‘Tu mens’ : Caroline Darian accuse son père de viol
Alors que ces dernières semaines ont été concentrées sur Gisèle Pélicot et les horreurs qu’elles a subies pendant 10 ans, Caroline Durian, sa fille, accuse également Dominic Pélicot de viol et de soumission chimique.
Écrit par Camille Cortot le
Dominique Pélicot, malgré la présence de photographies à caractère sexuel dans son ordinateur, nie catégoriquement avoir abusé sexuellement de sa fille. Le doute qui plane autour de ce sujet par manque de preuve est un réelle inquiétude de Caroline Durian, qui a fait de la soumission chimique son combat.
Cette partie du procès met en lumière un problème sociétal : l’inceste. Encore bien trop tabou, l’inceste touche pourtant un français sur 10. La prise de conscience à laquelle on assiste autour des violences sexuelles doit aussi l’être pour l’inceste, encore bien ancrée dans une société patriarcale qui passe sous silence ce problème majeur.
Caroline Darian accuse son père d’inceste
Caroline Darian est persuadée d’avoir été agressée sexuellement par son père, Dominique Pelicot. Des photos dénudées à caractère incestueux sur lesquelles elle apparaît allongée sur un lit ont été retrouvées dans un dossier sur son disque dur intitulé "Autour de ma fille, à poil". Elle pense qu’elle a pu subir le même sort que sa mère, droguée et violée par des inconnus pendant presque 10 ans. Ces doutes, elle les avait déjà partagés dans son livre Et j’ai cessé de t’appeler papa, où elle fait de la soumission chimique une de ses luttes principales.
Pourtant, Dominique Pelicot nie totalement les faits : "Je n’ai jamais touché ma fille". Il se montre presque agressif lorsque les avocats de la partie civile le questionnent sur le caractère incestueux des photographies de sa fille mais aussi de ses belles-filles. Le manque de preuve, qui est d’ailleurs un problème majeur dans les affaires de soumissions chimiques, est une grande inquiétude de Caroline Darian qui est convaincue du mensonge de son "géniteur" comme elle l’a appelée durant le procès.
La culture de l’inceste encore très présente dans notre société
Ce procès c’est aussi le procès de la culture de l’inceste, très présente dans l’affaire Mazan. Ce fléau ne fait pas juste référence à l’acte du viol, mais à une organisation sociale plus large bien souvent dominée par la figure du patriarche.
Dans son livre, Caroline Darian fait part du contexte familial dans lequel elle a grandi, décrit bien différemment que par Gisèle Pelicot qui parle d’un mariage heureux. Pourtant, sa fille décrit une scène de violence conjugale auquel elle a assisté très jeune, et d’autres disputes assez brutales. Elle parle de sa mère comme très éteinte et soumise, qui ne contrôle pas grand-chose dans sa propre vie. En quelques mots, une femme sous l’emprise de son mari. Cette relation de pouvoir, bien souvent mise en place par le bourreau, est très commune dans les affaires de violences conjugales et incestueuses.
Caroline Darian raconte que lorsqu’elle a découvert qu’elle avait aussi été victime de photographies intimes, sa mère, Gisèle Pelicot lui soutient qu’il n’a pas pu la violer : l’inceste lui paraît inimaginable. Dominique Pelicot se défend d’ailleurs au procès en disant : "Moi ma fille, c’est comme mes petits enfants, ce sont des joyaux, on n’y touche pas". Cette phrase, c’est l’exemple même de la négation de l'inceste, omniprésente dans notre société.
L’inceste est encore bien trop considéré comme impensable et donc souvent rendue invisible. Dans la pensée commune, violer un enfant c’est bien trop grave, donc ça ne peut pas exister. Et pourtant 1 Français sur 10 a déjà été victime d’inceste dans sa vie.
L’inceste, un sujet encore trop tabou
Ce procès, c’est aussi celui de la culture de l’inceste et il ne faut pas le laisser de côté. Dominique Pelicot a été lui-même victime d’inceste par son père et par un médecin, violé sur son lit d’hôpital. Aurore, une des belles-filles a également été victime d’inceste par son grand-père, pourtant elle n’a pas su parler lorsqu’elle a remarqué des comportements très problématiques chez son beau-père. Parmi les accusés, plusieurs d’entre eux ont des histoires d’inceste dans leurs familles.
Comme les violences sexuelles et les violences conjugales, les violences incestueuses continuent de se perpétrer de génération en génération, notamment parce qu’elles sont passées sous silence. Ce procès marque une étape importante dans le combat contre les violences sexuelles, mais aussi contre l’inceste qui doit être pensé comme un vrai sujet de santé public encore bien trop tabou dans notre société.