Comment ça, la saison 2 de Squid Game n’est pas un raté ?

Je ne m'attendais à rien et, surprise, je ne suis pas déçue. Voici un avis (totalement subjectif) sur la nouvelle saison de Squid Game.

Écrit par Juliette Gour le

Nous avons tous des toxics traits. Le mien, c'est de vivre dans un monde en coréen sous-titré français (et ce, avant même que ça devienne hype). J'ai terminé l'entièreté du catalogue coréen de Netflix (2 fois) et je pense que j'ai vu assez de drama pour devenir scénariste au pays du matin calme. C'est donc tout naturellement que, quand la saison 1 de Squid Game est sortie, tout le monde m'a demandé mon avis sur la question et j'ai été très honnête. Oui, c'est violent, mais c'est l'illustration parfaite de ce que peuvent faire les Coréens lorsqu'on leur donne les moyens de s'exprimer : une série multicouche qui, sous couvert de violence, n'est rien de plus qu'une critique de la société.

Les Coréens aiment les messages subliminaux, parce que ce n'est pas un pays où on clame haut et fort son opinion (sauf en cas de tentative de coup d'État, cf l'actualité). Seul ombre au tableau, c'est qu'il est possible que le message, sous le vernis de la série, n'ait pas été compris de tous (et ça, il fallait s'en douter). Certains n'ont tellement pas compris qu'ils ont postulé pour une version IRL de la série et se sont plains des mauvais traitements pendant le tournage. Ironique comme situation, pour des gens qui avaient envie de vivre le jeu de l'intérieur.

Une fois la première saison terminée, je m'attendais à tout, sauf à une suite... Parce que les Coréens ne sont pas bons dans les secondes saisons (les dramas s'arrêtent généralement après 16 épisodes) et le récit semblait clôturé, avec une fin travaillée et cohérente. Mais c'était sans compter sur l'obstination de Netflix, bien décidé à capitaliser sur une licence ultra-lucrative.

Pour rappel, la première saison de Squid Game a battu des records historiques pour la plateforme, comme celui du meilleur démarrage (en 2021), avec 111 millions de visionnages en 27 jours. Hwang Dong-hyuk, l'auteur de la série n'était lui-même pas particulièrement emballée pour un second tour, mais il a manifestement été touché par la grâce entre-temps, en pondant une intrigue "encore plus intense et percutante", motivée par l'argent (il l'a lui même avoué à la BBC). Ça promet.

Mais alors, qu'en est-il ? J'ai eu la chance de pouvoir visionner le premier épisode en avant-première et voici mon avis - à chaud - sur ce que nous promet cette toute nouvelle saison.

Violence porn et culpabilisation (un joyeux programme)

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Vous avez trouvé la première saison violente ? Armez-vous de courage pour la seconde. On retrouve Seong Gi-Hun là où on l'a laissé - à l'aéroport - bien décidé à prendre sa vengeance. Pendant 2 ans, il va traquer le "Front Man" pour découvrir qui est le commanditaire de ce jeu morbide. C'est en réalité tout ce que l'on peut dire si l'on veut éviter de spoiler l'épisode.

On retiendra en revanche la justesse du casting. Gong Yoo, le mythique "Front Man" est fascinant de stoïcisme tout en étant d'une violence inouïe. Pour le reste du casting, on ne sait pas grand-chose, si ce n'est le retour de Wi Ha-Joon (toujours sexy et toujours flic) et de Lee Jung-jae, personnage central passablement déséquilibré. On note également la présence de quelques têtes connues des KDrama (normalement romantique) que l'on découvre dans des rôles plus sombres (et on adore ça).

Est-ce que ce premier épisode est bon ? Plutôt oui, car il vient installer une atmosphère que l'on comprend plus sombre et encore plus torturée. Est-ce que la série est tout publique ? Non et elle ne doit pas être montrée à des enfants... Même si les leçons que l'on peut en tirer sont particulièrement précieuses.

Une série pour nous culpabiliser ?

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Si la première saison était une critique du système du privilège, qui veut que les riches exploitent les plus pauvres pour leur plus grand plaisir, cette seconde saison pourrait un poil inverser le propos et nous viser directement, nous le public qui mûrit l'appât du gain quoi qu'il en coûte.

La base de cette théorie ? La scène centrale de ce premier épisode qui nous met face à une situation pas si inédite : même lorsque l'on n’a plus rien, est-ce qu'on préfère acheter du pain pour se nourrir ou un ticket de Loto pour espérer devenir riche ? Dans un monde où la précarité prend de plus en plus de place (en France, près de 9,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022), la consommation reste ce qui nous définit en tant qu'humain valable aux yeux de la société, si bien que l'on est prêt à s'endetter pour donner l'illusion que l'on a les moyens de consommer.

C'est facile de pointer les riches du doigt, parce que tout le monde s'accorde à dire que ce sont eux les méchants dans l'histoire... Mais comment va réagir le public en étant directement visé par cette nouvelle critique ? La question reste entière.

On en vient même à se demander si le "Front man" n'est pas l'allégorie de la perversion ou du regard de la société, car c'est lui qui nous pousse dans nos pires retranchements.

Un marketing XXL pour nourrir de grosses attentes ?

La saison 1 n'avait presque pas eu de promo, mais pour la saison 2, Netflix a mis le paquet. Entre le "un, deux, trois soleil" géant sur les Champs Élysée et les différents évènements partout dans le monde, on sent que l'usine du toudoum a envie de réitérer l'exploit.

Peut-on s'attendre à un succès ? La curiosité poussera sûrement les fans de la première saison à jeter un coup d'œil à la seconde... Mais, si le premier épisode est annonciateur du niveau de violence de la série, pas sûre que l'ensemble du public tienne le choc. Le public occidental n'est pas aussi friant que les Asiatiques en matière d'horreur et de gore... Si bien que le gap culturel pourrait se faire ressentir.

L'ensemble de la série est maintenant disponible sur Netflix et il ne tient qu'à vous de vous faire votre propre avis... Évidemment objectif.