Mais comment les américains vont-ils survivre au ban de Tiktok ?
Interdit, réactivé, menacé à nouveau : TikTok a vécu un véritable feuilleton aux États-Unis. Entre bras de fer politique et migration des utilisateurs vers de nouvelles plateformes, retour sur une saga digne des meilleurs dramas Netflix.
Écrit par Camille Croizé le
Il y a des histoires qu’on ne peut qu’imaginer sortir tout droit d’un épisode de Succession, mais non, celle-ci est bien réelle. En 2020, TikTok, l’application chouchoute des jeunes (et des moins jeunes), se retrouve dans l’œil du cyclone. La raison ? Ses liens avec la Chine, jugés trop étroits par l’administration Trump, qui y voit une menace pour la sécurité nationale. Ce qui s’ensuit est un véritable feuilleton : interdictions, levées d’interdictions, propositions d’achat, rebondissements politiques, et un public américain pris au milieu d’une guerre d’influence.
Trois ans plus tard, TikTok est toujours là, mais les règles du jeu ont changé. Et pendant que certains cherchent déjà leur prochaine plateforme favorite, d’autres assistent à un spectacle fascinant où économie, politique et culture numérique se mêlent de façon explosive.
Acte I - Contexte : Trump, TikTok et l’obsession de la sécurité nationale
En 2020, Donald Trump déclare TikTok persona non grata sur le sol américain. La raison ? Des accusations de collecte de données personnelles qui pourraient, selon lui, tomber entre les mains du gouvernement chinois. Dans un geste à la fois autoritaire et très Trumpien, il promet d’interdire l’application, sauf si ByteDance accepte de vendre sa branche américaine à une entreprise US.
C’est alors que TikTok joue la carte de la diplomatie. En coulisses, on parle de partenariats avec Oracle ou Walmart (oui, oui, le supermarché). Mais les négociations traînent en longueur, et la menace d’une interdiction pure et simple reste suspendue au-dessus de l’application. Finalement, TikTok gagne un sursis. Trump quitte la Maison-Blanche, et l’application semble respirer un peu… jusqu’à ce que l’administration Biden ravive les tensions.
@leparisien Alors que le bannissement de TikTok semble imminent aux États-Unis, ce sont plus de 7 millions de créateurs de contenus sur TikTok qui pourraient perdre une partie de leurs revenus, selon le PDG de TikTok Shou Zi Chew.
♬ son original - Le Parisien
Acte II - Joe Biden, la continuité (mais avec plus de finesse)
Si vous pensiez que Joe Biden allait enterrer la hache de guerre, désolée de vous décevoir. L’équipe de Biden poursuit les négociations entamées par Trump, tout en maintenant une pression constante sur ByteDance.
Mais les choses prennent un tour plus dramatique en 2024, quand la Cour suprême confirme une loi interdisant TikTok à partir de janvier 2025 — à moins que ByteDance ne vende l’application. Le message est clair : Washington ne veut pas de TikTok sous contrôle chinois. ByteDance dément évidemment tout lien avec le gouvernement de Xi Jinping, mais les américains restent sceptiques.
Pendant ce temps, les utilisateurs américains commencent à chercher des alternatives…
@milacttusa Replying to @e’ ♬ Stories 2 - Danilo Stankovic
Acte III - L’évasion digitale des utilisateurs américains
Privés de TikTok, les utilisateurs américains n’ont pas tardé à chercher des solutions. Et deux noms se sont rapidement imposés : RedNote et Lemon8. RedNote, surnommé "le Xiaohongshu occidental", a conquis les jeunes avec son approche lifestyle et ses conseils de mode et beauté. De son côté, Lemon8, petit frère de TikTok, a profité de la situation pour séduire un public en quête de contenu créatif.
Et puis, il y a eu Bluesky. Lancé par Jack Dorsey, ancien PDG de Twitter (actuellement X), cette plateforme décentralisée a gagné en popularité, offrant une alternative aux réseaux sociaux traditionnels. Avec une interface épurée et une promesse de liberté d’expression, Bluesky a attiré une communauté désillusionnée par les géants du numérique.
@dailymail Trump announced the return of TikTok at his victory rally. ‘I like TikTok!’ he declared. 🎥 Reuters #trump#politics#donaldtrump#news#tiktokban♬ original sound - Daily Mail
Acte IV - Plot twist : un retour en force… et des nouvelles menaces
Pas moins tard que le 19 janvier et alors que l’interdiction semblait définitive, TikTok a surpris tout le monde en annonçant son retour aux États-Unis. Un "deal" aurait été conclu pour garantir la sécurité des données des utilisateurs américains, bien que les détails restent flous. Ce retour, bien que célébré par les fans, est loin d’être synonyme de stabilité. Les critiques persistent, et le spectre d’une nouvelle interdiction plane toujours.
En parallèle, la concurrence s’organise. RedNote continue de séduire avec son contenu ciblé, tandis que Lemon8 et Bluesky s’affirment comme des challengers sérieux. Cette fragmentation du paysage numérique reflète une tendance plus large : les utilisateurs veulent plus de choix et moins de monopoles.
Acte V - Ce que ça dit de notre époque
Au-delà du drame politique et des rivalités commerciales, l’histoire de TikTok aux États-Unis est un miroir de notre époque. Elle illustre les tensions entre sécurité nationale et liberté numérique, entre monopole et diversité. Mais surtout, elle montre à quel point notre dépendance aux réseaux sociaux façonne nos vies. Et vous, seriez-vous prêts à troquer TikTok pour une alternative ?