Est-ce qu’en 2024, on se sent vraiment libre ? Les Françaises ont répondu
Les femmes continueront à se battre toute leur vie pour leurs droits et leur liberté. Mais les Françaises se sentent-elles vraiment libres ? Décryptage d’une enquête qui bouscule les idées reçues.
Écrit par Erine Viallard le
La liberté féminine reste un combat infini. Qu'elles soient jeunes ou non, les femmes se retrouvent toujours soumises à des injonctions sociales qui pèsent sur leur corps, leur sexualité, et leurs responsabilités. Alors qu'elles se battent tous les jours dans les rues, sur les réseaux sociaux et dans les médias pour leur quête de liberté, ce n'est pas pour autant qu'elles se sentent libres.
C’est dans ce contexte que l'événement "Les Soirées ELLE" - du média Elle - a donné la parole aux femmes lors d’une enquête exclusive réalisée par Opinion Way. L’objectif ? Analyser leur perception de la liberté et identifier les facteurs qui l’influencent.
L’enquête révèle que 54 % des femmes estiment que l’argent est le principal frein à leur liberté, tandis que les inégalités salariales (une différence de 24 % en moyenne dans le privé) et la pression des tâches domestiques de la maternité demeurent des obstacles majeurs.
Mais n'ayez pas peur, il y a une sacrée bascule à 50 ans. À cet âge, un véritable sentiment de liberté semble s’installer. D’après l’enquête, 75 % des cinquantenaires se sentent libres financièrement, 68 % vivent leur vie amoureuse à leur guise et 60% profitent de leur temps pour elles-mêmes (rien que pour elles).
"On leur lâche enfin la grappe !", comme le dit Éléonore Quarré, responsable des études Société chez OpinionWay. Ce phénomène d’indépendance chez les cinquantenaires est un modèle porteur d’espoir pour les jeunes générations, qui pourraient s’en inspirer.
@femme_actuelle « À 50 ans, on s’autorise tout ! » Valérie Trierweiler et Constance Vergara partagent leur vision d’une liberté retrouvée, sans injonctions ni limites. 🌸 #cinquantaine#interview#livre#femmes#temoignage♬ son original - Femme Actuelle
Les héritières du féminisme des années 70
Les femmes, de 1960 et 1970, ont été bercées par des revendications qui faisaient trembler le patriarcat et bousculaient une société figée dans ses traditions. Si elles savourent une liberté chèrement acquise, c’est parce qu’elles (et leurs mères) se sont battues pour elles - avec une rage née des injustices.
Leurs luttes figuraient dans des actions audacieuses et emblématiques, comme le Manifeste des 343, ce texte scandaleux publié en 1971 où des femmes, célèbres comme anonymes, clamaient haut et fort avoir avorté. À une époque où cela signifiait risquer la prison, elles brisaient le silence sur un droit fondamental : celui de disposer de leur corps. Ce geste (les 343 signatures) courageux a contribué à l’adoption de la loi Veil en 1975, légalisant enfin l’avortement en France.
Mais ce n’est qu'une étape. En 1970, le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) surgit et dénonce ainsi les violences, revendique l’égalité professionnelle, et impose la question féministe dans les débats publics. Ces luttes se mêlent à des gestes symboliques marquants : des soutiens-gorge brûlés aux États-Unis jusqu’à l’Europe, des marches, des grèves et des manifestations qui proclamaient que les femmes n’étaient ni la chose des hommes, ni inférieures à eux.
Et pourtant, la route a été semée d’obstacles. Avant la loi Neuwirth en 1967, même accéder à la pilule contraceptive était un parcours du combattant, rempli de jugements et de tabous. Le corps féminin était surveillé, contrôlé, entre les injonctions à être une mère parfaite et les stigmatisations contre les mères célibataires. Les violences conjugales, souvent banalisées, n'étaient pas criminalisées et enfermaient des femmes dans une peur qui semblaient sans fin - sauf si elles étaient victimes de féminicides. Quant aux stéréotypes, ils voulaient les enfermer dans les cuisines, loin des postes haut placés.
Alors oui, à 50 ans ces femmes se sentent enfin libres - et autrement que la Gen Z dite "pourrie gâté". Car avec un passé comme le leur, il est temps d'être je m'enfoustiste post-ménopause.
@quincanailles Freeeedom ! Puisqu’on vous le dit ! A 50 ans, on peut ressentir comme une grande pulsion de liberte 🗽 Une irrépressible envie de faire à son idée, de se libérer des contraintes qu’on s’imposait à soi-même sans bien s’en rendre compte ! Bravo Marine Vignes d’avoir fait sauter le cadenas 👏🤩🥳. Nouvel épisode sur toutes les bonnes plateformes 🎙 #podcast#quincanailles♬ son original - QUINCANAILLES
Un modèle pour les jeunes filles ?
Passé le cap de la cinquantaine, les femmes n'ont pas peur de dire "I don't care". Pour imager, une femme de 50 ans c'est un peu une Nicole Kidman dans BabyGirl qui sort avec son stagiaire ou une Samantha dans Sex and the city qui agit comme un homme - au lit comme en société.
Forte d'indépendance - émotionnelle comme financière - elles n’ont plus peur d’assumer leurs choix ou leurs envies - même les plus excentriques. À ce stade, critiques et jugements glissent sur elles, car elles savent que courir après les standards imposés est une perte de temps. Leur sagesse leur permet de lâcher prise, de relativiser les petits tracas et de savourer pleinement leur nouveau cap de vie.
Au final on devrait toutes, à tout âge, avoir le mindset d'une cinquantenaire qui ne refoule pas la vieillesse et qui juste, vie pour elle tout en se moquant royalement du reste.