Inclusion des personnes LGBTQIA+ : nous reste-t-il du chemin à parcourir ?
11 octobre, Journée mondiale du coming-out, c'est le moment ou jamais de faire le point. Où en sommes-nous, en France, sur les questions de l'inclusion des personnes issues de la communauté LGBTQIA+ dans le monde du travail ? Spoiler : il reste un peu de chemin à parcourir.
Écrit par Juliette Gour le
Si pour certains, octobre rime avec "spooky time", pour d'autres, c'est un mois de célébration. Les fiertés se fêtent en juin, mais le onzième mois de l'année, on célèbre le coming-out, passage presque obligatoire pour toute personne issue de la communauté LGBTQIA+. Sortir du placard pour assumer son identité donc et signifier au monde entier que l'on ne répond pas aux schémas considérés comme "classiques" par les plus conservateurs.
Bien qu'aujourd'hui la question du coming-out soit un non-sujet (ou devrait l'être), il est pourtant encore nécessaire, chaque année, de faire une piqûre de rappel (il ne faut pas oublier que jusqu'en 1981, l'homosexualité était considérée comme une maladie mentale en France).
Et parce qu'il est indispensable de faire le point, l'association L'Autre Cercle vient de publier son baromètre biennal sur l'inclusion des personnes LGBTQIA+ au travail en France. Cette vaste étude, menée de concert avec l'IFOP (avec le soutien d'Orange et d'EY), a pour objectif de faire le point et de se rendre compte de la réalité que vivent les personnes LGBTQIA+ dans les entreprises françaises.
Sans surprise, les choses semblent évoluer très (très) lentement.
Encore des difficultés à faire son coming-out au travail
Il semblerait qu'appartenir à la communauté LGBTQIA+ soit toujours un problème dans le milieu professionnel, sinon pourquoi 70 % des personnes LGBTQIA+ omettraient volontairement de faire référence au sexe de leur conjoint au travail ? Pire, 40 % vont même jusqu'à se priver de participer à des événements en groupe pour ne pas avoir à déballer le fait qu'ils ne sont pas hétérosexuels (et dans une société très hétéronormée, ce n'est jamais facile).
C'est donc toute une partie de la population qui fait le choix de s'invisibiliser et les motivations sont nombreuses (et toutes compréhensibles). Pour 83 % des sondés, c'est avant tout pour préserver leur évolution professionnelle qu'ils font le choix de s'invisibiliser et pour 67 %, ce n'est qu'une question (essentielle) de bien-être au travail. Quand on sait que 55 % des personnes LGBT+ ont déjà entendu des expressions LBGTphobes sur leur lieu de travail, il n'y a rien d'étonnant à cela.
En 2022, les agressions LGBTQIA+ repartent à la hausse
La donnée qui inquiète dans le rapport, c'est l'augmentation significative des agressions envers les personnes LGBT+ au travail. 30 % des sondés avouent même avoir déjà été victimes d'agression (c'est 4 points de plus par rapport à 2021). Plus globalement, on se rend compte qu'il y a un mouvement global d'augmentation des agressions vis-à-vis des minorités (sociétales et/ou religieuses) ou des personnes considérées comme "plus vulnérables" (donc les femmes).
"Non seulement la situation ne s’améliore pas mais, notre enquête le montre, les discriminations et les agressions progressent. Il faut une tolérance zéro et mettre en place des dispositifs d’alerte, de traitements et de sanctions réellement efficaces afin de s’attaquer à ce climat et ces violences LGBTphobes, encore trop souvent acceptés et banalisés", a déclaré Catherine Tripon, porte-parole et coresponsable du pôle employeurs de la Fédération nationale de L’Autre Cercle.
En 2022, la question de l'intégration des personnes qui ne rentrent pas dans le moule de la société est encore un sujet et c'est ce qui semble être le plus préoccupant. Et même s'il existe des chartes qui veillent au bien-être des personnes dans le milieu professionnel - par exemple la Charte d'engagement LGBT+ de L'Autre Cercle - mais ce n'est, pour le moment, pas une généralité pour les entreprises d'adhérer et de signer ce type de charte. D'où la nécessité de continuer à parler, informer et éduquer sur la question, pour espérer qu'un jour, le sujet des personnes LGBT+ n'en soit même plus un.
Les Éclaireuses