46 secondes de combat ont suffi pour que la boxeuse Imane Khelif subisse des attaques transphobes
Nouveau rebondissement dans ces Jeux Olympiques de Paris 2024. Cette fois, c'est la boxe féminine qui fait polémique, avec un combat express qui n'a duré que 46 secondes sur le ring... Mais qui se rejoue sur les réseaux sociaux depuis plus de 24 heures.
Écrit par Alice Legrand le
Au Parc des expositions de Villepinte en Seine-Saint-Denis, a eu lieu ce jeudi 1er août les huitièmes de finale de boxe pour les poids welters (63,5-66,6 kg). Le combat opposant l'Italienne Angela Carini et l'Algerienne Imane Khelif a été de courte durée... Puisque la boxeuse italienne a abandonné au bout de 46 secondes, après un seul coup porté au nez.
L'Italienne s'est directement retournée vers son coin, pour se confier au directeur technique italien Emanuele Renzini : "Elle m’a fait trop mal, je ne veux pas continuer", ce à quoi il s'interroge "Mais tu te sens au moins de finir le round ?". Malheureusement pour la sportive, ce coup l'a achevée et elle déclare forfait. Elle s'écrit que "ce n'est pas juste !". Éternel retour à un débat sans fin : comment classer les athlètes au fort taux de testostérone ?
Les critères du combat respectés
Dans chaque combat, des critères très stricts sont établis, comme les catégories de poids qui permettent de diviser les combattants pour s'assurer que chacun combatte contre un adversaire de même corpulence. Malgré cela, il arrive qu'un athlète soit avantagé par d'autres critères physiques, comme la taille ou la proportion du corps.
Dans cette épreuve de boxe opposant Angela Carini et Imane Khelif, si les deux femmes ont respecté le poids de leur catégorie à la pesée, Imane Khelif a un taux particulièrement élevé de testostérone. Ce même taux l'avait exclue des derniers championnats de boxe mondiaux à New Delhi en 2023, alors qu'elle était arrivée jusqu'en demi-finale.
La Fédération internationale de boxe (IBA) lui avait fait passer un test d'éligibilité de genre, qu'elle avait échoué. Mais le Comité international olympique (CIO) l'a autorisée, tout comme la Taïwanaise Lin Yu-tin - qui est dans la même situation -, à participer aux JO de Paris 2024. Pour Mark Adams, le porte-parole du CIO "ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes. Toutes les compétitrices qui participent aux JO suivent et respectent les règles éligibilité".
Imane Khelif n'est pas un homme, elle est juste hyperandrogène
Si le gouvernement italien et la Fédération internationale de boxe ne sont pas d'accord avec cette décision, le CIO a autorisé Imane Khelif à participer aux Jeux de Paris. En amont du combat, la propagande était déjà lancée.
Mark Adams, porte-parole du CIO, poursuit : "Ces athlètes ont boxé à plusieurs reprises depuis plusieurs années dans les catégories féminines, elles ne viennent pas juste d'arriver". Avant d'apporter des précisions sur le test de testostérone, qui selon lui "n'est pas un test parfait. De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes".
Car contrairement à ce qu'on a pu parfois lire sur internet, Imane Khelif n'est pas une femme trans : elle est bien née femme, malgré un taux de testostérone - une hormone masculine - particulièrement élevé. C'est ce qu'on appelle l'hyperandrogénie, et qui fait souvent débat dans les sports de compétition.
Pluie d'insultes transphobes sur les réseaux sociaux
Si les propos déplacés et autres insultes transphobes pleuvent sur les réseaux sociaux, les politiques s'en sont aussi mêlé. La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni dénonce "un combat qui n'était pas sur un pied d'égalité. Je pense que les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines".
Le chef de la Ligue, le parti d'extrême droite italienne, a aussi publié plusieurs messages qualifiant Imane Khelif de "boxeur trans" et parlant d'une gifle "à l'éthique du sport et à la crédibilité des olympiades". Trump a évidément profité de la polémique pour une nouvelle fois faire parler de lui :
Dans un tweet sur son compte officiel, on peut lire "I will keep men out of women's sport", soit la promesse "d'exclure les hommes des compétitions de femmes" s'il est élu en novembre prochain. Cette remarque pleine d'intelligence a lieu au lendemain d'une autre sortie polémique du politique, assurant que sa rivale démocrate Kamala Harris était "devenue noire pour gagner les élections".
Après une cérémonie d'ouverture ultra-moderne et inclusive, de nouvelles règles pour lutter contre le sexisme des caméramans, une triple médaille d'or pour le nageur français Léon Marchand et une polémique autour des lits en carton au village olympique... Les Jeux Olympiques de Paris 2024 n'ont pas fini de faire parler d'eux.