Plus un homme est amateur de viande rouge, plus il est sexiste
Si Florence Foresti ironisait il a quelques années sur le fait que les priorités des hommes se limitaient à "une Porsche, une vache, une patate", une étude semble aujourd'hui lui donner raison... Pire, il semblerait que plus un homme est amateur de viande rouge, plus il aurait tendance à être sexiste.
Écrit par Juliette Gour le
La viande serait-elle le symbole ultime de la masculinité (toxique) ? Dans une récente étude IFOP pour l'Observatoire Darwin Nutrition, un parallèle est fait entre l'appétence des hommes pour la viande et leur tendance, plus ou moins prononcée, à être sexiste. Si le sujet de l'étude peut paraître un peu tiré par les cheveux, il n'a pas été choisi au hasard.
Fin août, la députée écologiste Sandrine Rousseau évoquait le lien qu'il peut y avoir entre le barbecue et la notion de virilité. Si cette prise de parole a suscité de vives réactions, autant dans la sphère politique que médiatique, cette étude semble pourtant confirmer les dires de la femme politique...
À l'occasion de cette étude sur le genre, 2 000 hommes âgés d'au moins 18 ans ont été interrogés et les résultats sont sans appel : plus les hommes sont des viandards, plus ils sont sexistes, à la surprise quasi générale.
Est-ce que le barbecue, c'est vraiment un truc d'homme ?
Dans le fond, est-ce que le barbecue (ou la plancha), c'est vraiment une activité "masculine" ? 78 % des hommes sondés confessent qu'ils s'occupent plus souvent du barbecue que leur compagne. 46 % estiment même qu'ils s'occupent mieux de la cuisson de la viande que les femmes (ce chiffre monte à 66 % chez les gros consommateurs de viande).
Mais heureusement, les avis sont plus nuancés sur la question de la symbolique du barbecue et de l'idée d'une certaine virilité. 52 % des hommes sondés estiment qu'il est important de déviriliser la consommation de viande cuite au barbecue. Il est donc temps d'admettre que le barbecue n'est pas (plus) un totem viril et que la cuisson de la viande n'est pas que l'apanage des hommes.
Pourquoi la viande est considérée comme un symbole de virilité ?
La vraie question à se poser, c'est pourquoi est-ce que l'on considère que manger de la viande est un marqueur social qui assoie une certaine idée de la virilité ? Selon l'essayiste Nora Bouazzouni, il y a une vraie symbolique autour de la viande.
"La viande est sans doute l’aliment le plus chargé symboliquement. Manger de la viande, c’est asseoir sa domination sur la nature. Ça a longtemps été le produit de la chasse, en opposition à la cueillette. La viande symbolise donc l’action, la force, l’énergie – des caractéristiques attribuées aux hommes (…)"
Pour 55 % des sondés, la viande rouge est plus nécessaire pour les hommes que pour les femmes, car un homme a besoin d'énergie et de force. Et, pour 46 % des sondés, la force (comprenez les muscles) est considérée comme un atout de séduction pour les femmes. Donc, en faisant quelques raccourcis, on se rend compte que pour beaucoup d'hommes, manger de la viande, c'est le meilleur moyen de devenir plus viril et donc de séduire plus de femmes.
Pour ce qui est du sexisme, 67 % des sondés de l'étude adhèrent à au moins 1 des 10 stéréotypes sexistes qui leur ont été présentés. Dans les stéréotypes sexistes proposés, on retrouvait des choses comme "Dans le couple, il est normal que la femme effectue plus de tâches ménagères que l'homme" ou encore "Lorsque l'on veut avoir une relation sexuelle avec une femme, beaucoup d'entre elles disent non, mais ça veut dire oui".
Plus les hommes sondés se présentaient comme viandards, plus ils étaient enclins à adhérer à ce type de stéréotypes. Consommer de la viande n'est donc pas quelque chose d'anodin. Pire, cela aurait tendance à asseoir une certaine image fantasmée de l'homme fort, plus du tout en phase avec la société ou les attentes des femmes (c'est d'ailleurs pour ça que de plus en plus d'hommes admettent avoir du mal à répondre aux attentes des femmes).
Mais attention, ce n'est pas parce qu'on mange de la viande qu'on est forcément macho, 26 % des hommes sondés admettent être machos, mais ne se considèrent pas comme grand amateur de viande.
Les Éclaireuses