Pourquoi l’Amérique (et vous ?) est obsédée par les Dallas Cowboy Cheerleaders ?

Elles sont belles, fines, blondes, avec des dents ultra-blanches et font la fierté du pays de l'Oncle Sam. Depuis quelques semaines, les Américains ont une nouvelle passion : suivre le quotidien des cheerleaders de l'équipe de Dallas. Mais sous le vernis de la perfection se cachent évidemment des travers toxiques. On vous raconte.

Écrit par Juliette Gour le

Vous pensiez que les pom-pom girls c'était has been ? Figurez-vous que chez nos voisins américains, il n'en est rien. C'est encore tellement ancré dans la culture du pays de l'oncle Sam que Netflix a même décidé d'y consacrer une téléréalité. America's Sweetheart : Les Cheerleader des Dallas Cowboys est l'émission qui fait le buzz outre atlantique depuis sa sortie. Sur TikTok, ce sont près de 16k vidéos qui reprennent la chorégraphie phare, les médias américains dédient même des dossiers complets à l'émission : qui sont les filles ? Les règles à respecter quand on fait partie des DCC...C'est un sujet sans fond.

Mais il fallait s'en douter, sous les paillettes, les pompons et la fierté nationale se cachent des règles sexistes et un certain culte de la perfection qui détonne au pays de toutes les libertés. Depuis 30 ans, la recette n'a pas changé : les costumes sont toujours les mêmes, les filles sont presque des copies conformes et les règles sont inchangées... À croire que le temps s'est arrêté à Dallas. 

On ne sait pas si c'est notre regard de Français qui nous fait grincer des dents, mais tout semble dérangeant dès le visionnage des 10 premières minutes du show signé Netflix. Entre les phrases problématiques des coachs et la détresse de certaines danseuses, on se demande comment tout un peuple peut être obsédé par cette institution...

L'image fantasmée d'une Amérique puissante ?

Pas besoin d'être un spécialiste en culture américaine pour comprendre ce que représentent les DCC pour les ricains. C'est le mythe de la pom-pom girl du lycée poussée à son paroxysme. La crème de la crème d'un capitalisme social, qui permet d'avoir un certain statut dans la société. Certaines familles sont même des dynasties de DCC, c'est dire à quel point c'est positionnant.

Faire partie des cheerleaders de l'équipe de Dallas, c'est l'assurance d'être bien vu par la société. Ces filles sont la représentation d'un certain idéal. Elles sont belles, minces, sexy, en microshort et en permanence entourées des meilleurs joueurs de football américain du pays. C'est évidemment le cliché de l'Amérique puissante, victorieuse, bien loin des luttes sociales du pays. Parce que, finalement, pourquoi s'inquiéter pour la condition des plus démunis tant qu'il y a des nanas en short qui dansent à la télévision. Les DCC ne sont rien de plus que le fantasme de tout un pays, qui croit tout ce que l'on voit sur les papiers glacés des magazines. Les DCC, ce n'est ni plus ni moins que l'Amarican Dream pour les Américains. 

Être une Dallas Cowboy Cheerleader, c'est finalement appartenir à une certaine caste. Un groupe de femmes au-dessus du lot, que l'on loue pour leur plastique et que l'on maltraite loin des caméras, mais à les entendre, le jeu en vaut forcément la chandelle. 

Pourquoi ça nous fait grincer des dents ?

©Dallas Cowboy Cheerleaders
©Dallas Cowboy Cheerleaders

Outre les tonnes de clichés qui entourent cette institution, on se rend rapidement compte qu'il y a plusieurs aspects problématiques chez les DCC. Le premier est peut-être celui de la mixité ethnique. Si des efforts ont été déployés depuis plusieurs années, la troupe reste malgré tout désespérément blanche, avec une absence totale de représentation de ce à quoi ressemble réellement le peuple américain. 

C'est une idéologie du "sud", fièrement traditionnelle et qui continue à diffuser certaines idées d'un autre temps. Le féminisme est évidemment inexistant dans ce petit monde de femmes ou l'essentiel est d'être belle et performante. Pour celles qui ne le sont pas (belles), point besoin de s'inquiéter, les coachs s'occupent de les "retaper".

Les DCC, c'est la quintessence d'une Amérique puritaine avec des danseuses nombril à l'air qui ne sont absolument pas libres de leurs mouvements. Dans un article du Cosmopolitan US, on apprend que les danseuses n'ont pas le droit de prendre du poids, ne peuvent pas être tatouées, n'ont pas le droit de se balader en jeans, doivent toujours être coiffées et maquillées... On se croirait presque dans un label de musique sud-coréen. 

Respectées, mais jusqu'à un certain point

©Dallas Cowboy Cheerleaders
©Dallas Cowboy Cheerleaders

 Cerise sur (l'insipide) gâteau. On pourrait s'attendre qu'au pays du capitalisme, les cheerleaders soient grassement payées. Il n'en est rien. En plus de sacrifier leur vie, elles ne sont pas plus payées que le salaire minimum américain. À titre de comparaison, les mascottes de l'équipe sont payées 14 fois plus que les cheerleaders. Ce n'est pas pour l'argent que ces jeunes femmes sacrifient tout, mais pour le statut et la passion.

Peut-être que notre regard de Français ne nous permet pas de comprendre tout l'aspect culturel qui entoure cette institution. Seuls transparaissent les aspects problématiques du milieu. Mais vu le succès de la série sur Netflix, il semblerait que l'Amérique soit toujours aussi attachée à ces jeunes femmes frangées, parfaitement rodées, qui font rêver les hommes et les petites filles du pays.

America's Sweethearts : Les Cheerleader des Dallas Cowboys est disponible depuis le 20 juin sur Netflix

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