Scandaleuse : Pourquoi les médias détestent-ils les femmes à succès ? Le cas Anne Hathaway.

C'était une période sombre pour Hollywood. Alors qu'Anne Hathaway est à son apogée, s'imposant à Hollywood avec ses talents d'actrices et obtenant la consécration, son premier oscar, le monde entier ne célèbre pas son succès. Non car l'actrice se retrouve au milieu d'une controverse sans fond, elle est détestée. La raison de cette haine ? Son succès. Car Anne Hathaway n'est pas la seule star féminine à avoir traversé cette phase compliquée.

Écrit par Elsa Lauron le

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Actrice à problèmes, tournages compliqués, révélations choquantes d'un réalisateur à succès et des fans qui se confient sur leurs rencontres avec cette star malpolie. Sacrée aux Oscars mais détestée par le monde entier, un schéma récurrent pour Hollywood.

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C'est un scandale qui a fait les choux gras des tabloïds, fait le tour du web et est devenu le sujet préféré des haters qui passent leurs journées sur Twitter. Une histoire de femme qui réussit et dont le succès devient la cible de milliers de détracteurs qui trouvent moyen de la détester sans aucune raison qui le justifierait.

C'est un éternel recommencement, un schéma que l'on a vu se former puis recommencer à chaque succès d'une star de la gent féminine. Bien qu'aujourd'hui, les femmes s'imposent et sont enfin respectées, en 2010, elles étaient étudiées à la loupe, leurs émotions, leurs faux pas, leurs comportements et activités étaient scrutés, disséqués, critiqués.

Le cas qu'on n'oubliera pas, celui d'Anne Hathaway, alors que la star revient sur le devant de la scène, affirmant son talent et son style, difficile d'oublier cette période où l'actrice avait disparu de nos écrans à force de faire face aux critiques qui ne cessaient d'affirmer leur haine.

Mais que s’est-il réellement passé ? Pour le savoir, rendez-vous en page 126 ou attendez encore quelques instants pour le lire.

Elle est la fiancée de l'Amérique, l'actrice à l'incroyable talent qui se voit ouvrir toutes les portes d'Hollywood après s'être imposée dans des films à succès. Elle devient une princesse malgré elle aux yeux du monde entier, une actrice adorée, une habituée des comédies romantiques, des thrillers, des scènes.

Mais lorsqu'Anne Hathaway obtient le rôle de toute une vie, celui d'interpréter le complexe personnage de Fantine dans Les Misérables, et est nominée pour son premier Oscar, tout s'effondre.

Le monde découvre sa voix angélique, reste bouche bée devant ses dons de chants et découvre avec effrois comment l'actrice s'est préparée au rôle, et pourtant on ne retient que ces quelques faux pas, cette cérémonie des Oscars animée par l'actrice, ce discours froid, puis le discours trop préparé, puis cette rencontre avec un fan et les mots d'un ancien réalisateur.

Anne Hathaway devient la femme la plus détestée d'Hollywood en seulement quelques mois et il faudra attendre quelques années avant de la revoir comme la star talentueuse et aimée qu'elle est.

Enjoy,

Les Éclaireuses

Anne Hathaway à la conquête de Hollywood après son premier film "Princesse Malgré Elle"

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Lorsqu'Anne Hathaway fait sa première apparition dans le film "Princesse Malgré Elle", une production Disney adaptée des livres "Journal d'une Princesse", le monde tombe sous le charme de cette jeune actrice un peu maladroite mais si talentueuse. Le film est un vrai succès et donnera naissance au second volet de la saga Journal d'une Princesse intitulé "Mariage d'une Princesse". Comme son personnage Mia Thermopolis, Anne Hathaway semble vivre un vrai conte de fées, une carrière lancée par Disney qui compte bien l'emmener loin.

Car en 2006, Anne Hathaway décroche son premier grand rôle, celui qui la fera sortir de cette image de gentille fille, de princesse un peu gauche. Elle joue aux côtés de Meryl Streep et Emily Blunt dans le film Le Diable S'habille en Prada. Un film qui deviendra iconique et offrira à l'actrice un vrai statut d'icône mode. Mais si le film devait faire d'Anne Hathaway une actrice de talent grandement appréciée, il n'a pas eu l'effet escompté.

Elle se retrouve associée à son personnage et devient aux yeux du public Andrean, une jeune femme trop sérieuse, trop gentille, qui travaille trop dur, veut être trop parfaite. Stanley Tucci, son partenaire à l'écran dans le film iconique, révéla au micro du podcast "Love Stories with Dolly Alderton" que contrairement à ses autres co-stars, Anne Hathaway fut la seule qui ne gagna pas en popularité auprès du public après Le Diable s'habille en Prada. L'acteur nota que la performance d'Anne Hathaway dans le film n'a jamais été célébrée contrairement à celle de ses partenaires de jeux. Selon lui, le personnage de l'actrice n'avait pas matière à devenir mémorable, manquant d'un angle créatif ou drôle comme les personnages d'Emilie ou Nigel pouvaient apporter. Il ajoutera que le travail d'Anne Hathaway était de "réagir face aux autres", une mission qu'il considérera d'ingrate.

Mais aux yeux du monde, c'est ce personnage de gentille fille qui fera grandir la haine universelle ressentie envers l'actrice.

Co-animer les Oscars avec James Franco, sa première erreur aux yeux des médias

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En 2011, Anne Hathaway est au cœur d'un scandale qu'aujourd'hui le monde catégoriserait de sexiste et misogyne. Anne Hathaway est invitée à co-présenter la cérémonie des Oscars aux côtés de James Franco et ce qu'elle voit comme une superbe opportunité restera gravé comme la pire édition des Oscars jamais vue à Hollywood.

Si Anne Hathaway s'impose comme une maîtresse de cérémonie drôle et enchante par ses pas de danse, ses talents de chanteuse et ses pas moins de 10 tenues, elle finira par être ridiculisée. On juge la performance des deux acteurs et animateurs comme gênante, la pire dans l'histoire des Ocars. Un journaliste du New York Post déclarera à l'époque : "Je regarde la cérémonie des Oscars depuis la fin des années 1959, et je n'ai jamais rien vu d'aussi affligeant et ennuyeux (...). Une parfaite association de présentateurs incompétents, d'auteurs nullissimes et de moments gênants".

Le problème c'est que ce n'était pas la meilleure association possible. Elle veut faire les choses bien, se donne à fond, mais lui, ne se montre pas aux répétitions, comme un mauvais élève. Le site The Ringer interviewera les auteurs des dialogues d'Anne Hathaway et James Franco pour la cérémonie qui déclareront : "C'était un peu le rendez-vous le plus gênant de l'histoire entre le gars le plus populaire du lycée et l'adorable majorette de colonie de vacances."

Jordan Rubin, qui avait travaillé sur l'organisation de l'événement, ajoutera "Anne Hathaway est arrivée motivée à 110%, prête à tout donner. James était un mec sympa, mais il donnait souvent l'impression qu'il venait de se réveiller de sa sieste. C'est un peu comme si vous invitiez deux personnes pour une partie de tennis, l'un s'apprête à jouer comme s'il allait disputer l'US Open, l'autre se pointe en jean et pense taper quelques balles".

La soirée est un véritable désastre. Pourtant aux yeux du public, la seule fautive dans l'histoire est Anne Hathaway. Elle est jugée comme trop pétillante, pimpante, trop enjouée. Bref, elle est la cheerleader que le monde se met à détester.

Les Misérables, la consécration de son talent et de la haine du monde envers elle

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2013 aurait dû être l'année d'Anne Hathaway, sa carrière est en plein envole, elle enchaîne les productions à succès, Love et autres drogues, Dark Night Rises, Alice au Pays des Merveilles, Un Jour, plus encore et sans oublier les Misérables. Pour interpréter le rôle de Fantine dans la comédie musicale, Anne Hathaway se rase la tête et perd énormément de poids. Elle livre une performance épatante et sa voix mélodieuse est captivante. Finalement, son talent est célébré et l'actrice obtient de nombreuses nominations aux cérémonies de la même année.

Et Anne Hathaway rafle tout, un Golden Globe, un Screen Actors Guild Award, un BAFTA Award et enfin un Oscars, tous pour la même catégorie : Meilleure Actrice dans un second rôle.

Mais le public ne semble pas émerveillé par ses succès. Aux yeux du monde, ses discours d'acceptation et sa présence brisent toutes règles du comportement qu'une femme doit avoir en public. Elle est vue comme inaccessible, trop émotive, encore une fois trop douce, trop soignée. Par la suite, on lui reprochera de ne pas être comme l'actrice Jennifer Lawrence, maladroite et naturelle, à qui l'on reprochera bien plus tard les mêmes choses que l'on reproche déjà à Anne Hathaway.

Au Golden Globes, c'est son "merci pour ce superbe objet pointu que j'utiliserai à jamais comme une arme contre le doute personnel" qui est critiqué. Et lorsqu'elle se permet de reprendre le micro pour remercier son agent alors que le producteur de Les Misérables s'apprête à prononcer son discours de remerciement pour le prix de la meilleure comédie musicale, Twitter s'enflamme. Un geste maladroit de l'actrice qui souhaitait corriger son oubli de remercier son agent lorsqu'elle a reçu son propre prix. On apprendra par la suite qu'Anne Hathaway tenait à se montrer respectueuse envers celle qui l'a aidée dans sa carrière et venait d'être diagnostiquée avec un cancer. Mais le public n'avait qu'à faire de son excuse, le mal était fait.

Rien ne s'arrange aux Oscars. Anne Hathaway se retrouve dans un cauchemar vestimentaire lorsqu'elle doit changer de robe à la dernière minute. La première robe choisie avait déjà été portée par une autre célébrité et la seconde était bien trop similaire à la tenue portée par Amanda Seyfried, sa partenaire d'écran dans Les Misérables. Alors que le tapis rouge s'apprête à être clôturé, Anne Hathaway enfile une robe Prada peu flatteuse. La star a bien conscience que le monde entier la déteste et veut éviter tout faux pas. Mais c'est un échec, sa robe est vivement critiquée, détestée.

Lorsqu'elle tient entre ses mains la statuette dorée qu'elle a tant méritée, les critiques déferlent. Elle est submergée par les émotions, pourtant sincère dans sa réaction, mais on lui en veut pour sa sincérité, sa joie d'avoir gagné, car réussir est déjà un vrai exploit pour une femme, mais être heureuse de sa réussite est un véritable crime aux yeux du monde entier.

Détestée parce qu'elle est jugée parfaite

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Anne Hathaway ne manque pas la naissance du mouvement Hathahaters, ces détracteurs de la star qui la déteste sans aucune vraie raison. Lorsqu'elle tombe par hasard sur un article intitulé "Pourquoi les gens détestent Anne Hathaway ?", elle réalise l'étendue de cette haine contre elle. Des années plus tard, elle révélera au magazine Harper's Bazaar que s'en rendre compte a eu l'effet d'un coup de poing dans le ventre, l'actrice s'est sentie "choquée, retournée et humiliée" et encore aujourd'hui, elle ressent cette même gêne.

Si un Oscar a le pouvoir de propulser la carrière d'un acteur, pour Anne Hathaway, il n'a pas eu cet effet, bien au contraire. Car comme elle, tout Hollywood voit ce mouvement de haine, les réactions du public face à elle. Ainsi, elle confiera à Harper's Bazaar : "J'ai eu des réalisateurs qui m'ont dit : 'je pense que tu es géniale. Tu es parfaite pour ce rôle, mais je ne sais pas comment le public va t'accepter à cause de tout ça."

On lui reproche son manque d'empathie, d'humanité, de sex appeal ou de talents, son régime végétarien, sa froideur et ses rôles de gentille fille. On la déteste parce qu'elle est ennuyeuse, trop parfaite, trop sérieuse, pas assez naturelle comme Jennifer Lawrence. Bref, on lui reproche ses qualités, ce qui fait d'elle qui elle est.

9 ans plus tard, Anne Hathaway semble s'être lancée dans une mission pour être aimée. Depuis 2014, elle enchaîne les grosses productions avec Interstellar, Le Stagiaire, la suite de la saga de Tim Burton "Alice au Pays des Merveilles", Ocean's 8 et tant d'autres. Et 2022 semble finalement être l'année de l'actrice. Après qu'elle se soit imposée dans le film "Lockdown" filmé en plein confinement, puis récemment la série "WeCrashed" aux côtés de Jared Leto, le monde entier semble s'être réconcilié avec l'actrice, la voyant enfin comme la femme de talent qu'elle a toujours été. Il était temps.

Ce qui nous fait nous demander : est-il encore possible de détester une femme qui réussit aujourd'hui ? Sûrement pas.