Jeux vidéo : game over pour le féminisme, les femmes toujours victimes de sexisme

Dans l’univers ludique et créatif des jeux vidéo, la réalité du cyberharcèlement féminin frappe le virtuel et devient un sujet bien réel.

Écrit par Téa Antonietti le

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, dans le milieu du gaming, près de la moitié des joueuses sont victimes de harcèlement en ligne. Une donnée surprenante lorsque l’on sait que le ratio mondial équivaut à 50/50, la moitié des joueurs étant des femmes. Pourtant, d’après une étude réalisée par l’association Women In Games, une gameuse sur quatre a déjà été cyber harcelée. Une situation impensable qui ne peut plus durer. 

Si l’on connaît les dérives du cyberharcèlement et la facilité à détruire autrui au travers d’un écran et d’un clavier comme barrage virtuel qui autorise insultes sans limites, les femmes sont les premières à subir ce défoulement masculin ahurissant. Pour remédier à ces agissements, GameVerse propose une plateforme novatrice de matchmaking pour les utilisateurs de jeux multijoueurs. Zoom sur ce phénomène alarmant qui met le doigt - une fois de trop - sur le sexisme à l’ère virtuelle. 

Les femmes, cibles numéro 1 du cyberharcèlement dans les jeux vidéo

Sur les plateformes de jeux vidéo, les joueuses subissent des insultes sexistes, à base de stéréotypes machistes qu’on pense issus de l’ère préhistorique mais qui, pourtant, persistent à remettre en question la place de la femme dans l’univers du gaming. Ainsi, la dépréciation du niveau de jeu en fonction du genre est récurrente, et les multiples cas de cyber harcèlement s’articulent à travers des jeux vidéo multijoueurs en ligne, le plus souvent par le biais de plateformes d’échanges. Qu’une femme soit gameuse ou assiste simplement à un live en tant que public, elle est fortement susceptible d’être la cible de remarques sexistes où le curseur de la violence est rapidement hors de contrôle. 

La streameuse Loupiote témoigne des insultes sexistes qu’elle subit à travers son écran

Installée dans le game des jeux vidéo avec une présence en tant que streameuse sur Twitch depuis 2020, Loupiote a reçu bien des remarques déplacées et autres insultes sexistes quant à sa place de femme sur la plateforme. Des mots doux tels que "Je vais te violer" ou bien "Retourne à la cuisine" sans oublier un immanquable "Ferme ta gueule sale femme" noircissent le chat de ses live Twitch, et s’invitent aussi sous les commentaires de ses réseaux sociaux. 

Une violence en ligne qui prend des proportions dans la vraie vie chez les streameuses

Si cette violence s'exprime par des mots, cela ne s’arrête pas là. Lorsqu’elle joue avec plusieurs gamers, il arrive que par pur sexisme, les autres participants la feintent : "Parfois, certains joueurs me bloquent dans un coin et me lancent une grenade pour que je perde des points de vie. Je vous assure que les sexistes redoublent d'inventivité pour être insupportable". 

Ces comportements très problématiques agissent jusque dans le quotidien des streameuses. Après une partie, les insultes se multiplient sur les réseaux sociaux des joueuses, jusqu’à les suivre dans la vraie vie. Alors qu’elle était invitée sur le salon Vivatech 2024 pour parler du cyberharcèlement avec Anna Bressan, la secrétaire générale de Women In Games, la gameuse Loupiote a affirmé : “certaines streameuses se font suivre dans la rue, elles reçoivent parfois des menaces de mort”. 

Face au cyber harcèlement, GameVerse change les règles du jeu

La genèse de ses attitudes sexistes ? Les jeux multijoueurs qui invitent des inconnus à s’affronter, laissant libre cours à toute forme de violence entre adversaires. Pour lutter contre cette fenêtre ouverte au cyber harcèlement, la start-up lyonnaise GameVerse vise à aider les gamers en ligne à trouver de nouveaux partenaires avec sécurité et bienveillance. Le but d’une partie via GameVerse? Faire rencontrer plusieurs joueurs possédant un niveau similaire et souhaitant mettre en commun leur passion autour d’un ou de plusieurs jeux vidéo.

Le système du matchmaking, l’outil bien pensé pour lutter contre les comportements sexistes

Cette application se fonde sur le concept du matchmaking, un mécanisme automatique qui associe des joueurs de même niveau dans le cadre d’un jeu vidéo en ligne. Mais alors comment ça fonctionne ? Les joueurs donnent accès à leurs données, puis, grâce à une IA développée par GameVerse, sont établies les relations adaptées pour que les gameuses puissent jouer en toute tranquillité. 

Un outil de modération pour occulter la toxicité virtuelle

Comportements inappropriés ou considérés comme toxiques ? On peut directement le signaler à GameVerse et l’application traite la mise en relation de l’utilisateur concerné avec d’autres partenaires de jeux. Si le système de matchmaking a tout pour bien fonctionner, c’est parce qu’il se base sur les retours d’expérience des joueurs. De là, l’IA de GameVerse affine les profils des joueurs, la toxicité en ligne comme problématique majeure à contrôler.

Les gameuses ont des parties à gagner tandis que les utilisateurs sexistes, eux, ont certainement des leçons féministes à apprendre et une modération à expérimenter. Si ce sujet ne doit plus être inscrit dans l’actualité pour les mauvaises raisons, des plateformes innovantes et bien pensées comme GameVerse s’engagent à changer les règles du jeu. Adieu les rageux. 

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