Un trafic d’enfants caché sur Vinted ?

Vinted est pointé du doigt par les complotistes pour trafic d'enfants ? Cette récente théorie est sur toutes les lèvres et submerge les réseaux sociaux à une vitesse affolante, ce qui rappelle les affaires du Wayfairgate et du Pizzagate. 

Écrit par Téa Antonietti le

Depuis quelques jours, la sphère des théories du complot est en ébullition. Une fois de plus, la communauté complotiste est persuadée d'avoir mis le doigt sur un gros scandale national qui se trame discrètement sur Vinted, loin des radars... Selon la théorie, la plateforme de vente de seconde main serait en réalité le repaire caché d'un réseau pédocriminel. Rien que ça. En d'autres termes, pendant que l'on cherche un objet ou bien des habits de seconde main sur la plateforme, il se peut que l'on tombe sur une annonce divulguant un trafic d'enfants ! 

Comme pour beaucoup de théories complotistes élaborées sur le dark web, l'info finit par remonter à la surface et s'échoue souvent pour la première fois sur X (anciennement Twitter). Des utilisateurs complotistes s'indignent et questionnent directement Vinted quant à leur implication dans ce présumé trafic d’enfants Vinted en les taguant. Pour étayer leurs propos, ils dévoilent des captures d'écran d'annonces plutôt suspectes de poupées affichées à 10 000 euros. En peu de temps, le tweet atteint plus de 5 millions de vues et la goutte d’eau versée par une théorie non vérifiée devient une vague d'inquiétudes et de doutes multipliés.

Des annonces suspectes à 15 000€ identifiées sur le site sont dénoncées par les complotistes

Ce qui questionne le plus, au-delà des nombreux signes cachés identifiés par les complotistes, ce sont les prix de certaines annonces suspectes, qui retiennent l'attention de bon nombre d'utilisateurs. Des annonces louches à 10 000 euros font le buzz, et ces fondements sont immédiatement propagés par des figures adeptes du conspirationnisme, comme Francis Lalanne sur X. Puis, sur TikTok, des complotistes et autres internautes révoltés par cette théorie n'hésitent pas à la diffuser. Ces derniers se filment en affirmant que des pédocriminels "balancent des annonces avec des trucs qui ne valent rien, des trucs pour gamins comme des petites trottinettes, des peluches et ils les mettent à 15 000 euros". Depuis le 17 novembre, les spéculations autour de Vinted sont au cœur des discussions en ligne.

La sphère complotiste soutient donc l'existence d'un réseau pédocriminel en ligne avec comme preuve l'argument suivant : derrière des annonces de jouets et habits pour enfants, de la poupée à la petite voiture aux vêtements destinés à la petite enfance, se cacherait en réalité un trafic d'enfant. Les présumés trafiquants utiliseraient des codes pour exercer leur activité en toute tranquillité. Par exemple, l'emploi de mots clés tels que "Prématuré, jusqu’à 44 cm", ou des détails comme "vert" "marron" "bleu" dans la catégorie "couleurs" pour indiquer celle des yeux... Mais ces indications - de la mesure à la couleur - correspondent avant tout à la description des vêtements pour bébés prématurés et jeunes enfants. Et si d'après certains, la présence de ces mots clés dans des annonces de jouets est suspecte, elle serait expliquée par l'obligation de Vinted à fournir des informations de taille, même pour des articles non vestimentaires.

Après l'affaire du Wayfairgate, Vinted visé pour trafic d'enfants ? 

Si cette histoire est clairement dépourvue de tout fondement, elle rappelle celle du Wayfairgate en 2020 ou encore du Pizzagate en 2016, toutes deux prenant leurs sources dans les milieux complotistes. Il y a trois ans, le site de vente américain Wayfair, spécialisé dans le mobilier, avait été gravement accusé d'abriter un réseau pédocriminel. Des annonces sur des meubles de salle de bain basiques à des prix exorbitants en avaient questionné plus d'un, mais ce qui retenait le plus l'attention des complotistes était les références des articles, reprenant des prénoms. Un cabinet qui s'appelle Samiyah, c'est suspect, surtout lorsqu'une jeune fille du même prénom était en recherche pour disparition... En réalité, on a appris que peu de temps après s'être enflammée, la théorie non fondée s’est éteinte à petit feu, la présumée recherchée Samiyah ayant elle-même prouvé qu'elle n'avait pas disparu, et que les références de bon nombre d'articles de mobiliers étaient associées à des noms et prénoms quelconques depuis bien longtemps. 

Même chose pour l'affaire du Pizzagate qui visait Hilary Clinton en 2016 lors de sa campagne présidentielle. Des complotistes du dark web - accessoirement républicains et pro Trump - accusaient Clinton et ses démocrates de gérer un trafic d'enfants dans une pizzeria de Washington, après avoir trouvé dans des conversations avec son équipe des propositions du genre "Tu veux une pizza ? ". Pour les complotistes ça ne faisait pas de toute, pizza voulait dire "fille" et fromage était le code pour "fillette". Une théorie sans fondement, remontée à la surface par un mouvement chaotique, qui a fini par s'essouffler lorsqu'un homme armé est rentré dans la pizzeria, prêt à retrouver les enfants cachés, et qu'il en est ressorti bredouille... En tirant 2-3 fois dans le restaurant, histoire de marquer son mécontentement. Une fois encore, ce phénomène de rumeurs prenant pour cible une entreprise se réitère aujourd'hui avec le site de revente Vinted. Pour l'instant, rien ne prouve l'existence d'un vaste réseau pédocriminel sur Vinted, et ces précédentes théories avérées fausses nous prouvent qu'il ne faut pas se fier aux posts publiés tant que rien n'a été vérifié !

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