Les lampes UV utilisées pour sécher le vernis semi-permanent pourraient être cancérigènes
Ne pas avoir les ongles fait ? Impensable en 2024. Enfin, ça, c'était avant d'apprendre que les lampes UV avec lesquels on sèche notre vernis pourraient bienn présenter des risques pour notre santé...
Écrit par Marie Ordioni le
Depuis quelques années, les bars à ongles ont le vent en poupe. Aller se faire faire une manucure est une tendance qui ne date pas d’hier, certes. Mais avec l’ère du numérique, des réseaux sociaux et des trend qui débarquent aussi rapidement qu’elles ne meurent, le fait d’avoir des mains soignées est devenu une fin en soi. On va se faire faire les ongles comme on va prendre un café, à la salle de sport ou faire un footing. On les change plusieurs fois par mois - quand ce n'est pas par semaine ! -, les assortit à nos tenues, les allonge… Et ce, à l’infini.
Mais tout comme ce qu’il y a de meilleur sur cette Terre, cette habitude semble être - elle aussi… - nocive pour notre santé. C’est ce que révèlent de récentes études : les lampes UV utilisées pour sécher le vernis semi-permanent pourraient bien être cancérigènes.
Les lampes UV des ongleries pourraient être cancérigènes
Inquiétant. Il s’agit en effet d’une enquête réalisée par l’Université de Californie publiée dans la revue Nature. Une étude initiée à la suite d’un cas très suspect : "Nous avons appris que la mannequin Miss Illinois aux Etats-Unis a développé un type de cancer rare sur l'ongle. Elle a elle-même déclaré que ce cancer était apparu suite à l'utilisation fréquente de vernis à ongles en gel. Nous avons donc décidé d'étudier les machines à UV utilisées dans les salons de manucure.", explique Maria Zhivagui, première autrice de l’étude.
En démarrant ses travaux, la chercheuse s’est immédiatement aperçue qu’il existait de nombreux cas similaires à celui de Miss Illiois, tous liés à la fréquentation récurrente d’une onglerie, et plus précisément, à l’utilisation de lampes UV. "C’est un sujet très concernant et alarmant, dans la mesure où les gens n'ont aucun moyen de savoir si ces machines sont vraiment sans danger. Nous n'avons trouvé aucune étude qui mesure leur effet sur les cellules.", détaille-t-elle.
Des résultats d’études alarmants
Au printemps 2023, l’Académie nationale de Médecine française s’est elle aussi penchée sur le sujet. Dans un communiqué daté du 23 avril dernier relayé par TF1, elle expose très clairement les causes et risques que présentent ces lampes : "(…) Son application nécessite cependant l'usage d'une lampe combinant UV (au moins 48 watts) et diode électroluminescente (LED) pour sécher et fixer (les quatre couches de vernis appliquées). Or ces lampes émettent des rayons UV de type A (UVA) qui pénètrent profondément dans la peau et sont connus pour favoriser le vieillissement, mais surtout le développement de cancers de la peau." Un constat très alarmant.
Et les résultats ne sont pas moins consternants du côté de l’Université de Californie. Pour réaliser l’étude, les chercheurs ont exposé trois types de cellules de peau différentes aux lampes UV. Cette expérience a démontré que ces dernières tuent 20 à 30 % des cellules… En seulement 20 minutes de session."Nos résultats expérimentaux, couplés aux éléments déjà présents dans la littérature médicale, suggèrent fortement que les radiations de ces machines destinées au séchage des manucures pourraient causer des cancers sur les mains et que, à l'image des solariums, ils pourraient augmenter le risque de cancer précoce.", conclut l’étude. L’autrice a d’ailleurs été jusqu’à en faire l’expérience chez elle : "J'ai moi-même utilisé du vernis à ongle en gel. J'ai même acheté un kit de manucure à faire soi-même à la maison. Mais après avoir lu ces rapports médicaux, je me suis lancée. Je me suis dit qu'il fallait absolument comprendre les effets des radiations UV sur les cellules humaines et informer le grand public."
Une conclusion d’autant plus inquiétante lorsque l’on sait que d’autres appareils, comme ceux utilisés pour réaliser des soins dentaires ou d’épilation, fonctionnent avec la même lumière UV…
Et maintenant ?
Reste à s’en remettre une enquête beaucoup plus approfondie qui, selon les dires de Maria Zhivaqui, prendrait des dizaines d’années à être réalisée. "Nous n'avons pour le moment pas entendu parler d'une telle étude. Il est pourtant urgent d'en conduire une pour mieux comprendre le risque de cancer de la peau auquel on est exposé.". De son côté, Catherine Arfi, dermatologue, préconise l’utilisation d’une crème solaire dans un reportage réalisé par TF1 : "Il faudrait imaginer appliquer de la crème sur toute la surface de la main, puisqu'elle est souvent introduite dans la machine, en dégageant seulement l'espace de l’ongle." Et surtout, on n’oublie pas de se tartiner et tartiner nos proches de prévention !