Pourquoi les femmes de plus de 50 ans sont-elles invisibilisées et stéréotypées au cinéma ?

Ce n'est pas nouveau : le sexisme est très présent, dans tous les domaines. Et quand on l'associe à l'âgisme, cela donne une totale invisibilité des femmes au cinéma. Un beau reflet de la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui !

Écrit par Alice Legrand le

L'application de rencontre pour les plus de 50 ans [df]:Disons Demain est partie d'un constat : les rôles féminins au cinéma sont totalement stéréotypés, voire absents lorsqu'il s'agit de rôles de femmes de plus de 50 ans. Et en 2023, ce n'est vraiment plus possible ! C'est pour cela que les équipes ont décidé de faire une étude à ce sujet, avec OpinionWay, pour mettre en lumière une problématique dont on ne parle pas encore assez.

Au travail, au restaurant, en famille, à la télévision... On remarque qu'il y a de vraies divergences dans la façon dont on parle des hommes et des femmes. Encore plus quand on parle des femmes de plus de 50 ans ! Ces dernières subissent la double peine. On a l'impression que passé cet âge, les femmes n'existent plus : car plus assez belles, plus assez productives, bref, plus assez bien. C'est pour cela qu'autant d'hommes semblent vouer un culte tout particulier aux femmes plus jeunes.

Les femmes plus âgées se retrouvent alors délaissées de toute représentation à la télévision, dans les magazines ou au cinéma, mais également dans la vraie vie, par les hommes qui préfèrent les jeunes femmes. Mais savez-vous que malgré l'âge, on peut aimer, désirer et s'investir dans une relation autant (voire plus) que quand on est plus jeune ?

C'est ce chiffre qui en dit long : 56% des personnes de 50 ans et plus ne se sentent pas suffisamment valorisées au sein de la société française. Et 94% des célibataires de plus de 50 ans se sentent plus libres dans leur vie sexuelle que lorsqu’ils étaient plus jeunes. Passé un certain âge, les enfants sont grands (pour ceux qui en ont) alors on est plus libres de consacrer son temps libre à son couple ou aux rencontres. C'est d'ailleurs pour cela que Disons Demain existe !

Céline Boudière, directrice marketing et digital de Meetic Europe, s'exprime à ce sujet : [b]"En tant que spécialiste des rencontres pour les plus de 50 ans, nous souhaitons faire avancer le débat sur la représentativité de cette génération, et des femmes en particulier. Bien que leur place dans la société ait considérablement évolué au fil des décennies, notre étude montre que des inégalités subsistent, notamment dans le cinéma. Pour mettre fin aux stéréotypes, de nombreux Français de plus de 50 ans militent pour voir davantage de figures féminines puissantes et inspirantes”.

Qu'est-ce que l'âgisme ?

L'âgisme est une forme de discrimination basée sur l'âge. Cela peut correspondre à des stéréotypes, des attitudes négatives et des préjugés, que la personne qui en est victime soit (trop) jeune ou (trop) âgée.

L'âgisme peut avoir un impact sérieux sur la qualité de vie des individus, en limitant leurs opportunités, en affectant leur estime de soi et en créant des barrières sociales ou professionnelles. Si le combat contre le sexisme existe, celui contre l'âgisme est minimisé. Il est donc important de lutter contre l'invisibilisation des plus de 50 ans.

Le cinéma, reflet des pensées de notre société

Quand on regarde la présence des femmes de plus de 50 ans dans les magazines, au sein des grandes entreprises, en politique, au cinéma... force est de constater qu’on n’en voit que très peu. Déjà que pour la parité homme / femme est un véritable combat quotidien, pour les femmes de plus de cinquante ans, cela devient une guerre presque perdue d’avance.

Si l'on se focalise sur le cinéma spécifiquement, on remarque qu'il y a très de peu de femmes de cette génération en tête d'affiche. Et de manière générale, le rôle des femmes sur le grand écran est très stéréotypé. Les jeunes femmes sont sexualisées, les femmes qui ont la trentaine ont très souvent des rôles de mères et ensuite... Eh bien, on ne les voit plus. Les personnages féminins ne vieillissent pas, ils disparaissent.

Sur l'ensemble des films français sortis en 2021, seuls 7% des rôles ont été attribués à des comédiennes de plus de 50 ans. Les hommes, eux, représentent 16% des attributions. Dans l'imaginaire des personnes de plus de 50 ans qui ont été interrogées par Disons Demain, la femme est très souvent cantonnée aux mêmes rôles : celui de mère (ou grand-mère), celui de femme soumise et de femme au foyer et celui de la femme en plein burn-out, à moitié folle. Une belle représentation de ce qu'est la femme aux yeux de la société après tout !

L'âgisme au cinéma est monnaie courante

Dernièrement, l'exemple qui fait sens est celui de [b]Napoléon. Dans le film sorti le 22 novembre dernier, Joaquim Phoenix, l'acteur qui joue Napoléon, a 14 ans de plus que Jodie Comer, l'actrice jouant Joséphine de Beauharnais, sa femme. Le problème ? Dans la réalité, elle est de 6 ans son aîné. Encore une volonté de réduire les femmes à leur apparence et leur désirabilité. Et ce n'est pas le seul manquement historique dans l'œuvre de Ridley Scott.

Toujours au cinéma, dans [b]Eiffel, Romain Duris et Emma Mackey ont vingt-deux ans d'écart alors que dans la réalité, le couple formé par Gustave Eiffel et Adrienne Bourgès n'a que 10 ans d'écart. Même problème dans Dune 2, où Rebecca Ferguson (40 ans) joue la mère de Timothée Chalamet (27 ans). Elle l'aurait donc eu à 13 ans !

Les écarts d'âge sont très courants dans le cinéma, cela ne date pas d'hier et c'est devenu une normalité. La question de l'âge ne se pose même pas. Et cela n'a qu'un seul but : correspondre aux critères de désirabilité des regards masculins. Et cet écart d'âge ne se retrouve pas qu'à l'écran, il existe également dans la vie privée des personnalités influentes de l'industrie du cinéma. Beaucoup entretiennent des relations avec des femmes de 15 à 20 ans plus jeunes qu'eux.

Ce que les femmes de plus de 50 ans attendent RÉELLEMENT de l'industrie du cinéma

Toutes ces représentations sont bien loin de ce qu'imaginent les femmes de plus de 50 ans pour leur image au cinéma. Ce qu'elles voudraient, d'après l'étude de Disons Demain, ce sont des rôles de femmes libres, fortes, de pouvoir et inspirantes. Le but ? Donner un modèle aux femmes, afin de leur montrer que leur vie ne s'arrête pas à 50 ans.

On remarque que lorsque la réalisatrice est une femme, le pourcentage de femmes de plus de 50 ans est supérieur aux hommes de plus de 50 ans. Mais malheureusement, cela ne suffit pas, étant donné qu'il y a cinq fois moins de réalisatrices que de réalisateurs en Europe...

On espère en tout cas que la prise de conscience à ce sujet pourra faire évoluer les mentalités et l'industrie du cinéma !

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