La France enregistre une baisse des naissances record en 2023
Il est fini le temps des "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Les Français semblent bouder la parentalité et la tendance ne date pas d'hier. Début janvier, l'Insee a publié son bilan démographique de l'année 2023 et une chose est sûre, les Français ont boudé les maternités.
Écrit par Juliette Gour le
Ce qui semblait être une tendance ponctuelle il y a quelques années est en train de s'installer durablement sur le territoire. Depuis le début des années 2000, la natalité est en baisse sur le territoire Français.
Cette chute, liée à plusieurs facteurs - environnementaux, idéologiques et politiques - se confirme également dans d'autres pays d'Europe et est donc loin d'être une exception (à croire que tous les trentenaires se sont donné le mot).
Si en France, selon l'Insee, on estime qu'une femme fait en moyenne 1,7 enfant (en comparaison, il était de 1,96 enfant par femme en 2015), il est de 1,5 en Allemagne et de 1,1 en Espagne et la moyenne de l'Union européenne est à 1,53. Cette baisse de la démographie est finalement une tendance globale, que l'on retrouve majoritairement dans l'ensemble des pays de l'OCDE (avec une moyenne de 1,6 enfant par femme).
Si certains accusent les mesures politiques d'avoir une influence négative sur le nombre d'enfants par famille, il y a cependant de nombreux autres facteurs à prendre en compte, dont celui de la volonté de plus en plus de femmes à ne pas vouloir d'enfants.
Explications.
Comment expliquer la baisse des naissances en France ?
Toujours selon l'Insee, il y aurait de nombreux facteurs qui entreraient en jeu dans la baisse croissante des naissances en France. Le premier serait directement lié à la diminution du nombre de femmes en âge de procréer. Les femmes sont donc moins nombreuses et elles sont de plus en plus à ne pas vouloir d'enfants. En 2022, un sondage mené par le ELLE annonçait que 30% des femmes en âge de procréer ne voulaient tout simplement pas d'enfants. Un chiffre record, et plutôt représentatif de l’esprit des jeunes trentenaires du pays.
Outre l'aspect évident de vouloir (ou non) succomber aux plaisirs de la parentalité, il est également essentiel - comme le rappelle Catherine Scordet, maîtresse de conférences à l'Université d'Aix Marseille dans le Parisien - d'avoir de l'espoir. Les crises consécutives (Covid-19, la guerre en Ukraine, l'urgence écologique) laissant facilement entendre que l'avenir promet d'être plus sombre que prévu, de nombreux jeunes adultes font le choix de se préserver et de ne pas mettre au monde un enfant dans une société remplie d'incertitudes.
S'ajoute également à tous ces aspects une inflation historique, doublée d'une inégalité dans les droits parentaux (les hommes n'ont toujours pas droit à un congé paternité équivalent à celui des femmes) et on obtient une baisse de la natalité de 10% en 10 ans.
La question de l'émancipation des femmes est également à prendre en considération
Dès qu'il est question des naissances, il est également question de la situation des femmes dans le pays. Plusieurs études tendent à prouver un lien entre éducation et baisse de la natalité. En 2011, l'Express mettait en lumière le lien qui veut que plus une femme est diplômée, moins elle fait d'enfants. Il y aurait donc une certaine mécanique logique dans cette baisse de la natalité directement liée à l'émancipation des femmes dans la société (n'en déplaise aux amoureux du patriarcat).
Le fait est qu'aujourd'hui, l'accomplissement des femmes ne passe plus par la maternité et elles sont de plus en plus à lever le voile sur les désagréments liés à la vie de maman. Et si pour certaines, cela reste un bonheur absolu, pour 30% des femmes en France, ce n'est plus une priorité.
Il faut également prendre en considération le fait qu'aujourd'hui, de plus en plus de femmes ont fait le choix de privilégier leur carrière, un choix parfois difficile à conjuguer avec la maternité. Si certaines femmes arrivent aujourd'hui à être mamans et entrepreneuses à la fois, les postes à responsabilité restent encore rares pour les femmes. Il ne faut pas oublier que pour 93% des Français, les femmes ne connaissent pas le même traitement que les hommes dans la société, y compris dans le milieu professionnel.
Tous ces arguments mis bout à bout (en plus des questions environnementales) peuvent expliquer cette baisse croissante de natalité dans le pays. Il est cependant important de rappeler (à quelques jours de l'anniversaire de la loi Veil), que la parentalité est un choix qui engage à de grandes responsabilités et qu'il ne doit en aucun cas être imposé par un carcan sociétal ou une pression (patriarcale et/ou familiale). Finalement, il vaut mieux ne pas en faire, que finir par regretter.