Prévenir le harcèlement dès la maternelle : un enjeu essentiel

Alors que l’on voit partout la trend tiktok « world be kind to him » qui montre des parents laissant leurs enfants à l’école pour la première fois, le harcèlement scolaire en maternelle ne fait qu’augmenter.

Écrit par Camille Cortot le

Il est courant de penser que les enfants de 4 ou 5 ans sont trop jeunes pour adopter des comportements de harcèlement. Pourtant, de plus en plus de parents laissent leurs enfants avec la boule au ventre de peur que leur tout-petits ne subissent des moqueries à répétition. Dès la maternelle, certains enfants développent des attitudes agressives et répétées envers leurs camarades.

Les conséquences peuvent être vraiment lourdes pour le développement d’un enfant harcelé dès la maternelle, notamment pour sa sociabilisation. Face à cette réalité, le rôle des adultes est crucial pour prévenir et arrêter ces mauvais comportements, en passant notamment par l’éducation aux émotions, primordiale pour éviter l’enracinement du harcèlement chez l’enfant bourreau et pour donner des outils aux enfants victimes.  

Le harcèlement scolaire commence dès la maternelle 

Le harcèlement scolaire commence bien plus tôt qu’on ne le pense. Qu’il y ai des incivilités et des mauvais gestes chez les petits, ça n’a rien d’anormal. Mais contrairement à ce que l’on peut penser, certains enfants présententdes comportements agressifs et intimidants, pratiqués de manière systématique, dès la maternelle.

Catherine Verdier, psychologue pour enfants et fondatrice de l’association Amazing Kids, a constaté l’augmentation des faits de harcèlement scolaire en maternelle en France : «On a de plus en plus de retours de directeurs et d'enseignants d'écoles maternelles qui mentionnent des situations de harcèlement».

Beaucoup moins recensés que le harcèlement au collège,une enquête du ministère de l’Education nationale datant de 2023 a tout de même constaté que 5% des élèves de primaire du CE2 au CM2 subissent du harcèlement et 19% ont des situations dites « à surveiller ».

Des conséquences lourdes pour l’enfant 

Être victime de harcèlement peut avoir des conséquences désastreuses dans la vie d’une victime. Samuel Comblez, directeur général adjoint de l’association e-efnance est psychologue et clinicien, explique les conséquences que peut avoir ce mal-être, s’il est subi dès la maternelle. (…) ils ont des problèmes d'attention et de concentration, développent des peurs et des angoisses, notamment liées à la relation aux autres et au groupeL'enfance est un moment important mais fragile où l'on construit son estime de soi. Les microviolences quotidiennes affaiblissent la confiance en soi.»

Bien que ces comportements agressifs à répétition se retrouvent à la maternelle, la psychologue spécialiste des enfants Catherine Verdier parle de « situations de harcèlement » avant 6 ans. La question de l’intentionnalité rentre en compte pour identifier des enfants harceleurs : « Chez les tout-petits, est-ce qu'il y a intentionnalité? Je ne crois pas, en tout cas, c'est difficile à montrer.»

Une prévention encore insuffisante 

Pour prévenir ces situations, il est essentiel que les enseignants de maternelle puissent identifier les comportements de harcèlement pour  intervenir rapidement. Cependant, contrairement à ceux du primaire qui sont formés grâce au programme pHARe mis en place en 2021 pour lutter contre le harcèlement, les enseignants de maternelle ne reçoivent pas cette formation spécifique. Elle permet pourtant d’être sensibilisés à la cause en apprenant à prévenir et stopper ces « situations de harcèlement » chez les tout-petits.

Les adultes ont un rôle essentiel à jouer pour prévenir le harcèlement scolaire 

Le rôle des parents est crucial pour prévenir les comportements de harcèlement chez leurs enfants ou pour détecter les signes indiquant qu'ils en sont victimes. Certains adultes prennent parfois à la légère ces situations « de gamins » qu’il faut pourtant bien prendre au sérieux . L’éducation à un rôle primordial pour apprendre les compétences sociales à son enfant, lui apprendre comment avoir des échanges respectueux avec autrui et soi-même, pour ne pas que les comportements problématiques deviennent systématiques.

Que ce soit pour les enseignants ou pour les parents, la base de toute action de prévention doit passer par les 3 « E », méthode de Catherine Verdier : émotion, empathie et estime de soi. « A partir du moment où un enfant a une bonne connaissance de ses propres émotions, sait les repérer en lui, les nommer et les contrôler, il sera bien armé. (…) il  saura comment apaiser la colère, la tristesse ou la jalousie qu'il ressent, autrement que par l'agressivité. »

Des petits jeux peuvent être mis en place pour qu’un enfant sache reconnaître les émotions difficiles à gérer comme la tristesse ou la colère pour pouvoir ensuite en parler avec  un adulte qui lui donnera des solutions pour se sentir mieux plutôt que de s’en prendre à autre enfant.

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