Depuis le nouveau Bac, les filles sont de moins en moins nombreuses en spé maths

La réforme du lycée, mise en place en 2021 par le gouvernement, semble avoir encore renforcé les inégalités entre les filles et les garçons à l'école. En 2021, près de la moitié des lycéennes ont déserté les spécialisations mathématiques.

Écrit par Juliette Gour le

Le 25 janvier dernier, plusieurs associations ont tiré la sonnette d'alarme ! Les lycéennes désertent les classes spécialisées en mathématique depuis la réforme du Bac en 2021. Pourquoi est-ce que c'est problématique ? Parce que cet abandon ne fait que mettre un peu plus en lumière les différentes inégalités entre les filles et les garçons dans le parcours scolaire : on nous fait gober, depuis notre plus tendre enfance, que les matières scientifiques, ce sont des matières de garçon et que les matières littéraires sont des matières de fille (parce qu'injustement considérés comme plus faciles).

La part des jeunes filles présentes en spécialité maths a été divisée par 2 en un an. Pour les associations, cette réforme et cette chute d'inscription dans les classes scientifiques mettent fin à 25 ans de laborieux efforts : "Alors que la part des filles en terminale S progressait régulièrement depuis 1994, la part des filles dans l’enseignement de spécialité mathématique en terminale est redescendue en dessous du niveau de 1994, chutant de près de 8 points après 2 ans de mise en place de la réforme".

Une société qui nous pousse à nous fermer des portes

Le problème, c'est que derrière cet abandon se cache quelque chose d'une ampleur phénoménale : l'impact de la société sur nos idées préconçues. Il est d'usage, depuis très longtemps déjà, de pousser les filles vers des enseignements moins "nobles" car considérés comme plus faciles. Même si Marie Curie a prouvé, à maintes reprises, que les sciences et la physique n'étaient absolument pas réservées aux hommes, on est resté dans cette idée que les femmes s'en sortent mieux en lettre.

Bien qu'erroné, ce courant de pensée a forcément un impact, direct ou indirect, chez les jeunes filles. En l'occurrence, on voit aujourd'hui que les mathématiques sont devenues une option complémentaire, que les jeunes filles s'en détournent très rapidement et se ferment des portes qui pourraient les mener vers des carrières plus valorisées juste parce qu'on leur a fait croire qu'elles n'en étaient pas capables.

Un décrochage qui risque d'avoir des conséquences

Si en 2018, 83% des lycéennes poursuivaient les enseignements mathématiques, aujourd'hui en 2022, seule la moitié reste encore motivée à suivre les spécialisations maths. Ce décrochage risque d'avoir de vraies conséquences sur la société dans les années qui viennent : "les métiers de l’enseignement, très fortement féminisés […], risquent également de subir de plein fouet le défaut de formation dû à l’abandon massif des mathématiques par les filles en première". Les associations sont donc grandement préoccupées par cette situation qui pourrait s'avérer dramatique pour les années à venir. Déjà que la France ne brillait pas par son niveau d'enseignement en maths (notre pays est, à ce jour, le dernier de l'OCDE), l'absence des filles dans les classes risque encore de faire descendre le niveau d'enseignement national.

Une solution ? Faire en sorte que les mathématiques redeviennent une matière du tronc commun et plus seulement une option.

Les Éclaireuses