Comment aider nos enfants à forger leur propre personnalité ?

Quel épineux sujet que celui de l'éducation. Car si tout le monde y va de son conseil et de son grain de sel, il n'y a pas de règle unique. En revanche, il y a certains points sur lesquels il faut être plus flexible ou vigilant...

Écrit par Juliette Gour le

Grandir, ce n'est pas une chose simple. On le sait, le monde est truffé d'embûches. Avant 3 ans, on doit tenir sur nos deux pattes. Avant d'entrer à l'école, on doit apprendre à communiquer. Avant le collège, on doit se coltiner l'apprentissage des multiplications, des verbes d'état et savoir poser une division (et la faire de tête, sinon ce n'est pas drôle). Au collège, on doit trouver sa place, idem au lycée, où le mercato des populaires est sans pitié... Ainsi va la vie, avec ses hauts et ses bas.

Heureusement, il y a des gens qui vont éclairer notre chemin. Cela peut être les parents (géniteurs), la choosen family, les amis, les oncles et tantes, un prof de danse, un entraîneur... Chacun trouve la figure parentale qui lui convient et qui l'inspire le plus. 

Mais en tant que parents, il y a une mission qui est primordiale : il faut apporter les outils nécessaires à son petit protégé pour l'aider à surmonter les petites et grandes épreuves de la vie. Le plus dur, c'est d'accompagner les enfants, sans les étouffer ou les influencer. Le mieux, c'est encore de les laisser se construire, en étant juste le tuteur qui leur permet de pousser toujours plus haut. Sauf que si cela paraît facile, dans les faits, ce n'est pas une mince affaire, car chaque personne a son histoire (ou ses traumatismes). Heureusement, ce n'est pas impossible, mais ça demande juste quelques petits réflexes. 

Enjoy,

Les Éclaireuses

Respecter le rythme de l'enfant pour lui faire comprendre que la seule normalité, c'est la sienne

"Il a marché à quel âge ?"

"Oh, mais il est très en retard comparé à Tim."

"Tiens, c'est drôle qu'il ne sache pas faire ça à son âge."

C'est humain, nous avons tendance à comparer les enfants. Pour faire un état des lieux, d'une part, mais surtout pour flatter l'ego des parents (ça ne sert à rien de mentir, on le sait). Si ce n'est qu'à force de comparer les enfants les uns avec les autres, on finit par intégrer ce comportement comme normal dans l'esprit de nos petites têtes blondes. 

Pire, en leur mettant en tête qu'ils sont toujours en retard par rapport à l'autre (ou à la norme), on les pousse à la dévalorisation. L'enfant finira par penser qu'il n'est pas assez rapide, pas "normal", pas assez intelligent... Et c'est le début du festival de l'absence de confiance en soi. Sauf que les bases de la confiance se posent très tôt chez l'enfant. Dès 3 ans pour certains spécialistes, encore plus tôt pour d'autres.

Le mieux c'est encore de respecter le rythme de l'enfant sans porter de jugement sur ses facultés ou son intelligence. En faisant ça, vous éviterez de lui créer des peurs et des blocages. Chaque enfant est unique et c'est aussi ça qui fait leur force. Il est donc inutile de les comparer ou de leur faire comprendre qu'ils ne rentrent pas dans le moule (les moules, de toute façon, ce n'est fait que pour les tartes).

Apprendre à encourager son enfant sans lui mettre la pression

Ce qu'il y a de bien avec les enfants lorsqu'ils sont petits, c'est qu'ils ont une immense capacité d'apprentissage et d'évolution (toujours à leur rythme). C'est pour cette raison qu'il est important de les stimuler avec des jeux et des activités. Il est même possible de s'inspirer de la méthode Montessori pour inclure encore plus d'apprentissages dans l'amusement. 

Mais il est essentiel de garder en tête qu'un enfant n'est pas une bête de concours et qu'éducation ne rime pas avec dressage. Le problème, c'est que la frontière entre encouragement et pression est assez mince. Si l'encouragement est bénéfique, la pression, elle, peut virer au drame et finir par pousser l'enfant à être un éternel insatisfait ou, pire, lui couper toute motivation.

L'idée, c'est de chercher l'épanouissement plus que la performance. Tant que les sessions de jeux riment avec plaisir, il ne devrait pas y avoir de problème. En revanche, le jour où cela vire en course à la performance, attention, car bien que les tout-petits ne le montrent pas, ils peuvent être rongés par l'angoisse.

Penser à son individualité plutôt qu'à ce qu'on aimerait le voir devenir

C'est peut-être la chose la plus difficile à faire en tant que parents : ne pas faire de transfert sur les enfants et, surtout, ne pas le pousser à faire des choix. Il est normal pour un parent de vouloir le meilleur pour son enfant. Cependant, un enfant (quand bien même vous êtes à l’origine de sa création) est un être indépendant, qui a sa propre identité et ses propres goûts. Même si l'environnement familial a un impact notable sur son évolution, l'enfant peut avoir, naturellement, des goûts totalement opposés à ses parents. Par exemple, il peut vouloir faire de la danse ou de la musique alors qu'il n'y a ni danseur ni musicien dans la famille. Idem pour les échecs, la poterie ou le curling. 

Le cerveau humain est complexe et il est parfois difficile de comprendre pourquoi les enfants vont avoir certaines inclinaisons. Souvent, elles semblent sorties de nulle part et c'est ça qui est déroutant. Cependant, aussi étrange soit cette passion (que ce soit la K-pop, les animés ou la peinture sur verre), la mission des parents ce n'est pas de juger les goûts de l’enfant, mais plutôt de le pousser à explorer les choses qui lui plaisent à lui (et seulement à lui). Et si parfois, les dogmes sociétaux peuvent venir créer quelques petites frictions (comme lorsqu'un petit garçon se prend d'amour pour le maquillage ou la danse), il est important de créer un cocon vierge de tout jugement (même de ceux de la famille). Il n'y a qu'en respectant les choix et les goûts de votre enfant que vous l'aiderez à développer son individualité. 

Ainsi, la prochaine fois que votre enfant arrivera, la bouche en cœur, vous demandant s'il est possible pour lui d'apprendre le coréen, ne lui riez pas au nez et essayez de mettre les choses en place pour qu'il puisse juger si, oui ou non, c'est quelque chose qui pourrait lui correspondre.

Faites-lui comprendre, très tôt, que sa voix et son avis ont une vraie valeur

L'époque des enfants silencieux à table et des jeunes filles de la famille muettes est révolue. Aujourd'hui, il est plus qu'essentiel de faire comprendre aux enfants qu'eux aussi ont le droit d'avoir un avis et que ce n'est pas un drame s'il ne colle pas parfaitement avec celui de leurs parents. Un enfant n'acquiert pas le sens critique et de la jugeote à partir du moment où les adultes considèrent qu'ils sont assez dignes d'intérêt pour pouvoir parler en leur présence. La réflexion se construit relativement tôt chez les enfants et c'est justement pour ça qu'ils sont capables de comprendre les choses si quelqu'un prend le temps de leur expliquer simplement. En infantilisant les enfants, on ne leur rend pas service. Pire, on leur laisse croire que leur avis ne compte pas et qu'ils ne sont pas en mesure de décider seuls ce qui est bon ou non pour eux.

C'est pour cette raison qu'il est plus qu'essentiel de laisser de la place au dialogue et à la discussion. Cela ne consiste pas à laisser parler les enfants tout le temps sans respecter les "règles" d'une bonne conversation, mais plutôt de les sensibiliser très tôt à l'écoute de l'autre et à la discussion calme. En faisant ça, vous donnerez un gros boost de confiance qui les suivra tout au long de leur vie. 

En fait, c'est assez logique l'éducation : en construisant des fondations solides, la maison de l'enfant ne sera que plus stable et positive. Mais pour ça, il faut essayer de mettre de côté tous les réflexes de contrôle et à la surprotection.