "ou tout autre incident de la vie qui aurait pu avoir une incidence sur votre intégrité physique et/ou psychique", explique Marie Caurand.

Quels sont les symptômes ?

Il existe quatre symptômes principaux : le revécu du traumatisme (avec des flash-back, des cauchemars, des pensées intrusives...), un évitement (donc éviter les déclencheurs qui rappellent le traumatisme, un isolement social ou un refus d'en parler et d'y penser), une hypervigilance (réactions disproportionnées, sursauts exagérés, problèmes de concentration ou troubles du sommeil) ou encore une altération cognitive (pensées négatives, sentiment de culpabilité ou de honte et difficulté à ressentir des émotions positives).

3. Le Trouble Anxieux Généralisé (TAG)

Vous souffrez d'une anxiétéexcessive, persistante et difficile à contrôler ? Vous avez peut-être un Trouble Anxieux Généralisé (TAG). Il s'agit d'une anxiété chronique qui peut vraiment impacter votre vie quotidienne, à la différence d'une anxiété normale que tout le monde peut ressentir ponctuellement.

Quels sont les symptômes ?

Il y a plusieurs symptômes psychologiques au TAG : inquiétude excessive (et souvent incontrôlable), anticipation du piredifficulté à se détendre, troubles de la concentration, irritabilité... "Il faut observer cette anxiété pendant au moins 6 mois pour conduire à un tel diagnostic", précise Marie Caurand.

D'autres symptômes, plus physiques, ne sont pas pour autant à négliger : fatigue, tensions musculaires, troubles du sommeil, maux de tête, forte transpiration, troubles digestifs... Ces symptômes peuvent être liés au stress, mais attention à écarter les pistes organiques.

Un TAG peut s'accompagner d'un trouble de panique, qui se caractérise par "la succession de crises de panique inattendues" pouvant conduire à une anxiété anticipée : la peur d'avoir une crise d'angoisse. Oui, c'est un peu un cercle vicieux, et cela peut conduire à une stratégie d'évitement de la foule, des endroits fermés ou de toute situation pouvant déclencher des crises d'angoisse ou attaques de panique. "Beaucoup de patients décrivent ces symptômes sans s'imaginer qu'il s'agit du trouble de panique", poursuit Marie Caurand.

4. La névrose phobique

Plus couramment appelée phobie, la névrose phobique est un trouble caractérisé par une peur irrationnelle, excessive et persistante d'un objet, d'une situation ou d'une activité spécifique. Cette peur est évidemment disproportionnée par rapport au réel danger et conduit donc souvent à des comportements d'évitement. Certaines phobies du quotidien peuvent être particulièrement invalidantes.

Il existe plusieurs types de névroses phobiques : les phobies spécifiques (d'un animal, de la hauteur, des avions...), les phobies sociales (parler en public, rencontrer de nouvelles personnes, manger en public...) et l'agoraphobie (peur des lieux publics d'où il peut être difficile de s'échapper ou d'où il est difficile d'obtenir de l'aide).

Quels sont les symptômes ?

S'ils peuvent varier en intensité, ils sont souvent psychologiques (peur irrationnelle, inquiétude anticipatoire, comportement d'évitement, sentiment de perte de contrôle...) et physiques (palpitations cardiaques, tremblements, sensation de suffocation, bouffées de chaleur...).

5. Le syndrome dépressif

Également appelé dépression ou trouble dépressif majeur, le syndrome dépressif est un trouble de l'humeur caractérisé par une tristesse persistante et une perte d'intérêt pour les activités quotidiennes. Marie Caurand est formelle : "La personne dépressive ressent difficilement du plaisir au quotidien, et cela va bien au-delà d'une simple tristesse temporaire". On le voit grâce aux nombreux symptômes qui l'accompagnent.

Quels sont les symptômes ?

Ils se manifestent généralement sous trois formes. La première regroupe les symptômes émotionnels : la tristesse persistante, la perte d'intérêt, l'anxiété, le sentiment d'inutilité, l'irritabilité, les pensées suicidaires. La deuxième est composée des symptômes physiques : fatigue, troubles du sommeil, changement de poids ou d'appétit, douleurs physiques sans cause médicale apparente, ralenti psychomoteur ou au contraire, agitation. La troisième forme est comportementale : concentration difficile, retrait social, diminution de la productivité et comportements autodestructeurs.

6. Le Trouble des Conduites Alimentaires (TCA)

Le TCA est un terme général qui englobe plusieurs troubles psychologiques caractérisés par des comportements alimentaires perturbés et une préoccupation excessive concernant le poids, la forme du corps ou même la nourriture. Les conséquences sur la santé peuvent être graves.

Il existe plusieurs types de TCA, allant de l'anorexie mentale (restriction alimentaire sévère, peur intense de prendre du poids et image corporelle déformée) à la boulimie nerveuse (consommation de grandes quantités de nourriture en peu de temps, comportement compensatoire pour éviter la prise de poids comme des vomissements ou l'usage de laxatifs) en passant par l'hyperphagie boulimique (similaire à la boulimie, mais sans les comportements compensatoires).

Quels sont les symptômes ?

Même si nous venons de détailler les spécificités de chaque TCA, il existe des symptômes communs à la majorité des troubles alimentaires. Ils peuvent être physiques : perte ou gain de poids significatif, problèmes digestifs, fatigue, problèmes cardiaques, aménorrhée (perte des menstruations chez les femmes en raison d'une perte de poids extrême). Mais aussi psychologiques, avec une préoccupation excessive pour le poids et la nourriture, une distorsion de l'image corporelle, de l'anxiété et un isolement social.

D'autres symptômes, plus comportementaux, sont également observés. Il peut y avoir ritualisation alimentaire, vérification corporelle, mensonges à ses proches ou encore achat et consommation compulsive de grandes quantités de nourriture.

7. Le Trouble Déficit de l'Attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)

Le Trouble Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la capacité à se concentrer, à contrôler ses impulsions et à gérer son niveau d'activité. Il est généralement diagnostiqué pendant l'enfance, mais il peut persister. Un diagnostic tardif peut avoir lieu à l'âge adulte.

Il existe trois types de TDAH : le type inattentif, le type hyperactif/impulsif, et le type combiné. C'est d'ailleurs pour cela que l'on part de trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité.

Quels sont les symptômes ?

Les principaux symptômes sont l'inattention (difficulté à prêter attention aux détails, à rester concentré, à s'organiser et à suivre les instructions), l'hyperactivité (agitation, difficulté à rester assis, court et grimpe partout, parle excessivement) et l'impulsivité (difficulté à attendre son tour, réponses précipitées, interrompt souvent les conversations).

Comment traiter ces troubles psy ?

Selon le trouble et l'intensité de ce dernier, plusieurs techniques et approches peuvent être recommandées.

Les thérapies non médicamenteuses

La parole est un levier très important dans la guérison. La psychanalyse, "laisse le patient verbaliser par l'association libre en laissant faire l'inconscient", nous explique Marie Caurand. Cette approche permet de "métaboliser, faire des liens et commencer un travail archéologique". Les groupes de parole sont une autre façon d'aborder ces problématiques. Ils peuvent offrir un espace pour partager ses expériences avec d'autres personnes souffrant du même trouble, et d'apprendre de nouvelles stratégies de gestion.

Des thérapies dites intégrativespsychocorporelles existent aussi pour mêler le corps et l'esprit, en cas d'état de stress post-traumatique par exemple, pour "désensibiliser le trauma". Découvert dans les années 80, il s'agit de l'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), qui reprend un mouvement naturel de balayage des yeux pour endiguer les événements négatifs. Par cette technique, le patient recréé le mécanisme d'autoguérison afin de repenser au traumatisme "comme faisant partie de sa vie mais de façon plus éloignée, plus floue et sans aucuns symptômes", précise Marie Caurand.

L'ICV (Intégration Cycle de la Vie) quant à elle, reprend hypnose et EMDR. Le psychologue l'utilise pour traiter un traumatisme, un trouble de l'attachement, un problème d'estime de soi, de confiance en soi ou encore une dérégulation émotionnelle, comme une addiction ou un trouble du comportement. Marie Caurand explique : "L'idée est de montrer au corps que le temps est passé et qu'il n'est plus en danger, qu'il n'a donc plus besoin d'agir de la même façon inadaptée et irrationnelle qu'avant". La méditation pleine conscience quant à elle, permet de prévenir de la dépression, avoir une meilleure tolérance à la douleur et augmenter ses capacités attentionnelles.

Enfin, la Thérapie Cognitive-Comportementale (TCC), elle aussi très répandue, est idéale pour les phobies, les TOC et les troubles anxieux. En effet, elle se concentre sur la modification des pensées et des comportements dysfonctionnels. L'EPR (Exposition avec prévention de la réponse) est une forme de TCC très efficace, puisqu'elle expose la personne à ses obsessions sans lui permettre de réaliser ses compulsions, diminuant au fil du temps son anxiété.

Les thérapies médicamenteuses

Dans certains cas et selon la gravité du trouble, des médicaments comme des anxiolytiques et des antidépresseurs peuvent aussi être administrés, via un médecin ou psychiatre. Mais ils sont loin d'être une fatalité : "Tout est question de balance entre bénéfices et risques, si vous n'arrivez plus à fonctionner, à dormir ou si vous avez des idées suicidaires", nuance Marie Caurand. Il existe de nombreuses alternatives pour travailler sur le corps. Mais vous savez maintenant qu'il existe de nombreuses approches non médicamenteuses, alors à vous de choisir laquelle vous conviendra le mieux.

En tous les cas, si vous pensez souffrir de l'un de ces troubles, il faut consulter un professionnel de santé (médecin ou psychiatre) pour qu'il puisse établir un diagnostic et écarter les pistes organiques (donc les conditions médicales). Pour que ce dernier soit posé, il faut que les symptômes soient présents depuis plusieurs mois et handicapent réellement le quotidien de l'individu. En parallèle, vous pouvez démarrer un travail thérapeutique plus profond à l'aide d'un psychologue psychothérapeute diplômé.

Retrouvez plus d'articles dans notre rubrique Santé.

Tags :

À lire aussi