Pourquoi l’Occident est obsédé par “Single’s Inferno”, la version prude et coréenne de “Too hot to handle”
Vous êtes en rade de programme TV ? Pourquoi ne pas succomber à une télé-réalité made in korea ? Au programme : des petits culs, des muscles, des dialogues qui volent pas très haut et des couples artificiels. Tout ce qu'on aime finalement.
Écrit par Juliette Gour le
Je n'ai jamais été une grande fan de TV réalité. Gamine, j'ai dû regarder la saison 2 de Secret Story (pour faire comme tout le monde) mais sans conviction. Je pensais être passée à travers la hype, mais c'était sans compter sur la capacité de Netflix à nous proposer du contenu (presque) sur-mesure. Ça a commencé avec Terrace House, une TV réalité japonaise qui a adapté le concept de FriendsIRL : des inconnus emménagent ensemble et on les regarde évoluer dans leur quotidien. C'était un poil voyeur, mais cruellement délicieux.
Je croyais que cette inclination pour les reality show serait passagère, mais il fallait que la Corée du Sud se mette à produire du TV show à la pelle (main dans la main avec Netflix toujours). En quelques années, en plus des KDramas, on a été inondé de production made in Korea, avec des beaux mecs (musclés), des zombies et des chefs étoilés : 100% Physique, Le Choc des Toques... Et surtout Single's Inferno.
Il semblerait d'ailleurs que ce soit cette dernière qui ait mis tout le monde d'accord. Le pitch est simple : des célibataires triés sur le volet sont sur une île déserte et doivent matcher avec quelqu'un pour "aller au paradis" (comprenez hôtel de luxe), pour y vivre la grande vie tout en apprenant l'âge et la profession du crush. Une version un peu remixée de notre "Île de la tentation" française cruellement addictive, qui signe en 2025 une quatrième saison plus qu'attendue.
Single's Inferno, ou l'expression même de la drague à la coréenne
On peut légitimement se demander ce qui passionne les foules (occidentales) dans Single's Inferno... Car, au-delà des plastiques idéales des candidats, ce que nous montre le TV show, c'est surtout une dating culture à l'opposé de nos habitudes.
Très rapidement, les candidats se qualifient d'animaux, et il semblerait qu'avoir "des yeux de chameau" soit un compliment au pays du matin calme. On s'étonne aussi des envies des candidats, qui avouent très honnêtement chercher quelqu'un de beau (et c'est tout), quelqu'un de grand, ou quelqu'un qui sait sourire. On est effectivement bien loin de nos listes de doléances à l'européenne, mais la drague est différente en fonction des pays.
Ces différences n'ont pourtant pas empêché la première saison de se hisser dans le top 10 monde sur Netflix. Idem pour la saison 2. Le monde entier semble complètement absorbé par cette TV réalité qui tranche totalement avec le "Too Hot To Handle" occidental et on a un peu de mal à comprendre pourquoi... Sauf si l'excès de pudeur ne nous fait pas finalement du bien au moral.
En Corée, point trop n'en faut pour draguer l'autre
Pour les néophytes, il faut savoir qu'en Corée du Sud, les démonstrations d'affection en public ne sont pas forcément bien vues. On peut tenir la main de sa moitié dans la rue, mais se rouler un patin à un arrêt de métro, c'est pas dingue. On reste dans une société plutôt pudique, qui n'aime pas trop qu'on parle frontalement de sexe, malgré des corps bodybuildés, refaits, mis en valeur. Si on est beau, c'est pour l'amour de la beauté, pas pour aguicher l'autre.
Il y a donc une dynamique assez particulière dans Single's Inferno. La distance entre les candidats est assez étonnante et, même lorsqu'ils gagnent une nuit d'hôtel en tête à tête, l'homme dort élégamment sur le canapé pour laisser le lit à la jeune fille (oubliez les coups d'un soir). Si rapprochement il y a, c'est éventuellement dans une piscine, où un simple câlin devient aussi érotique d'une scène de cul frontale.
Cette TV réalité, c'est finalement le culte de la pudeur, avec des candidats qui puent un érotisme étudié... Et c'est peut-être cet aspect de double dynamique qui nous plaît tant. On est tellement habitué à avoir du cul partout, tout le temps, que cette fausse retenue nous fait du bien. On a presque l'impression d'être revenu à nos années collège, où un simple smack avait tout d'un acte sexuel interdit. C'est à croire que ce qui n'est pas permis finit toujours par attiser notre curiosité.
Et du coup, il donne quoi ce cast de la saison 4 de Single's Inferno ?
Succès oblige, Netflix a signé pour une nouvelle saison de Single's Inferno. Disponible depuis le 14 janvier, on nous avait promis "la saison la plus hot de tous les temps"... Et on ne sait pas si c'est "Hot", mais les profils sont tellement gratinés qu'on prend son pied à chaque prise de parole.
On a particulièrement apprécié celui qui avoue "devoir réfléchir pour penser à sourire", celui qui pense qu'il est tellement beau "qu'il peut améliorer le quotidien des gens" et celui qui a tellement abusé de chirurgie esthétique qu'il a la bouche du Joker. Certes on rigole, mais on tombe assez vite sous le charme du propriétaire de cafés à Seongsu (un quartier de Séoul) qui a tout d'un Golden Retriever. Du côté des filles, on retrouve évidemment des mannequins, une danseuse pro, une passionnée de plongée en apnée... On ne pouvait pas rêver d'un casting plus léché.
Évidemment, il y a aussi les petits icks, comme les close-up sur les seins des candidates, le fait qu'elles soient toutes d'une maigreur normée, le culte de physique assumé, la pauvreté des conversations... Un plaisir coupable, que l'on s'accorde sans modération, parce que ça nous fait du bien de voir des gens beaux se tourner autour, ça apporte un peu de légèreté au quotidien et ça ne mange pas de pain.
Pour se déculpabiliser, on préfère cependant le regarder en Coréen : quitte à s'abrutir devant une télé-réalité, autant en profiter pour apprendre une nouvelle langue. Est-ce qu'on doit juger les personnes qui regardent des télé-réalité ? Certainement pas, ça a été inventé pour nous faire du bien au moral et avec le froid qu'il fait dehors, on n'est pas contre un petit coup de chaud.
Single's Inferno Saison 4 est disponible sur Netflix depuis le 14 janvier 2025.