Histoire d’une robe : l’avant-gardiste iconique de chez Paco Rabanne
Près de soixante ans plus tard, elle n'a pas pris une seule ride... À croire que le métal ne rouille pas !
Écrit par Marie Ordioni le
Né en Espagne en 1934, jeté dans le bain par sa mère - couturière pour Cristóbal Balenciaga -, Paco Rabanne a influencé et marqué la mode des années 60. Aux côtés de jeunes créateurs novateurs tels qu’André Courrèges et Pierre Cardin, il a su imposer son style et son univers… Ce qui n’était pas gagné d’avance.
En effet, architecte de formation, il est arrivé à Paris des rêves plein les yeux… et des idées invraisemblables, quasi-irréalisables plein la tête. Comme son surnom « métallurgiste de la mode » l’indique - surnom donné par Coco Chanel, elle-même ! -, il travaillait essentiellement sur des matériaux métalliques qui, pour la plupart, étaient importables.
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Le couturier Paco Rabanne est décédéEn témoigne son emblématique robe qui, à sa sortie en 1965, a fait l’effet de l’atterrissage d’un vaisseau spatial sur la planète mode… Et qui, depuis, n’a jamais perdu de sa superbe. Portrait d’une pièce aussi singulière qu’iconique…
Une histoire de Pacotilles
L’histoire de cette robe débute en 1965, lorsque Paco Rabanne crée Pacotilles, une collection entièrement réalisée en Rhodoïd. Avant-gardiste - et c’est peu de le dire -, il n’accorde que très peu d’importance aux tissus, et prône une toute nouvelle mode conçue dans des matériaux encore jamais - ou très peu - exploités à ces fins.
Une année plus tard, son défilé 'Douze Robes Importables En Matériaux Contemporains' marque les esprits. Essentiellement composées de métal, d’aluminium, de pastilles en Rhodoïd, les pièces font du bruit à chacun des pas des modèles. Les traditionnels fils et boutons sont ici remplacés par des anneaux, des pinces et des rivets pour maintenir les plaques entre elles. À l’époque, le créateur est formel : cette collection est 'importable'…
Le pouvoir des ambassadrices
Enfin, ça, c’est ce qu’il croyait… Mais les idoles de l’époque lui ont très rapidement prouvé le contraire. Les plus grandes stars des Sixties, comme Jane Fonda et Brigitte Bardot, se l’arrachent. Paco Rabanne en fait ses ambassadrices. Et de Françoise Hardy, une véritable muse. Pour elle, il confectionne spécialement une robe en plaques d’or incrustées de diamants, avec laquelle elle fait la couverture de Paris Match. Du haut de ses 38kg de précieux matériaux, la création est à l’époque considérée comme étant "la robe la plus chère du monde".
De rééditions en rééditions
Depuis, cette robe iconique n’a cessé d’évoluer. D’année en année, d’époque en époque et de mode en mode, Paco Rabanne a su la faire évoluer et s’adapter au monde qui l’entoure… Avec toujours un brin d’avance sur lui. Sans ne jamais perdre de vue sa dimension futuriste, l’emblématique pièce a vu défiler les formes et matières, la rendant toujours plus légère, et toujours plus portable.
En mars dernier, on retrouvait des archives de la maison dans la collection automne-hiver 2023-2024 de chez Paco Rabanne - qui, depuis, ne se reconnaît plus quesous le nom de ‘Rabanne’ -. Six robes tout droit ressorties d’un passé conjugué au futur. "On a sélectionné ces looks d'archives très précisément, ce sont des robes qui font partie des toutes premières collections de Paco Rabanne. Pour nous c'était vraiment comme s'il avait créé un nouveau générique du luxe, avec ces assemblages et ces robes très courtes, l'idée de métal et de rhodoïd sur le corps. Donc, on est allé chercher cette robe métallique avec des clous et il y a évidemment la robe portée par Françoise Hardy et bien d'autres. L'idée était vraiment de reprendre les codes les plus purs et précis du vocabulaire des premières collections de Paco Rabanne.", raconte Julien Dossena, directeur artistique de la griffe. Un bel hommage a son créateur…
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