Que faut-il faire pour être respectée lorsque l’on est une athlète ?

Imane Khelif, fraîchement médaillée d’or aux Jeux Olympiques de Paris 2024, fait encore face à une vague de haine sur les réseaux sociaux. La championne de boxe, visée par des attaques injustes sur son genre et son apparence, se retrouve dans un scandale absurde.

Écrit par Camille Croizé le

Malgré une victoire éclatante aux Jeux Olympiques de Paris 2024, Imane Khelif, la nouvelle reine de la boxe dans la catégorie des moins de 66 kg, fait face à une vague de haine inattendue. Alors qu'elle aurait dû être célébrée pour son exploit, la championne est devenue la cible de commentaires virulents et d'attaques sur les réseaux sociaux. 

Cette violence n'est hélas pas nouvelle : trop souvent, les femmes dans le sport sont confrontées à des critiques qui dépassent leurs performances pour se concentrer sur leur apparence ou, comme dans le cas d'Imane, sur leur genre. Accusée de "ne pas être assez féminine", certains vont jusqu'à la considérer comme transgenre, révélant une fois de plus le sexisme qui persiste dans le monde sportif.

L’histoire des femmes et du sport : une lutte acharnée

L’histoire des femmes dans le sport est une longue bataille pour l’égalité et la reconnaissance. Depuis l'Antiquité, où elles étaient exclues des compétitions, jusqu'aux luttes du XXe siècle pour leur inclusion aux Jeux Olympiques, les sportives ont dû surmonter des obstacles colossaux

Même aujourd'hui, alors que les femmes ont enfin leur place dans les grandes compétitions, leurs performances sont encore trop souvent minimisées ou ignorées au profit de jugements sur leur apparence physique. En plus d’être jugées, elles héritent de tenues bien moins couvrantes que celles des hommes, sexualisant leur corps.

À cela s’ajoute une manière de filmer (toujours plus). Si l’on regarde bien, qui laisse suggérer une attention particulière sur leur corps, laissant place à un sexisme qui n’a clairement pas lieu d’être aux Jeux OlympiquesLa route vers la pleine égalité reste semée d'embûches, et les attaques contre Imane Khelif en sont une triste illustration. 

Imane Khelif : une championne qui récolte de la haine

Imane Khelif a remporté la médaille d'or aux Jeux Olympiques de Paris 2024, un exploit exceptionnel dans la catégorie des moins de 66 kg. Pourtant, ce triomphe a été terni par une vague de haine sur les réseaux sociaux. Certains internautes, au lieu de célébrer sa victoire, ont choisi de remettre en question son identité de genre. 

Des figures publiques comme Donald Trump et Elon Musk (est-ce vraiment étonnant venant d’eux ? Not really) ont même alimenté cette controverse, créant un climat de suspicion et de rejet autour de la boxeuse algérienne. Imane Khelif, forte et déterminée, se retrouve ainsi confrontée à une haine injustifiée qui détourne l'attention de son incroyable parcours sportif.

La sportive confrontée à une haine incompréhensible

Ce qui est frappant dans l'affaire Imane Khelif, c'est l'incompréhensible virulence des attaques qu'elle subit. Au lieu de se concentrer sur sa performance extraordinaire, les critiques se sont focalisées sur son apparence physique, la qualifiant de "pas assez féminine". 

Pire encore, certains ont insinué qu'elle pourrait être une athlète transgenre, comme si son genre avait plus d'importance que son talent sur le ring. Ce déferlement de haine est non seulement injuste, mais aussi révélateur d'un problème plus profond : le refus de reconnaître et de respecter les femmes dans le sport pour ce qu'elles sont avant tout, des athlètes de haut niveau.

À la une d’une fausse couverture Vogue Algeria - créée à partir d’une intelligence artificielle - parue sur le compte Instagram @cheikh_boumsersseb, la championne de boxe en a, une nouvelle fois, pris plein la tête. Les internautes se sont laissé prendre au piège. Si la fausse couverture ou apparaît l’athlète en tenue traditionnelle Algérienne et maquillée a suscité une fascination chez ses fans, la considérant comme un modèle, d’autres se veulent bien plus agressifs.

Selon certains internautes, « se maquiller ne suffira jamais à cacher le fait qu’elle reste une personne trans »… Quoiqu’elle fasse, les jugements persistent. Il faut croire que toutes les réussites qu’une femme peut connaître se voient automatiquement accompagnées d’une méchanceté gratuite (un constat qui fait peur). 

En 2024, les femmes toujours soumises aux diktats beauté dans le milieu du sport 

Depuis trop longtemps, les femmes sont soumises à des diktats de beauté qui les contraignent à correspondre à des standards irréalistes. La cellulite, l'acné, les vergetures, le poids, la silhouette : tout est scruté à la loupe. Mais pourquoi, dans une compétition sportive, le physique des athlètes devrait-il être un critère de jugement ? À quel moment cela a-t-il été normalisé ? 

Dans le cas d'Imane Khelif, ce n'est pas seulement son physique qui est critiqué, mais son genre même. Parce qu'elle est apparue sans maquillage, son identité féminine a été remise en question, dans une démonstration absurde de ce qu'il reste à accomplir pour que les femmes soient jugées sur leurs compétences et non sur leur apparence. 

Tandis qu’elle réalisait un exploit sportif, ce sont les discussions sur son apparence qui ont pris le dessus, provoquant des réactions jusqu’à l’international. On le répète mais une fois de plus les commentaires de personnalités telles que Donald Trump et Elon Musk montrent à quel point ce problème est enraciné dans notre société.

Imane Khelif : une femme à la détermination impressionnante

Malgré cette tempête médiatique, Imane Khelif reste une femme à la détermination et au courage impressionnants. Elle incarne la force d’une génération de sportives prêtes à se battre non seulement sur le ring, mais aussi contre les préjugés et les stéréotypes qui persistent

Son parcours est une source d'inspiration pour toutes celles et ceux qui refusent de se laisser définir par les attentes des autres. Imane Khelif continue de prouver que ce qui compte vraiment, ce n'est pas l'apparence, mais la détermination, la force et le talent. Et c'est ce message qu'elle incarne, avec la puissance d'une championne qui refuse de se laisser abattre.

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