“Cette île allemande organise une chasse aux femmes chaque année”, mais c’est quoi ce délire ?
Chaque 5 décembre, sur l’île allemande de Borkum, une étrange tradition prend vie : des hommes déguisés traquent des femmes dans les rues pour les frapper, tout cela sous prétexte de folklore. Mais jusqu’où peut-on tolérer cette chasse aux sorcières 2.0 qui perpétue un patriarcat toxique ?
Écrit par Camille Croizé le
Une île pittoresque, une date fatidique, et une tradition qui fait froid dans le dos. Sur l’île de Borkum, en Allemagne, les membres du Borkum Lads Club se déguisent chaque 5 décembre pour traquer les femmes, les capturer et les battre symboliquement avec des cornes de taureau. Ce rituel barbare, censé représenter un héritage culturel, est de plus en plus dénoncé pour son sexisme flagrant et les traumatismes qu’il inflige.
Dans une société où les femmes luttent chaque jour contre le harcèlement et les violences, cette "chasse" incarne tout ce qui reste à déconstruire. Mais pourquoi cette pratique persiste-t-elle encore aujourd’hui ? Et peut-on espérer une fin prochaine à ce qui ressemble à une chasse aux sorcières version 2.0 ?
L’histoire effrayante de la chasse aux femmes de Borkum
La tradition remonte au XVIIe siècle, lorsque les hommes de Borkum, de retour de longs mois de pêche, organisaient des rituels pour "reprendre" leur territoire, occupé pendant leur absence par les femmes. Au fil des années, ce rite s’est transformé en une "chasse" ritualisée où six hommes déguisés en figures monstrueuses – les"Klaasohm" – pourchassent les femmes de l’île.
Aidés par des "attrapeurs", leur objectif est de capturer et de frapper leurs proies à coups de corne de taureau, sous prétexte de célébration. Si cela semble apparemment ressembler à une tradition folklorique anodine pour certains, les témoignages des victimes révèlent une toute autre réalité : douleur physique, humiliation et peur.
Les femmes deviennent des proies des hommes
Pendant cette chasse, les femmes ne sont plus des individus mais des cibles. Si certaines participent en pensant à un simple jeu, d’autres se retrouvent confrontées à une violence inattendue. Bleus, blessures, larmes : voilà ce qu’elles rapportent de cette soirée soi-disant festive.
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Ce qui dérange le plus, c’est le rôle assigné aux hommes : ils incarnent littéralement des prédateurs, renforçant des dynamiques de domination et de soumission sous couvert de tradition. Et à ceux qui osent défendre cette pratique en invoquant "l’esprit de Noël", on a envie de répondre : où est la magie dans l’humiliation ?
Une tradition qui prouve que le féminisme a toute sa place dans les sociétés patriarcales
Si le rituel des "Klaasohm" survit depuis près de deux siècles, c’est parce qu’il s’inscrit dans un schéma plus large : celui du patriarcat. La chasse aux femmes de Borkum est un miroir grossissant des inégalités systémiques qui perdurent encore aujourd’hui.
Dans une société où le féminisme est régulièrement remis en question, cette tradition illustre combien la culture peut encore légitimer des violences genrées. Ce n’est pas seulement une affaire locale ; c’est une alerte mondiale sur la manière dont les traditions peuvent être utilisées pour maintenir des structures oppressives.
Vers une fin de cette odieuse tradition ?
Les critiques montent enfin - il était plus que temps -, et pas seulement sur l’île de Borkum. En Allemagne, l’exposition récente de cette tradition a provoqué une vague d’indignation nationale. Certaines figures politiques appellent à l’abolition pure et simple du rituel, tandis que des associations féministes dénoncent une pratique qu’elles qualifient de "barbare et inacceptable".
Le Borkum Lads Club a tenté de calmer la tempête médiatique en s’excusant pour ses actions passées et en promettant une révision de ses pratiques. Mais ces mots suffiront-ils ? Rien n’est moins sûr. Si une chose est certaine, c’est que les voix des femmes se font de plus en plus entendre, et que cette chasse, comme d’autres vestiges patriarcaux, pourrait bien disparaître pour de bon.