Comment en 2024, une maîtresse peut encore lever la main sur un enfant ?

Depuis quelques jours, internet est en émois devant la même vidéo : celle d'une petite fille de 3 ans qui se fait frapper par sa maîtresse. Outre le geste, évidemment déplacé, cette vidéo questionne sur les violences éducatives ordinaires, toujours trop présentes dans notre quotidien. On décrypte.

Écrit par Erine Viallard le

Une semaine après la rentrée scolaire, Internet est déjà en émois à cause d'une vidéo - celles d’une petite fille de trois ans, frappée par son enseignante. Les faits se sont déroulés dans l'école maternelle des Frères-Voisin dans le 15e arrondissement de Paris. On y voit une enseignante donnant un coup dans le dos de la petite fille en larmes. Un geste qui fait automatiquement tomber la fillette de sa chaise. En se levant, toujours en pleurs, elle tente de partir, mais son institutrice lui asperge alors un liquide sur la tête. La scène, dure à regarder, aurait été enregistrée par une mère d’élève, présente dans la salle de classe au moment des faits.

Si le drame filmé remonte au 5 septembre, d'autres faits datant du 3, soit le lendemain de la rentrée scolaire, auraient été signalés. La mère de la fillette, évidemment sous le choc, a depuis témoigné sur France 2 :"J'ai tremblé (en voyant la vidéo). Ce n'est pas normal de taper une petite fille comme ça. Ça fait mal".

La petite fille ne veut plus remettre les pieds à l'école

Traumatisée, la petite fille n'est, à ce jour, pas retournée à l'école. "La petite a vu un médecin qui a jugé son état de choc sévère", a précisé l'avocate de la famille à franceinfo.Elle ne veut parler à personne, elle ne regarde pas les gens dans les yeux. C'était sa première expérience à l'école, sa première semaine, donc cela va être difficile de la faire réintégrer le milieu scolaire", a-t-elle ajouté. 

Nicole Belloube, ministre de l'éducation démissionnaire a elle aussi réagit suite à la diffusion de la vidéo : "Ce type de violences n'est pas acceptable, c'est une honte pour notre école". Sanctions, réactions, plaintes… Une enquête préliminaire a été ouverte mardi après le dépôt d'une plainte par les parents de la fillette. 

Enquête nécessaire

L’enseignante a été suspendue mardi matin, à titre préventif - comme l’a demandé la ministre de l’Éducation. Une sanction raisonnable, pour que cette professeure cesse de faire du mal à ces jeunes enfants. Elle aurait en effet un passif. L'avocate de la famille a informé que ce n'est malheureusement pas la première fois qu'elle lève la main sur un élève et ce, après avoir reçu de nombreux appels de parents, affirmant que leur enfant avait été frappé par cette même maîtresse.

S'agissant du drame avec la fillette, l’enseignante ne dément pas, elle "a reconnu les faits et a présenté ses excuses à la famille de la fillette", a affirmé le maire de l'arrondissement. Elle se dit également "sous le choc" et assure "regretter profondément son geste", a ajouté son avocat auprès de franceinfo, mardi soir. Pour elle, la classe était surchargée - 26 élèves ce jour-là - et l’ambiance agitée, selon la même source. Ces facteurs n’ont rien d'excusable, pour rappel, les violences éducatives sont interdites depuis la loi du 10 juillet de 2019 et les fessées depuis 2016.

Les violences éducatives encore trop présentes ?

Les violences éducatives, c’est quoi ? On les classifie généralement en 3 catégories : les violences physiques (fessées, gifles, tapes sur les mains, le fait de secouer l’enfant, ou tout autre châtiment corporel infligé comme punition), les violences psychologiques (les punitions, le chantage, les menaces), et les violences verbales (les cris, les insultes, les moqueries, les humiliations). 

Bien qu'interdites en France, il y a toujours des enfants qui subissent de telles violences - à l’école comme à la maison. Pour illustrer tout ça, une enquête menée par Ifop.com a révélé que 24% admettent avoir donné une fessée au cours des 7 derniers jours et 16% avoir donné une gifle. 8 parents sur 10 interrogés ont utilisé au moins une forme de violence éducative ordinaire dans la semaine précédant leur participation à l'enquête. Comme quoi ça ne s’arrête pas…

La société banalise ces violences, pourtant ça laisse des traces

C’est banalisé et c’est véridique, le drame de cette fillette n’a pas été pris au sérieux par tous. L'inspection académique et la directrice préfèrent tempérer. "La directrice, elle défendait la maîtresse, assure cette maman. Mes voisines l’ont entendue dire ‘elle a tapé, elle ne l’a pas tuée quand même’. Ma fille, ça va. Mais les autres ne sont pas bien” dénonce la mère de la petite fille.

Pourtant les violences éducatives laissent des cicatrices durables et influencent négativement le bien-être des jeunes élèves. Elles peuvent entraîner des troubles émotionnels et comportementaux chez les jeunes enfants, tels que l'anxiété, la dépression, et des difficultés d'apprentissage. Elles peuvent aussi affecter leur développement social, en compromettant leurs compétences relationnelles et leur estime de soi. Dans le cas de cette fille frappée par son enseignante, elle est en état de choc et refuse de retourner à l’école. La mère de la fillette le dit : "Elle m'a dit, 'non', je ne retourne pas à cette école".

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