Lettre à Diam’s… Après avoir vu son documentaire “Salam”

À la suite de la sortie du film documentaire “Salam”, écrit et réalisé par Mélanie Diam’s, Houda Benyamina, Anne Cissé et produit par Black Dynamite et Brut. Il nous semblait important de vous faire notre retour et d’écrire ces quelques lignes pour Mélanie Georgiades alias Diam’s...

Écrit par Melody Madar le

Mel, assieds-toi, faut que je te parle… 

Jeune demoiselle recherche une idole mortelle. C’était vite fait, génération 90, on avait trouvé notre auteure. Une brute de femme avec un cœur de bombe. C’était toi Diam’s.

Tu as fait péter le son dans nos vies. Tu savais si bien choisir les mots pour raconter nos maux. Chaque moment de mon adolescence a été ponctué par une de tes chansons.

Les plus entraînantes m'ont fait danser dans les bars, jusqu’au bout de la nuit. Les plus poignantes m’ont consolée dans mon lit. Moi aussi, avec toi, Diam’s, dans le noir, je reprenais goût à la vie.

Toi qui jouais les dures alors que tu n'étais qu’une plume. Une plume avant-gardiste et féministe dont les textes résonnent plus que jamais, encore aujourd’hui.


Album après album, j’apprends à te connaître, jusqu’à entendre ton SOS.

Et là plus rien. Tu nous as laissés comme orphelins. Pourquoi as-tu mis si longtemps avant de nous parler ? Nous qui t’avons tant écouté pendant des années.

Quand j’ai appris la grande nouvelle : celle de ton grand retour dans un documentaire. Mon cœur n’a fait qu’un tour.Tu allais reprendre ta plume, cette fois-ci accompagnée d’images, pour raconter ton histoire. Je me suis alors empressée de le dévorer.

Il faut l’avouer Diam’s, mes attentes étaient (très) grandes. Je voulais sans doute retrouver ma jeunesse passée. Big up au syndrome de Peter Pan...

Les premières minutes = Frissons. Des images de tes concerts, de la foule en délire qui t’acclame. Nostalgie quand tu nous tiens..Puis, on entre timidement, comme par le trou d’une serrure, dans cette nouvelle vie que l’on connaît si peu de toi.

Ça fait du bien, Diam’s, de te voir, de t’entendre, de te sentir apaisée, heureuse et d’entrevoir ta vie de mère à ton tour, toi qui as parlé de la tienne parfois maladroitement mais surtout démesurément pendant des années.

Puis très vite, les gros titres se succèdent. On ne revient pas sur ta carrière, les raisons de ton succès ou encore de ton envie de faire de la scène. Finalement, rien sur l'ancienne toi, la boulette. On commence directement par la fin, cette fin qui ne nous convient pas, mais qu’on accepte... 

Toi mais aussi tes proches, ta famille, tes amis se succèdent pour parler de ce qu’on n’a pas su voir : les revers de la gloire, ta santé mentale et ton désespoir. À force de courir dans tous les sens, ta vie n’avait plus de sens jusqu’à ta découverte de l’islam que tu nous racontes intimement.On comprend tout de suite comme ça a dû être dur pour toi, Diam’s, ce déferlement de haine. Cette photo volée, ce moment volé, ce secret dévoilé."Salam" veut dire la paix et toi, la paix, tu l’as répandue pendant des années et tu continues de le faire à travers Big Project dont on découvre toutes les valeurs et missions.

Mais comme tu nous laisses sur notre faim ! Aucune de tes musiques, aucun de tes textes ne vient en fond illustrer ce mal-être, comme si tu voulais rayer 15 ans de carrière. Ces chansons ne t'appartiennent plus comme tu le dis si bien... Mais tu ne peux pas, Diam’s. Les rayer, c’est nous enterrer.

Tu parles de nous, de ton public, du bonheur que l’on apporte pourtanttu nous as fermé ta porte plus de 10 ans. Pendant 80 minutes, tu nous accueilles à nouveau dans cette vie, une vie apaisée et heureuse pour finalement nous la refermer à nouveau. Sans chute, sans rien, encore un adieu ou un au revoir. On ne sait pas très bien...  Ce documentaire, un exutoire pour toi, une nouvelle séparation pour nous. 
Ma question est donc la suivante : est-ce que tu comptes un jour nous ramener dans ta bulle ? 

Tu l’as compris, je suis une fan, une vraie, celle qui est capable d’appeler sa fille comme une tes chansons, Lily, et l'autre comme un air de ton nom de famille : Georgia. Alors, je t’écris ces quelques lettres, à mon tour comme un SOS.

Affectueusement,

Melody

"Salam" sortira exceptionnellement au cinéma dès le 1er juillet, et ce pour une durée limitée de 2 jours, avant d'être mis en ligne sur la platforme BrutX à la rentrée.