#MeTooInceste : le hashtag qui secoue les réseaux sociaux et brise l’omerta familiale
Le pouvoir libérateur des réseaux sociaux n'est plus à prouver. Alors que la question de l'inceste se retrouve au cœur du débat public, Twitter s'est affolé, ce week-end, autour du hashtag #MeTooInceste. Digne héritier du #MeToo, il a permis de libérer la parole de milliers d'internautes et de lever le voile sur le houleux débat de l'inceste.
Écrit par Juliette Gour le
C'est un sujet au coeur de l'actualité. La question de l'inceste reste entourée d'une omerta en France, pourtant, on estime que 6,7 millions de personnes ont déjà subi un acte incestueux (selon l'association Face à l'inceste). Une violence de l'ombre, qui touche près d'une personne sur dix, subie dans le cercle le plus intime qu'il soit, celui de la famille.
Une parole qui se libère grâce aux réseaux sociaux
On peut reprocher énormément de choses aux réseaux sociaux, mais la force de certaines plateformes - Twitter en tête - permet aux anonymes de s'exprimer, d'avouer, de s'épancher et de se purger de maux. Ainsi, le 16 janvier 2021, un hashtag libérateur a commencé à circuler :#MeTooInceste.S'en sont suivi des dizaines de témoignages, tous plus glaçants les uns que les autres. Pour la première fois, on donnait l'occasion aux victimes de s'exprimer sur l'horreur qu'ils ont vécue. On pourrait s'inquiéter de voir ce hashtag en top tweet France en 2021, mais les faits sont là, l'inceste a pendant trop longtemps été boudé et occulté, le résultat :des victimes qui souffrent en silence et qui essayent de se reconstruire.
Un sujet au centre du débat public
Ce hashtag n'est pas né sans raison, la question de l'inceste est au cœur du débat public depuis quelques semaines, suite à la publication du livre "La familia grande" de Camille Kouchner. Dans cet ouvrage, l'avocate parle des actes incestueux que son beau-père, Olivier Duchamel, a fait subir à son frère jumeau, âgé de 14 ans au moment des faits. Ce livre a eu l'effet d'un électrochoc sur la question de l'inceste, comme si on s'était rappelé, d'un seul coup, que cela existait encore.
Adrien Taquet, secrétaire d'État en charge de l'enfance et des familles, se dit très concerné par le sujet et souhaite faire avancer la loi sur la question de l'inceste. Dans les faits, les textes restent très limités sur cette question, c'est la question de consentement qui pose le plus de soucis. Il n'est pas toujours facile d'apporter la preuve d'absence de consentement de la part de l'enfant, surtout pour les victimes les plus jeunes, qui n'ont pas toujours conscience de la cruauté de l'acte qu'ils subissent, encore plus quand le bourreau est une personne du cercle familial proche et, par extension, une personne "de confiance". Pour les associations, il est essentiel de modifier les textes pour avancer sur la question de l'inceste et permettre aux coupables d'être condamnés.
Est-ce la naissance d'un mouvement aussi bruyant que #MeToo ?
Les témoignages continuent de pulluler sur Twitter. Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle révolution permise par les réseaux sociaux ? Il faut l'espérer. Selon une enquête Ipsos, 82% des Français sont favorables au changement de la loi pour faciliter la condamnation des faits incestueux. La grande majorité des gens sont donc concernés par le sujet, c'est déjà une très belle victoire. Il faut maintenant espérer que le soufflé ne tombera pas aussi vite qu'il est monté et que ces précieux témoignages permettront de faire évoluer les choses dans le bon sens et de définitivement briser l'omerta.
Les Éclaireuses